Les Français ont peur de la chasse

Les Français ont peur de la chasse

Les Français ont peur de la chasse
19.09.2016
Les Français ont peur de la chasse
Habitat naturel

La majorité des Français ne se sent pas en sécurité dans la nature en période de chasse, comme le prouve ce récent sondage de l’IFOP pour l’ASPAS et One Voice (1), du 12 au 14 septembre 2016.
Il confirme que 8 Français sur 10 souhaitent que le dimanche devienne un jour non chassé, et révèle que 9 sur 10 sont favorables à une réforme de l’organisation et de la réglementation sur la chasse.

Un dimanche sans chasse ? La question ne divise pas ! 78 % des sondés y sont favorables (contre 54% en 2009 (2)). Une demande qui n’est pas portée par des « bobos écolos urbains » tant vilipendés par le monde de la chasse, mais bien par 76% de la population vivant en milieu rural.

Les accidents de chasse restent un sujet tabou en France. Pourtant, aucune autre activité de loisir que la chasse ne pose un tel problème de sécurité publique. Ce week-end en Loire-Atlantique, une femme a pris une balle de sanglier dans la cuisse, pendant qu’elle jardinait. Un accident qui est survenu alors que l’ouverture de la saison de chasse au gibier ne débutait que le lendemain dans ce département ! Sur les 71% de Français fréquentant régulièrement la nature (plusieurs fois par mois), 61% ne se sentent pas en sécurité lors de leurs sorties, en période de chasse. L’an dernier, près de 2 victimes sur 10 n’étaient pas chasseurs. La mort de Samuel (20 ans) en Isère, puis celle de Gaël (43 ans) en Haute-Savoie avaient souligné une nouvelle fois la difficile cohabitation de l’activité chasse avec toutes les autres activités de plein air.

Depuis 1982, il n’existe plus de périmètre de sécurité autour des habitations (3). En 2003, l’obligation d’un jour national sans chasse par semaine était supprimée par Roselyne Bachelot. Il n’existe pas de validation régulière des connaissances ni des aptitudes physiques des chasseurs, et les contrôles d’alcoolémie ne sont pas possibles pendant un acte de chasse : un laxisme que la majorité des Français trouvent injustifié.

Il n’est pas surprenant qu’aujourd’hui, 91% de nos concitoyens soient favorables à une réforme de l’organisation et de la réglementation sur la chasse pour l’adapter à la société actuelle !

Depuis plus de 20 ans, l’ASPAS demande aux divers gouvernements une mesure simple et démocratique du partage de l’espace entre un petit million de chasseurs et la majorité des citoyens : la trêve de la chasse le dimanche. Vous avez dit lobby ?

One Voice se bat contre la pratique de la
chasse en France et dans le monde, et milite pour un dimanche sans chasse depuis sa création en 1995 sous le parrainage de Théodore Monod.

(1)
Télécharger les résultats de l’étude

(2) Sondage IFOP/ASPAS réalisé en juillet 2009.

(3) Extrait de
Comment se promener dans les bois sans se faire tire dessus « Depuis la circulaire Deferre du 15 octobre 1982, les préfets sont invités à ne plus interdire la chasse dans un périmètre autour des habitations, mais à réglementer le tir en direction de ces habitations. Ainsi, les tirs « à portée de fusil » ou à moins d’une certaine distance (de 150 mètres bien sou- vent) sont généralement interdits en direction des « habitations, routes et chemins publics, voies ferrées et emprises des chemins de fer, des lignes électriques, des aéroports, des lieux de réunions publiques et des stades ». Dans ce cadre, rien n’empêche les chasseurs d’être adossés à une maison et de tirer vers l’extérieur ! »

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One Voice infiltre la filière et révèle la torture des lapins angoras dans les élevages français

One Voice infiltre la filière et révèle la torture des lapins angoras dans les élevages français

One Voice infiltre la filière et révèle la torture des lapins angoras dans les élevages français
15.09.2016
One Voice infiltre la filière et révèle la torture des lapins angoras dans les élevages français
Exploitation pour la Mode

Le 15 septembre, One Voice, association de défense des animaux active depuis 1995, rendra publics une vidéo et un rapport d’enquête résumant des mois d’infiltration dans plusieurs élevages français de lapins angoras. Les images comme les commentaires des éleveurs recueillis à cette occasion sont sans appel : non seulement les lapins sont élevés en batterie dans des conditions d’alimentation, de confort et d’hygiène plus que douteuses, mais ils sont surexploités dans une cruauté sourde à leurs cris durant toute une vie.

Empilés dans des cages sommaires, les lapins angoras filmés par les enquêteurs One Voice dans les élevages français n’ont finalement pas de sort plus enviable que ceux de Chine.
On se rappellera qu’un film diffusé par l’association PETA sur les élevages chinois de lapins (90 % de la production mondiale) avait glacé les opinions en 2013.

Il semble hélas que les bonnes pratiques en matière de bien-être animal, pourtant recommandées par le ministère de l’Agriculture comme lignes conductrices d’un plan quinquennal à échéance 2021, n’aient pas d’actualité concrète plus engageante.
Et pourtant, ici et là on vante la qualité de l’angora français, finalement juste liée au poil d’une race d’élevage, mais pas aux méthodes de ceux qui l’exploitent à profit.

Une enquête à rebrousse poil…

C’est un travail d’investigation d’importance. Les enquêteurs de l’association lanceuse d’alertes ont infiltré ce milieu pendant des mois (En France il existerait une quarantaine d’élevages exploitant des milliers de lapins, chiffres obtenus lors de notre enquête et pour lesquels nous n’avons pu obtenir aucun document officiel tant la filière semble peu encadrée). Leur objectif était d’étudier l’ensemble de la filière, de documenter l’épilation des lapins car elle n’a pas lieu tous les jours. La rotation dans les activités joue : phases de reproductions, sexage des lapereaux, productions alimentaires avec la chair des mâles (moins fournis en poils, ils sont surtout destinés au pâté ou au bûcher), et beaucoup d’attente entre les épilations, trois fois l’an, qui signifient un stress permanent pour les lapins, dénudés après les « récoltes » et exposés aux chocs thermiques, sans plus de protection dans leurs clapiers.

Les « One Voice » ont donc travaillé un semestre durant, de février à juillet 2016, dans six élevages différents : leurs constats prennent valeur d’état des lieux d’une filière en déclin, mais toujours nocive, si l’on en juge par ce simple commentaire d’acteur enregistré, parmi d’autres : « Les femelles sont un peu plus fragiles que les mâles au niveau de la peau. Il arrive que ça déchire. Il y en a des fois, tiens, pouf, il y a un bout de peau qui vient avec. Quand ça commence, j’ai vu des fois je lui aurais arraché tout, j’étais obligé de finir aux ciseaux parce que toute la peau venait, alors là tu passes du temps. J’ai vu des fois passer deux heures sur un lapin qui se déchirait de partout. Des fois tu te dis, il faut mieux lui foutre un coup sur la tête, celui-là. »

Une action citoyenne d’envergure

Écœurée à l’écoute des cris poussés par les lapins épilés brutalement, et non simplement peignés comme on voudrait le faire croire, Muriel Arnal, présidente-fondatrice de One Voice, prend ici les mêmes positions que sur la fourrure animale en général : « L’angora doit être banni de France, et nous avons un grand espoir de faire changer les choses pour ces animaux. Notre enquête fonde juridiquement notre demande : nous avons hier obtenu l’interdiction de la vente de fourrure de chiens et chat importés de Chine. Il n’y a aucune raison que des produits de l’angora, obtenu dans de telles conditions, puissent librement circuler chez nous. »

La médiation de l’État est indispensable pour agir auprès des acteurs de la filière, qui visiblement bénéficient d’une grande souplesse en matière de réglementation et de contrôles auprès des Directions Départementales de la Protection des Populations (DDPP). « Pour cesser de telles pratiques, survivance du Moyen Âge assise sur une cruauté indigne, nous sommes prêts à travailler avec les éleveurs pour les accompagner dans leur reconversion » précise Muriel Arnal.

One Voice (représentant France de la coalition internationale Free Fur Alliance) a choisi de déposer une plainte contre le principal élevage local, situé en Loire-Atlantique (44), sur le fondement de plusieurs manquements aux réglementations en vigueur (conditions d’élevage et d’abattage, actes de cruautés). Pratique jugée inacceptable, la vente de lapines ayant développé des tumeurs mammaires à un laboratoire d’expérimentation, où elles vivront un second calvaire, a pesé dans le choix d’une action judiciaire ciblant le haut de la filière.

L’angora, hors des élevages et des placards

Sur le site stop-angora.fr, une pétition est également lancée à l’adresse du ministre de l’Agriculture afin que des mesures d’urgences, conservatoires ou de contrôles, soient prises dans les élevages, et qu’à terme tant leur activité que le commerce de produits en angora soient interdits en France. Par ailleurs, l’association invite le public à cesser d’acheter des fabrications en laine angora et à en vider leurs placards. « Au vu des images tournées, je ne comprendrais pas que l’on puisse continuer à porter en souriant des pulls en angora. Nous pourrons en assurer la collecte et les apporter à des refuges pour chats, où ils seront bien plus utiles » conclut Muriel Arnal, qui espère un afflux de cartons contenant des vêtements siglés « angora », issus de la souffrance animale, aux bureaux de son association…


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Un petit esclave est né à Port-Saint-Père

Un petit esclave est né à Port-Saint-Père

Un petit esclave est né à Port-Saint-Père
09.09.2016
Port-Saint-Père
Un petit esclave est né à Port-Saint-Père
Exploitation pour le spectacle

Un delphineau vient de naître à Planète Sauvage. Mais quel sera le destin de ce petit esclave? One Voice réclame la fin de la reproduction des dauphins captifs, ainsi que la fermeture de tous les delphinariums en France.

Collé au flanc de sa mère, un delphineau tourne dans l’eau tiède sous un soleil de feu.

Il a dû naître il y a quelques jours à peine, et respire encore maladroitement au-dessus de la surface en dodelinant un peu de la tête. Sa mère, Amtan, est une jeune dauphine de seize ans, née au Dolfinarium de Harderwijk. Présente à Planète Sauvage depuis 2008, elle met ici au monde son premier enfant.

Personne ne peut guider sa découverte des gestes maternels. La confier aux soins de Lucille serait trop dangereux. L’an dernier, cette malheureuse lourdement dépressive avait tué dans une bagarre le bébé de Parel, elle aussi primipare. Un acte insensé en milieu naturel mais fréquent en bassin. Pourtant, Lucille est la seule à savoir comment on élève un enfant, la seule à l’avoir appris auprès de sa propre mère.

Où est la mère d’Amtan ?

Qui est-elle ? C’est Molly, née dans le golfe du Mexique en 1980. Sa fille aurait tellement eu besoin d’elle aujourd’hui ! Mais Molly est restée en Hollande. Car c’est ainsi qu’agissent les delphinariums : ils séparent les enfants des mères bien avant qu’ils ne soient adultes. Alors la jeune maman s’inquiète. Elle ne sait pas trop comment faire pour prendre soin de son petit. Une dresseuse lui offre un poisson, elle ne s’approche même pas du bord. Le poisson est jeté à l’eau, la dauphine n’y touche pas. Est-elle malade ? Stressée ? On peut la comprendre. Jamais aucun bébé n’a encore grandi dans les bassins de Planète Sauvage. Il y eut surtout beaucoup de morts en peu d’années.

Il y eut d’abord Sammy, un jeune dauphin bleu et blanc.

Il s’est éteint en 1999 dans les bassins fraîchement construits de Planète Sauvage. Puis ce fut le tour de Théa, une jeune femelle arrivée de Hollande avec ses amies Parel et Amtan en 2008. Elle est morte trois ans plus tard à l’âge de dix-neuf ans sans avoir jamais eu de petit. Arrivé du Parc Astérix, Minimos a disparu à huit ans. On ignore toujours la cause de son décès. Et puis il y eut Little, la fille de Parel, qui survécut moins d’une semaine.

Ce petit être fragile qui nage contre sa mère Amtan vivra-t-il plus longtemps ? Faut-il même le lui souhaiter quand on sait la vie qui l’attend ?… Dès cinq ou six ans, ce delphineau vivra ce que vivent aujourd’hui Galéo et Aïcko : il devra se battre, sans cesse, dans une sorte de feuilleton interminable où ce sont toujours les caïds qui gagnent. Et si c’est une femelle, elle sera engrossée jusqu’à l’épuisement. Ce jeune dauphin, au corps taillé pour la vitesse, ne nagera jamais en ligne droite plus de quelques mètres sans rencontrer un mur. Il ne plongera jamais profondément à la poursuite de poissons fugaces. Ce mammifère marin ne saura jamais ce qu’est la mer.

Signez et diffusez notre pétition !

Légende photo : la vie de famille est essentielle aux dauphins 

De la violence à n’en plus finir

De la violence à n’en plus finir

De la violence à n’en plus finir
24.08.2016
Bretagne
Autre campagne de l’association (ou multiples)

C’est grâce à ses lanceurs d’alerte que la Cellule Zoé a eu connaissance de ce cas. Dans cet élevage breton, plus de 200 cochons sont détenus dans de terribles conditions. Pire, ils servent d’exutoire à un éleveur violent.

Dans les stabulations intérieures, on trouve des cochons enfermés dans le noir. Ils n’ont pas d’eau, pas de nourriture, pas de litière. Ils sont trop nombreux, entassés dans la boue. Certains suffoquent.

Dans les stabulations extérieures, où elles ne devraient rester que le temps de se nourrir, les truies gestantes sont enfermées durant des heures. Sur le béton, sans eau et quel que soit le temps, soleil brûlant ou pluie battante, elles doivent attendre qu’il se souvienne qu’elles existent.

Avouons que parfois, pourtant, il vaut mieux l’éviter. Car cet éleveur frappe — les porcelets, les truies… Il frappe, avec un gourdin, jusqu’à ce que le sang coule. Il frappe malgré les hurlements. Il frappe même souvent jusqu’à tuer. Mais les cadavres encombrants, les cadavres suspects, l’équarrisseur ne les voit pas. Ceux-là, l’éleveur les abandonne dans la nature…

Sa femme a pu se sauver avec le chien — car ici le lien, encore, s’exprime dans toute son horreur. Mais elle a réussi, finalement, à survivre à sa violence, à s’échapper. Cependant, pour ses autres innocentes victimes, c’est à One Voice d’agir. Déjà, une plainte a été déposée. La procédure est en cours. Nous devons mettre un terme à leur martyre et empêcher cet éleveur de nuire à nouveau ! Nous nous battons pour ça. Nous nous battons pour eux.

Un nouveau cas de lien entre toutes les violences, One Voice porte plainte contre un éleveur breton

Un nouveau cas de lien entre toutes les violences, One Voice porte plainte contre un éleveur breton

Un nouveau cas de lien entre toutes les violences, One Voice porte plainte contre un éleveur breton
23.08.2016
Bretagne
Un nouveau cas de lien entre toutes les violences, One Voice porte plainte contre un éleveur breton
Animaux familiers

Morbihan (56) – L’épouse de l’éleveur s’est enfuie. Elle n’a pas hésité à prendre position contre son mari brutal, car si elle est désormais à l’abri de ses violences, elle sait ce qui se passe à la ferme. Elle dénonce les coups de barre de fer ou de gourdin tombent sans ménagement sur les porcelets, les truies, le chien. Dans sa déposition, elle évoque que l’éleveur va jusqu’à planter ses doigts dans les yeux des animaux, les bat jusqu’au sang. Les cadavres des plus malmenés n’iront pas jusqu’à l’équarisseur, qui pourrait donner l’alerte. Ils seront abandonnés discrètement dans la nature. One Voice a porté plainte afin que les 200 cochons de l’élevage soient mis en sécurité.

S’il était encore besoin d’exemplifier le lien existant entre la maltraitance des animaux et les violences commises à l’encontre des humains, voici un nouveau cas individuel qui convaincra. La cellule Zoé, chargée des enquêtes au sein de l’association One Voice, a été alertée avant l’été d’une situation intenable. Les investigations sont sans appel. L’épouse a porté plainte pour violences conjugales, mais elle s’est inquiétée du sort des cochons de l’élevage, livrés au libre arbitre du maître des lieux.

Chacun est roi chez soi, jusqu’à ce que la maltraitance, sanctionnable par la loi, nécessite des interventions extérieures. Le récit de l’épouse en fuite et de premières constatations d’enquête sur les conditions de détention des animaux ont amené One Voice à déposer plainte et à mobiliser autour de tels comportements, indignes.

Plantés dans un périmètre sans grand entretien, les bâtiments sont en parpaings bruts, à toit de tôle. Ces boxes primaires n’ont ni lumière, ni litière, et la zone de caillebotis bien plus réduite que la boue où croupissent les porcelets amassés en nombre. Certains suffoquent, tous sont sales, soit nerveux, soit résignés. Des truies gestantes restent enfermées dans des stabulations métalliques, exposées sans eau en plein soleil, les lèvres moussues de déshydratation. Le vent ou la pluie battante sera également leur lot, des heures durant jusqu’à ce que l’éleveur se rappelle d’elles. Un sort totalement inapproprié pour des animaux sensibles aux conditions climatiques, comme à la propreté des bâtiments qu’ils occupent.

L’éleveur n’en a cure. Sa cruauté s’exerce librement. Il est à craindre que le départ de sa femme accentue le ressentiment à l’égard des animaux placés sous sa responsabilité. De telles conditions sont inacceptables, quel que soit le contexte économique.

One Voice, association engagée depuis 1995 dans la défense de la cause animale, a décidé de porter plainte afin que soient prises de premières mesures conservatoires avant placement définitif des cochons de l’élevage. Cette plainte, faisant soi-disant doublon avec celle de l’épouse battue, a été dans un premier temps classée sans suites. Une seconde plainte a donc été déposée insistant sur les éléments nouveaux, afin que les autorités interviennent d’urgence. Une pétition circule également sur le site Internet et les réseaux sociaux de l’association.

Muriel Arnal, présidente-fondatrice de One Voice, justifie ainsi la volonté d’action de son association : «
La souffrance infligée quotidiennement à des animaux sans défense nous est intolérable. Quand elle est l’œuvre d’individus violents, également coupables de maltraitance envers d’autres humains, ce qui est généralement le cas de tels propriétaires, nous ne restons pas sans agir. J’espère que celui-ci sera mis hors d’état de nuire et que nous trouverons rapidement une solution de placement définitive pour ses cochons dont on oublie qu’ils sont des êtres sentients. »

Contact presse, Muriel Arnal

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Le monde selon les orangs-outans

Le monde selon les orangs-outans

Le monde selon les orangs-outans
19.08.2016
Bornéo Le monde selon les orangs-outans
Animaux sauvages

L’histoire de Jambu est une histoire vraie. C’est celle d’un peuple sauvage qui s’éteint sous nos yeux, riche d’une culture et d’une sagesse que nous perdrons à jamais si nous n’agissons pas. C’est l’histoire des derniers orangs-outans de Bornéo, chassés de leurs forêts par les exploitants de palmiers à huile et qui s’entassent dans des réserves.

Le nid

Au travers du rideau d’orchidées en guirlande, l’orang-outan scrute anxieusement l’horizon de la forêt de Gunung Tarak. Il se tient à vingt mètres du sol, achevant de construire son nid sur la fourche d’une branche maîtresse. Sa mère lui a longuement montré comment tisser les lianes et tapisser sa couche de brindilles et de mousse pour la rendre douillette. Il y même adjoint un toit de branchages, en prévision de la pluie qui vient. Des humains l’ont nommé Jambu. C’est un mâle encore jeune, dont le visage lisse aux yeux rêveurs révèle toute la douceur propre aux gens de son peuple.

L’incendie

Jambu a eu beaucoup de chance. Six mois plus tôt, un incendie criminel a détruit tout son univers. Sa mère a péri dans les flammes, avec sa jeune soeur et bien d’autres encore. Alors, pendant des jours, Jambu a erré. Il a marché dans les cendres brûlantes, butant sur les corps carbonisés des siens, cherchant en vain de grands arbres où grimper, mais rien, plus rien.

Au loin, des camions se pressaient déjà autour des ruines fumantes de la forêt, tandis que des planteurs amenaient les premiers palmiers à huile, ces arbres aux troncs sans ramures et aux fruits immangeables.

Alors, Jambu a fui aussi loin qu’il a pu. Il a marché à s’en blesser les pieds, si semblables à des mains et si peu faites pour fouler le sol, jusqu’à ce qu’il découvre un soir un grand verger de ramboutans. Toute la nuit, il a mangé mais quand il est revenu la nuit suivante, les paysans l’ont reçu à coups de fusil. Treize impacts de plombs ont pénétré sa peau. Qu’avait-il fait de mal ? Il avait tellement faim et ces fruits rouges velus étaient si bons ! Il y en avait d’ailleurs bien assez pour tout le monde. Mais non. Ils l’ont chassé. Alors, Jambu s’est réfugié au sommet d’un kempas.

Les humains

Des humains sont venus et ils lui ont tiré dessus, comme les fermiers. Mais quand il s’est réveillé, on l’a soigné et nourri dans un lieu clos très étrange. Il y avait des humains partout, des grands et des petits. Ils faisaient beaucoup de sons et de gestes, ils manipulaient plein d’objets bizarres mais c’était bien des singes comme lui, d’une espèce différente ! Ces humains-là étaient gentils et pas seulement avec Jambu. Depuis l’enclos où il reprenait des forces, il pouvait voir plein de petits orphelins. On les soignait et on les nourrissait, eux aussi, et même, on les maternait quand ils étaient bébés.

Gunung Tarak

Le temps a passé et puis un jour, on l’a emmené dans une petite caisse pour le libérer dans une autre forêt. Il s’est jeté sur le premier tronc, il a grimpé jusqu’au sommet et a découvert un nouveau territoire.

Les arbres y sont hauts et serrés, les fruits abondants, les écorces savoureuses et le paysage magnifique qu’il contemple depuis son nid. Des lianes s’enroulent autour des troncs moussus qui s’élèvent jusqu’au ciel, des branches énormes relient chaque géant l’un à l’autre, comme des routes sous la canopée que les orangs-outans empruntent avec lenteur. Ce sont là trois femelles avec leurs petits, qui font équipe ensemble.

Il les regarde passer tranquilles, se déplaçant de branche en branche avec des mouvements réfléchis, en se servant de leurs mains et de leurs pieds pour assurer leur prise. Autour d’eux, des singes nasiques plus légers bondissent d’arbre en arbre. Un calao rhinocéros au bec orange les salue en cornant.

Il y a du monde, ici, pense Jambu. Trop peut-être. Il a aussi aperçu des jeunes mâles ce matin, il devra les affronter bientôt, l’un après l’autre, en combat loyal. En attendant, c’est un ancien patriarche qui leur sert de guide à tous. Il est très vieux et il est né ici.

Le matin, son rugissement puissant amplifié par son goitre leur donne toutes sortes d’informations. Il annonce où sont les fruits du jour bien mûris, les gros durians, les figues et même le miel quand il y a en a. Jambu écoute et il apprend le cycle des floraisons. Il construit la carte complète de la forêt dans sa tête, il observe bien tout autour de lui, il retrouve les plantes qui guérissent et les écorces tendres que sa mère lui avait montrées. Il est heureux.

La fumée

Mais des images de flammes font tourner dans sa tête des questions qu’un orang-outan ne devrait pas poser. Il voit que les choses s’aggravent, que le vrai monde rétrécit chaque jour un peu plus, que son peuple est décimé, qu’il y a des réfugiés partout. Certains d’entre eux imitent même les humains, ils font la lessive, scient des planches, se servent d’un marteau ou conduisent un canot. Ils ont vécu longtemps chez les hommes !

Ce soir encore, avant que le soleil ne se couche sur la jungle brumeuse, Jambu scrute l’horizon. L’averse se met à tomber sur son cocon de lianes fleuries. Petit à petit, sa peur s’apaise. Aucune fumée ne s’est élevée à l’horizon aujourd’hui, aucun incendie, aucune menace. Il se retourne et se roule en boule. Et il s’endort en paix jusqu’à demain…

One Voice demande la reconnaissance du statut de personne animale pour les orangs-outans, il y a urgence!

«Des animaux, pas des marchandises», une mobilisation mondiale

«Des animaux, pas des marchandises», une mobilisation mondiale

«Des animaux, pas des marchandises», une mobilisation mondiale
16.08.2016
«Des animaux, pas des marchandises», une mobilisation mondiale
Animaux familiers

Il y a vingt ans, le 29 août 1996, 67.488 moutons périssaient en mer lors de l’incendie du cargo qui les transportait. À l’occasion de ce terrible anniversaire, One Voice est partenaire de la journée mondiale d’actions organisée par CIWF : «Des animaux, pas des marchandises».

La petite brebis écarquille ses grands yeux noirs dans la pénombre

Elle a peur, les mouvements lents du navire lui donnent le mal de mer. Voilà longtemps que son troupeau a quitté les pâturages verdoyants de l’Australie. Au terme de deux jours d’un voyage épuisant en camion, les hommes l’ont fait monter à bord du gigantesque cargo à coups de matraque électrique.

À présent, sa toison se couvre d’excréments et d’urine, qui dégoulinent depuis le plafond.

Là-haut, des milliers d’autres moutons s’entassent en plein air sous les bourrasques d’écume. La brebis se tient dans l’une des cales du dessous, où l’air chargé d’ammoniac la fait suffoquer et dont le plafond est si bas qu’elle doit garder la tête baissée. Impossible de se coucher : il y a trop de monde autour d’elle. Le roulis les emporte les uns contre les autres sur le sol humide, où glissent les cadavres piétinés des plus faibles et les granulés de fourrage imbibés d’eau de mer que personne ne veut manger. Elle a soif, car ce n’est que rarement qu’on les abreuve, malgré la chaleur de plus en plus accablante.

Un matin, alors que le bateau surchargé s’approche lentement des îles Seychelles sous un soleil de plomb, une explosion retentit dans la salle des machines. Des cris humains, des millions de bêlements terrifiés s’élèvent de toutes parts. L’odeur âcre du gasoil et de la chair brûlée parvient aux narines de la brebis avec la fumée noire et les flammes. C’est la panique. Sous la pression, une porte s’abat. Les moutons se précipitent sur le pont brûlant. Une foule énorme s’y presse déjà et tourne en tous sens. Certains finissent par se jeter par-dessus bord. Le feu dévore les huit ponts du navire, des réservoirs explosent en projetant des débris embrasés. La toison de la brebis brûle. Elle se précipite à son tour dans l’océan, où attendent les requins.

Au loin, le Mineral Century emporte à son bord cinquante-cinq membres d’équipage sains et saufs. Personne en revanche ne s’est donné la peine de sauver un seul de ces moutons qui nagent autour de l’épave incendiée.

Ceci se passait il y a vingt ans

Le 29 août 1996, le MV UNICEB, un cargo de 20.884 tonnes, prit feu au sixième jour de son voyage de l’Australie vers la Jordanie. Abandonnés au beau milieu de l’océan indien, les 67.488 moutons connurent une mort atroce, par le feu ou par la noyade.

Vingt ans plus tard, rien n’a changé. C’est toujours par millions que les cochons, les vaches, les veaux, les moutons sont expédiés de leur lieu de naissance vers des destinations lointaines. Lorsqu’un naufrage ou un incendie ne les massacre pas tous, ce sont les épidémies, la faim, le froid, l’épuisement qui prélèvent leur lot de cadavres dans la foule des animaux embarqués. Enfin, une fois arrivés à destination, ces moutons massivement destinés aux pays du Moyen-Orient sont égorgés sans étourdissement, parfois même sur le quai de débarquement.

Pour le 20e anniversaire de ce désastre, CIWF organise ce lundi 29 août 2016, la première journée mondiale d’action contre les transports longue distanceOne Voice et 38 autres associations du monde entier sont partenaires de l’événement. Il est urgent que le transport des animaux soit repensé. Les animaux ne sont pas de marchandises, mais des êtres vivants sensibles et sentients ! Nous devons reconsidérer notre façon de les traiter.

Pour soutenir notre combat vous pouvez participer à une des actions organisées et écrire à M. Phil Hogan, Commissaire européen en charge de l’agriculture et du développement rural pour lui demander la fin des exportations d’animaux hors de l’Union européenne :

Commission Européenne
M. Phil Hogan
Rue de la Loi / Wetstraat 200
1049 Bruxelles
Belgique

Galéo: un dauphin très heureux selon la loi française

Galéo: un dauphin très heureux selon la loi française

Galéo : un dauphin très heureux selon la loi française
16.08.2016
Port Saint Père
Galéo: un dauphin très heureux selon la loi française
Exploitation pour le spectacle

Galéo est né en captivité. À en croire un prochain arrêté ministériel régissant la gestion des delphinariums en France, il serait donc un dauphin heureux. One Voice réclame sa mise à l’écart immédiate ainsi que l’annulation du projet d’arrêté.

Comment va Galéo ?

Suite à la plainte déposée par One Voice, l’état de Galéo s’est amélioré. Mais exilé avec Aïcko dans les bassins de Planète Sauvage, il reste soumis aux agressions des autres dauphins. Aucune enquête n’a été menée par les services vétérinaires compétents, comme demandé. Il est vrai qu’à lire le projet d’arrêté ministériel fixant «les caractéristiques générales et les règles de fonctionnement des établissements détendant ou présentant au public des spécimens vivants de cétacés», tous les dauphins nés captifs seraient parfaitement adaptés à leur vie réduite. Galéo serait donc un dauphin heureux, capable de supporter toutes les contraintes de captivité avec son éternel sourire. D’ici peu, si l’arrêté passe, ce seront des centaines de Galéo qu’on produira en France, tant pour le marché intérieur que pour l’exportation à Dubaï ou en Chine. Et ceci à seule fin de concrétiser les fantasmes économiques d’une ministre tueuse de loups qui voudrait tant voir l’industrie du dauphin esclave reprendre son essor en France comme à la grande époque.

En quoi ce projet d’arrêté est-il dangereux ?

Ses premières lignes semblent pourtant bien sympathiques : «toute détention de cétacés est interdite en France». Interdite ? Mais non, bien sûr, ne rêvons pas ! Tous ceux qui se trouvaient déjà en captivité six mois après l’entrée en vigueur de l’arrêté et tous les dauphins nés captifs pourront être «conservés». La loi estime donc que ces «spécimens» sont parfaitement adaptés aux conditions d’accueil que la loi a prévues pour eux. Ces standards reprennent globalement les critères de qualité de base minimale fixés par l’EAZA (European Association of Zoos and Aquaria). Elles correspondent aussi étrangement aux installations que le zoo de Beauval prévoyait de construire pour son futur delphinarium. On le sait, ce zoo a dû faire machine arrière sous la pression de ses propres clients mais rêve sans doute encore à son projet, et il n’est pas le seul…

Le projet d’arrêté semble avoir été rédigé au siècle dernier.

Des cadences de travail insensées sont autorisées pour les dauphins avec cinq shows prévus et douze heures d’isolement nocturne ! Si l’importance du groupe social est enfin reconnue, on considère que trois orques constituent une collectivité tout à fait convenable, ce qui nous éloigne des «pods» normaux comptant souvent plus de cent personnes cétacés, mais permettra sans nul doute au Marineland d’Antibes de tenir quelques années encore. Comme dans les années 1960, les déplacements de «spécimens» sont encouragés pour recomposer d’autres familles artificielles dans d’autres bassins du monde, éviter la consanguinité et augmenter le cheptel global des bêtes de cirque disponibles. Ce projet ouvre donc un boulevard à une exploitation obsolète et éhontée des cétacés captifs, à contre-courant du mouvement d’opinion qui traverse les USA et l’Europe depuis la diffusion du documentaire Blackfish.

Faut-il rappeler à Mme la Ministre que le géant commercial SeaWorld plonge chaque jour un peu plus dans un gouffre financier ?

Que l’aquarium de Baltimore envisage de créer un vaste sanctuaire marin aux Caraïbes pour ses derniers dauphins captifs ? Que le zoo de Barcelone réfléchit à la même option ? Que le dernier delphinarium de Finlande a dû fermer ses portes faute de public ? Que plusieurs projets de sanctuaires marins pour les cétacés captifs sont en préparation dans le monde, sous la supervision de spécialistes scientifiques ?… Et c’est maintenant que la ministre voudrait relancer cette industrie avec un arrêté inutile, obsolète et dévastateur ?!

Soyons sérieux ! Nous demandons que la ministre renonce à ce projet d’arrêté et qu’elle ouvre au contraire un vaste chantier de réflexion sur l’avenir économique des parcs d’attractions sans animaux captifs. Quant aux jeunes dauphins Galéo et Aïcko, nous exigeons qu’ils soient mis à l’abri du reste du groupe jusqu’à ce qu’une solution satisfaisante soit trouvée pour eux.

COMMENT AGIR

Écrivez à la ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, pour lui demander d’interdire définitivement la détention de cétacés en France :

Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer
Mme Ségolène ROYAL
Tour Pascal A et B
Tour Sequoia
92055 La Défense CEDEX

Envoyez un e-mail courtois au parc Planète Sauvage : contact@planetesauvage.com
Pour leur demander de bien vouloir prendre toutes dispositions pour soustraire Galéo aux attaques dont il fait l’objet de la part des autres dauphins et le placer dans un bassin en sécurité avec son compagnon Aïcko.

Invitez les parcs zoologiques et les delphinariums à renoncer aux naissances et aux programmes d’échanges entre parcs pour se transformer en sanctuaires pour animaux.

Victoire des Français et des loups!

Victoire des Français et des loups!

Victoire des Français et des loups !
12.08.2016
Nimes
Victoire des Français et des loups!
Animaux sauvages

Des tirs de loup sont stoppés grâce aux associations citoyennes ! Le Tribunal administratif de Nîmes vient de donner raison à l’ASPAS, Ferus, One Voice et l’ALEPE, en suspendant d’urgence l’arrêté préfectoral du 22 juillet 2016 qui ordonnait illégalement le « tir de prélèvement renforcé » d’un loup pour une durée de 6 mois sur 6 communes dans le secteur du causse Méjean, en Lozère.

Comme le veulent la majorité des Français, les loups doivent être maintenus dans notre pays. C’est chose faite : dans son ordonnance qui suspend l’arrêté ce 9 août, le juge souligne que la pérennité de l’élevage ovin dans le département n’est pas compromise par la présence d’un loup, et relève l’absence de mise en œuvre de « tirs de défense » préalables au tir de prélèvement renforcé.

Le juge administratif rappelle ainsi que des battues aux loups ne peuvent pas être autorisées si tout n’a pas été mis en œuvre pour protéger les troupeaux exposés à un risque de prédation. Il existe en effet des moyens de protection des troupeaux ainsi qu’une gradation des tirs que les préfets peuvent autoriser, qui ne visent à tuer des loups, espèce protégée, qu’en dernier recours, et uniquement si des dégâts sont causés malgré la mise en œuvre de moyens de protection.

La justice confirme donc un « doute sérieux quant à la légalité » de cet arrêté préfectoral qui ne respecte pas les conditions définies dans l’arrêté ministériel encadrant les tirs de loups, pourtant lui-même extrêmement permissif.

Il est inadmissible que les préfets, représentants de la loi, continuent d’autoriser le tir d’une espèce protégée alors que de nombreux troupeaux sont laissés sans surveillance ni protection, à la merci des prédateurs naturels mais aussi des chiens divagants.

La solution n’est pas dans les abattages mais dans un changement profond des pratiques d’élevage et du système de subventionnement des éleveurs, qui n’incite actuellement pas suffisamment aux bonnes pratiques.

À l’approche des élections régionales, ce problème de fond est sûrement trop délicat à aborder par les politiciens de tous bords qui préfèrent multiplier les tirs de loups pour caresser les chasseurs et les lobbies agricoles dans le sens du poil, au risque de prendre des décisions illégales.

Enfin, les associations demandent la fin des tirs de loups, et la suppression des indemnisations pour les éleveurs ne protégeant pas leur bétail.

Cliquez sur ce lien pour télécharger l’ordonnance.

Contacts presse :

Madline Reynaud – ASPAS

Jean-François Darmstaedter – FERUS

Muriel Arnal – One Voice

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Le monde selon les lions

Le monde selon les lions

Le monde selon les lions
10.08.2016
Monde
Le monde selon les lions
Animaux sauvages

Dans la savane, une petite lionne est née. Elle découvre qui sont les siens, elle apprend ce que sera sa vie et celle de ses frères et sœurs. A travers ses yeux, découvrez le monde selon les lions.

Naître dans la savane

Lorsqu’elle a ouvert les yeux pour la première fois, dix jours après sa naissance, la petite lionne au pelage tigré et aux grosses pattes velues a découvert une plaine immense, couverte d’herbes hautes à l’infini et semée çà et là d’acacias solitaires. Les pluies avaient cessé. Ce matin-là, toute la savane verdoyait jusqu’aux montagnes noyées de brume et bruissait de mille chants d’oiseaux. Près des mares, tête baissée, des gazelles et des zèbres buvaient l’eau ocre à longs traits. Des girafes marchaient au loin et plus loin encore, un troupeau d’éléphants. C’était une bien jolie saison pour naître.

Apprendre et se cacher

Avec sa sœur et ses deux frères, parfois, elle restait seule toute la journée. Leur mère partait se nourrir. Cachés dans un taillis en haut d’une petite butte, les quatre lionceaux ne bougeaient plus d’un poil, silencieux, à l’écoute du moindre bruit. Des hyènes menaçantes passaient en ricanant, des troupeaux de buffles aux sabots mortels, et les petits s’aplatissaient plus encore. Le soir, enfin, un grondement bas les avertissait : la lionne revenait, une carcasse dans la gueule, et les enfants se jetaient sur elle pour téter et goûter leur première viande.

De grands félins sociaux

Aujourd’hui, la petite lionne est plus âgée de quelques mois. Elle a perdu ses rayures. Elle vient de rejoindre la troupe dont leur mère s’était éloignée pour accoucher à l’abri. D’autres femelles l’ont accueillie et lui ont léché la tête d’une énorme langue râpeuse. Les quatre lionceaux jouent avec les enfants de leur âge. Ils se roulent dans la poussière en grondant comme les grands. Quand ils ont faim, ils peuvent téter n’importe quelle lionne allaitante du groupe, car tout le monde les protège, tout le monde les aime bien. Mais si les jeux se font trop violents, si l’un des petits crie trop fort, leur mère les rappelle aussitôt à l’ordre d’un grognement et, d’un regard, leur indique le danger. Il y a là trois mâles allongés sous le baobab, des géants à la crinière sombre qui se ressemblent comme des frères et qu’il ne faut pas déranger.

La lutte des rois lions

Et ce sont bien des frères, en effet, jeunes et forts. Ils sont arrivés ici à quatre, il y a quelques saisons, avant que la petite lionne ne soit née. L’un d’eux est mort au combat durant la prise de pouvoir, lorsque les anciens mâles ont été chassés hors du territoire. Le vainqueur des combats est certainement son père, c’est celui qui rugit le plus fort jusqu’au bout de l’horizon en expirant un son énorme, les flancs creusés, la poitrine haute. Lorsqu’il lance son appel, gueule ouverte, crocs brillants, face au soleil rouge sombre, la petite lionne sent sa voix vibrer dans tous les os de son corps et ronronne en soufflant. Près d’elle, ses frères essayent d’imiter le grand mâle avec des miaulements comiques.

Elle aime bien écouter son père, car c’est son protecteur. Il surgit quand les choses tournent mal, ou que les proies sont trop grosses pour la meute des femelles. Il rôde autour des lionnes amoureuses, quand elles le séduisent en creusant l’échine, lui et ses deux lieutenants. Dès qu’ils sont là, personne ne craint plus les attaques des hyènes, ni même des éléphants s’ils se mettent en colère.

Les chevaliers errants

La petite lionne regarde ses frères, si jeunes et sans crinière encore. Eux aussi partiront un jour. Eux aussi se battront contre des rivaux et rugiront pour regrouper leur troupe. Leur mère refusera peu à peu de les aider à se nourrir, leur père leur rugira en pleine face et leur balancera des coups de pattes. Ils s’en iront. Têtes basses, queues battantes, ses deux frères s’éloigneront de la troupe et partiront à l’aventure. Un autre jeune viendra peut-être les rejoindre en chemin, un ami d’enfance ou un mâle errant. Ils se nourriront de charognes qu’ils disputeront aux chacals, avant de parvenir aux frontières d’un nouveau territoire. Ils en affronteront le mâle dominant et sa propre coalition, et s’ils le vainquent au terme d’affrontements féroces, il leur faudra tuer tous les lionceaux. Une tâche obligée pour perpétuer le lignage mais à laquelle les mères s’opposent avec rage, parfois avec succès.

La sagesse des lionnes

La petite lionne restera quant à elle auprès de sa mère, au sein de la troupe tout au long de sa vie. Si rien ne les force à quitter les lieux, ni incendie, ni maladies, ni famine, ni chasseurs, elles resteront ensemble.

Quant au superbe lion qui rugit ce soir, il finira toujours par être détrôné. D’autres mâles plus jeunes et plus vigoureux viendront le remplacer. Dès lors, ce ne sera pas son père qui approchera la jeune lionne lorsqu’elle sera nubile, mais un nouvel amant plein de morgue et d’audace. Elle tourne ses grands yeux orange vers sa mère. Qu’elle est belle, elle aussi, dans sa robe fauve unie ! Tout son corps est en muscles, en nerfs, en puissance. Mais son esprit est un écheveau de stratégies d’attaques et de savoirs acquis auprès des plus anciennes, qu’elle transmet à son tour à ses propres enfants.

Ce soir, elle emmènera ses trois aînées avec la troupe pour une expédition vers le Nord. Ces sœurs-là sont nées deux ans plus tôt et la petite lionne les envie. Mais elle est bien trop petite pour participer à ces chasses toujours difficiles, toujours hasardeuses et qui échouent la plupart du temps. Ces chasses qui semblent si cruelles mais sans lesquelles les mignons lionceaux mourraient tout simplement de faim.

Chasses à l’affût et stratégies

Alors, les lionnes ne cessent d’inventer des tactiques pour réduire la part d’échec. Des stratégies subtiles de courses-relais sont mises en place, mais aussi des approches à l’affût coordonnées et complexes, qui doivent prendre en compte le sens du vent, la position du soleil, la vitesse et la ligne de fuite supposée du gibier, qu’on observe et qu’on suit parfois depuis des semaines lors des grandes transhumances.

Les mâles participent peu à ces chasses collectives, sauf lorsqu’il s’agit de venir à bout d’un buffle ou d’un éléphant. Ils préfèrent se nourrir seuls le soir, et se servent les premiers au festin ramené par les lionnes.

La vie d’une lionne est brève, quatorze à vingt ans tout au plus. Pourtant, le savoir circule d’une génération à l’autre et il est essentiel à la survie de tous. Ce soir, la petite lionne a les paupières lourdes. Elle a tellement joué, tellement appris aujourd’hui ! Alors, elle se couche dans le sable à l’ombre d’une termitière, avec d’autres enfants. Le sommeil l’emporte aussitôt, au fil de rêves merveilleux…

À quoi peut bien rêver une petite lionne ? Car elle rêve beaucoup, comme tous les félins. Sans doute à une savane en paix, peuplée de zèbres et de gnous, remplie de bébés intelligents et bien nourris, de compagnons victorieux et de chasses réussies. Le monde heureux de la savane qu’ont connu ses ancêtres et qu’elle voudrait connaître elle aussi, inchangé pour toujours…