Révélations sur la mort d'Aïcko, le dauphin de Planète Sauvage - One Voice remet en cause la version officielle et la neutralité de l'expertise.

Révélations sur la mort d'Aïcko, le dauphin de Planète Sauvage - One Voice remet en cause la version officielle et la neutralité de l'expertise.

24.07.2018
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Aïcko est mort le 6 novembre 2016 à Planète Sauvage, avant même d’atteindre 7 ans, au moment même où One Voice alertait l’opinion sur son état de santé alarmant. Selon le delphinarium, le jeune dauphin souffrait d’une maladie non identifiée et se serait jeté contre un mur. L’expertise « objective » ordonnée par le juge des référés à la demande de One Voice et à ses frais est étrangement clémente pour le parc. One Voice conteste la version du delphinarium et le rapport d’expertise, et va saisir à nouveau les juges.

Aïcko est mort le 6 novembre 2016 à Planète Sauvage, avant même d’atteindre 7 ans, au moment même où One Voice alertait l’opinion sur son état de santé alarmant. 
Selon le delphinarium, le jeune dauphin souffrait d’une maladie non identifiée et se serait jeté contre un mur. L’expertise « objective » ordonnée par le juge des référés à la demande de One Voice et à ses frais est étrangement clémente pour le parc. 
One Voice conteste la version du delphinarium et le rapport d’expertise, et va saisir à nouveau les juges.

One Voice s’est adjoint les services du Dr Pierre Gallego vétérinaire spécialiste en cétacés. Il a analysé les documents vétérinaires du parc et le rapport d’autopsie d’Aïcko. Son rapport est accablant pour le delphinarium.  Comparaisons.

Des mois de mauvaise prise en charge vétérinaire

Bien qu’incomplets et lacunaires, les documents vétérinaires permettent tout de même de retracer l’état de santé et les causes de la mort d’Aïcko, le jeune dauphin de Planète Sauvage. Le suivi médical, et le rapport d’autopsie d’Aïcko révèlent une perte de poids du jeune dauphin pendant de longues semaines, ce qui n’a manifestement alerté personne, alors même qu’Aïcko aurait dû être en pleine croissance vu son âge. Le 4 mai 2016, Aïcko pesait 179kg, le 31 octobre 2016 il était passé à 105kg, cela représenterait une perte de 30kg pour un adolescent humain de 75kg, en un peu moins de 6 mois ! Pour le Dr Gallego :

«Cette perte de poids initiale n’a suscité aucune inquiétude auprès de l’équipe vétérinaire, alors que c’est un des premiers signes de maladie chez un cétacé.»

Les analyses de sang prouvent qu’il était déshydraté, anémié de manière chronique, et affaibli par de nombreuses autres affections. L’expert a jugé les analyses conformes, en se référant à une bibliographie vieille de 30 ans…

Des conditions de vie dangereuses en captivité

Les comptes rendus journaliers du parc montrent qu’Aïcko subissait des agressions quotidiennes de la part des dauphins plus âgés, sans pouvoir évidemment leur échapper, puisqu’ils vivaient tous dans le même bassin, les deux autres bassins étant à l’époque affectés à la maternité. Aïcko est devenu leur souffre douleur, la captivité mène à ce genre de comportement. 4 jours avant de mourir, à l’isolement, il souffrait et appelait à l’aide en tapant l’eau de sa queue, entre douleur et désespoir. Or le stress provoque un effondrement du système immunitaire chez les dauphins, qui les rend vulnérables à toute infection. 

L’expert, lui, ne reconnaît que des manifestations d' »inconfort » par Aïcko, mais refuse d’admettre qu’il ait été suffisamment stressé pour en tomber malade, contrairement à notre spécialiste: 

«Aïcko a été fortement et fréquemment agressé par ses congénères, ce qui lui a probablement causé beaucoup de stress chronique, ce qui peut diminuer le système immunitaire et rendre l’animal plus susceptible à d’éventuelles pathologies infectieuses.»
Dr Gallego

Ironie suprême, l’expert considère que la captivité permet d’éviter aux dauphins le stress de la recherche de nourriture ! C’est vrai que la vie de détenu, quand on est enfermé avec son agresseur, loin de la protection de ses parents ne peut-être que source de joie et d’épanouissement…

Révélations sur la mort d’Aïcko, faux-pas confinant à l’amateurisme

Pour Planète Sauvage, Aïcko se serait jeté délibérément contre un mur du bassin suite à sa maladie, à l’occasion d’un « forced-feeding » mais sans lien avec celui-ci…

La lecture du rapport d’autopsie révèle qu’Aïcko a eu la mâchoire cassée et le larynx disloqué et on sait par les autres documents qu’il a subi un nourrissage de force. On lui a poussé à la main dans le fond de la gorge des poissons entiers (au lieu de lui administrer du poisson broyé par sonde gastrique), il a été remis à l’eau alors qu’il régurgitait par l’évent! Une chose est certaine ses voies respiratoires étaient bloquées, et il s’est noyé.

Notre vétérinaire spécialisé ajoute définitif:

«Le fait que Aïcko ait eu son larynx disloqué durant une capture, qu’il ait vomi par son évent et qu’il ait été remis à l’eau sans y remédier représente une faute professionnelle grave. […] C’est ce qui a provoqué la mort d’Aïcko.»
Dr Gallego

Pour l’expert, la dislocation du larynx pourrait avoir eu lieu post mortem, mais il n’exclue pas une asphyxie due à une fausse route…

Conclusions divergentes de notre vétérinaire spécialisé et de l’expert judiciaire

Le Dr Gallego est sans appel:

«En résumé, la gestion médicale du dauphin d’Aïcko est très questionnable car malgré des signes très clairs de processus pathologiques en cours, rien n’a été mis en œuvre jusqu’en octobre 2016. Il y a de plus une erreur médicale flagrante lorsqu’on remet Aïcko à l’eau alors qu’il a un sérieux problème respiratoire. Aïcko est mort suite à sa manipulation lors de sa dernière capture, et non pas suite à une maladie. De plus rien n’a été fait afin de résoudre le problème d’agressions auxquelles Aïcko était constamment exposé.»

De son côté, l’expert ne relève des imperfections que dans la réalisation de l’autopsie. Mais avait-il le choix ? Nous avions déjà produit les avis de deux sommités dans le milieu, les Docteurs Mazzariol et Cassart qui concluaient en ce sens! Notons tout de même vis-à-vis du delphinarium qu’effectuer une autopsie imparfaite, c’est se préserver de conclusions qui pourraient confirmer des erreurs dans la prise en charge de la maladie d’Aïcko…

Ce rapport d’expertise aux conclusions déroutantes, n’a malgré tout pas pu nier les évidences: les agressions, le stress, l’autopsie bâclée… Celui qui l’a réalisée est visiblement attaché à la captivité avec une conception bien à lui du bien-être animal. Préférant des arrêtés obsolètes, Il ne s’est pas préoccupé de juger les conditions de vie d’Aïcko grâce aux méthodes d’analyse les plus récentes ni en fonction de la réglementation applicable, comme demandé par le président du Tribunal ! 

One Voice ne s’arrêtera donc pas là, nous allons continuer à collecter les avis d’experts reconnus pour qu’une contre expertise soit réalisée !


Annexes

Pour aller plus loin

A l’époque des faits

Nous avions rendu visite à Aïcko quelques jours avant sa mort, accompagnés du Dr vétérinaire Naomi Rose, et l’avions filmé. Son état nous avait choqués. Sa peau couverte de blessures montrait à quel point il était le souffre-douleur des dauphins adultes, sans possibilité de s’enfuir, comme il aurait pu le faire libre. Nous avions également constaté sa maigreur. Nous avions alors lancé une pétition pour l’arrêt des delphinariums, et engagé des poursuites contre celui-ci.

Aspects juridiques autour d’Aïcko

Nous avions déjà une plainte pour mauvais traitements en cours contre Planète Sauvage (7 juin 2016). Suite à cette visite nous avions déposé un complément de plainte pour Aïcko. A sa mort, nous avons lancé un référé pour expertise des conditions de ce décès, ce qui nous a permis d’obtenir une copie des dossiers médicaux du suivi d’Aïcko, et de son rapport d’autopsie, que nous avons donc ensuite pu faire expertiser. 

One Voice a finalement obtenu une ordonnance de référé ordonnant l’expertise le 26 janvier 2017. Le juge a repris l’un des arguments avancés par l’association, notamment qu’elle se réservait le droit de poursuivre la procédure devant les tribunaux judiciaires pour atteinte aux droits fondamentaux et à la dignité des animaux.

Quelle était la mission de l’expert?

  • Se rendre sur les lieux du delphinarium,
  • les visiter en présence de toutes parties intéressées et recueillir leurs prétentions;
  • déterminer la cause de la mort du dauphin Aïcko ;
  • donner un avis sur les conditions d’élevage du dauphin Aïcko dans les installations du delphinarium, en particulier au regard de la réglementation applicable ;
  • procéder à l’audition de tout sachant éventuel ; 
  • examiner toutes les pièces que les parties estimaient devoir leur communiquer et leur faire délivrer tous documents qu’ils estimaient utiles à l’exercice de leur mission.

Cette mesure d’expertise a été prorogée à la demande de l’expert à deux reprises avec deux demandes de provision complémentaire de l’expert. Celui-ci a rendu son rapport le 18 mai 2018.

D’autres cétacés défendus par One Voice

Un rendez-vous au Ministère pour un nouvel arrêté

Un rendez-vous au Ministère de Nicolas Hulot est fixé le 26 juillet 2018 pour discuter de la réécriture de l’arrêté pris par Ségolène Royal, et annulé en 2017 pour un détail technique par le Conseil d’Etat.

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