Au pays de Dumba, il y a des gentils et des gentils. Le couple de dresseurs qui l’exploite et qui lui a fait traverser la frontière espagnole pour éviter les poursuites judiciaires y est très attaché et la « doudoune ». Oui, oui. Il voue pour elle une affection telle qu’il n’hésite pas à la maintenir isolée dans des conditions de détention contraires à ses besoins les plus élémentaires et à louer ses services pour des parades et des spectacles de cirque. C’est bien connu, qui aime bien, châtie bien. Même le maire de la commune d’Euzet-les-Bains l’assure : « Dumba est très bien soignée ». Pour autant, nous ne partageons pas le même point de vue et nous avons répondu à l’édile pour nous en expliquer.
Expertises indéniables
Comme nous le soulignons dans notre courrier, nous n’avons pas pour habitude de déposer plainte en procédant par extrapolation. Ce n’est donc ni par excès de sensiblerie, ni sur un simple coup de tête que nous alertons l’opinion et nous tournons vers la justice pour défendre un animal sauvage. Non. Si nous remuons ciel et terre pour Dumba, c’est qu’elle se trouve dans une situation critique et que nous nous appuyons sur des évaluations scientifiques pour l’affirmer. Les spécialistes des éléphants d’Asie, indépendants de notre association, à qui nous avons montré les images prises par notre enquêtrice et par les journalistes, sont unanimes : l’éléphante pâtit de problèmes tant médicaux que comportementaux nécessitant d’être pris en charge au plus vite.
Il y a urgence !
En se basant sur ses propres observations, le Dr John A. Knight stipule dans son rapport que « Dumba doit être examinée de toute urgence par un vétérinaire compétent. Il est nécessaire de procéder à un bilan de santé complet, y compris – sans toutefois s’y limiter – des dents et des membres, ainsi qu’à un test de tuberculose et des analyses fécales ». L’expert note en effet des signaux alarmants démontrant que l’éléphante est « en mauvaise condition physique et se comporte comme si elle souffrait ou que sa santé mentale était altérée ». « Musculature déficiente », « position très peu naturelle », « stéréotypie », « comportement très contrôlé et inhabituel », « profonde détresse mentale », « peur », autant de mots que l’on retrouve sous sa plume et qui l’amène à déclarer que : « les propriétaires de Dumba sont manifestement dans l’incapacité de la sécuriser et de subvenir à ses besoins dans un environnement adéquat. » Par conséquent, il demande instamment aux autorités compétentes de confisquer l’éléphante à ses « propriétaires » et de la transférer dans un lieu où elle pourra être examinée et soignée comme son état l’exige, et placée en toute sécurité dans un sanctuaire où l’ensemble de ses besoins seront satisfaits en permanence.
Souffrances évidentes
Un avis largement partagé par la Dre Marion E. Garaï qui s’inquiète notamment de voir Dumba soulever très souvent ses pattes avant, « ce qui montre qu’elle souffre ». « Le fait pour un animal destiné à vivre sous un climat chaud de devoir rester de longues heures dans le froid et d’être dans l’impossibilité de bouger suffisamment peut entraîner de l’arthrite ainsi que d’autres pathologies », indique-t-elle. Et d’ajouter : « Dumba abaisse parfois ses postérieurs comme pour s’asseoir. Cela peut être le signe soit de douleurs abdominales, soit, dans le cas où un homme l’approche par derrière, qu’elle craint d’être frappée, car on la voit rentrer immédiatement ses pattes et courber l’échine. » Par ailleurs, elle pointe, entre autres, « de graves signes de frustration, d’ennui et de privation mentale », des stéréotypies reflétant « un mal-être certain et des inhibitions comportementales », « des symptômes typiques d’un éléphant de cirque maltraité ». Selon l’experte, le constat est sans appel : « Dumba éprouve une douleur intense ». Dans ses conclusions, elle recommande également que l’éléphante soit examinée immédiatement par un vétérinaire indépendant afin qu’elle reçoive les traitements nécessaires. Elle préconise, en outre, son placement dans un sanctuaire, où elle pourra passer le reste de son existence comme un pachyderme normal, avec des congénères. Car pour elle, aucun doute : « Le fait de maintenir un éléphant dans la solitude est de la cruauté ». À bon entendeur…
Commentaires 73
Monique | dimanche 31 janvier 2021
Nelly | dimanche 31 janvier 2021
Olivo | samedi 30 janvier 2021
MARC | samedi 30 janvier 2021