Quand France Culture relaie la propagande sur l’expérimentation animale

Quand France Culture relaie la propagande sur l’expérimentation animale

Quand France Culture relaie la propagande sur l’expérimentation animale
09.09.2022
France
Quand France Culture relaie la propagande sur l’expérimentation animale
Expérimentation animale

France Inter l’avait fait l’hiver dernier, France Culture lui emboite le pas : pour une émission sur l’expérimentation animale, ce mercredi 7 septembre, « La Science – CQFD » a reçu deux personnes favorables à la poursuite de l’expérimentation animale, sans inviter personne pour les contredire. Nous avons écrit à France Culture pour demander un droit de réponse.

Photo : Macaques sauvés par One Voice d’un laboratoire en 1996

On aurait pu espérer que des médias de cette envergure contactent One Voice ou d’autres associations spécialistes afin de permettre la tenue d’un débat en bonne et due forme. La présence en direct d’une partie opposée connaissant suffisamment le sujet a l’avantage de décourager les mensonges et les messages trompeurs.

Une émission déplorable

Malheureusement, non contente de sa réussite de l’hiver dernier sur France Inter, Radio France a reproduit l’expérience il y a quelques jours sur France Culture. L’émission « La Science – CQFD » y a reçu Ivan Balansard (président du Gircor) et Francelyne Marano (ancienne présidente de Francopa et chercheuse émérite).

Et il y a de quoi alimenter notre déception : l’émission ne mentionne ni les problèmes relatifs au fonctionnement actuel des comités d’éthique, ni les pratiques illégales des laboratoires approuvées ces dernières années par le ministère de la Recherche, ni même le classement récent des macaques crabiers (primates les plus utilisés par les laboratoires français) sur la liste des espèces menacées d’extinction.

Au lieu de cela, on y entend des propos qui se veulent rassurants, comme l’affirmation selon laquelle les chiens et chats sont utilisés surtout pour des recherches vétérinaires (comme si cela justifiait le traitement qui leur est réservé) ou que la réglementation et les contrôles sont très stricts (en oubliant de mentionner que les sanctions sont quasiment inexistantes).

Les agents publics ont-ils le droit de mentir à l’antenne ?

Et, plus gênant, des mensonges. Francelyne Marano présente la formation des personnels comme très pointue alors que le manque de formation est la non-conformité la plus fréquente constatée lors des inspections (pour 50 % des laboratoires parmi les 450 rapports d’inspection consultés par One Voice).

Ivan Balansard affirme que les inspections ne sont presque jamais annoncées alors que le taux d’inspection surprise n’a jamais dépassé 30 % en France, loin derrière les autres pays de l’Union européenne, d’après le dernier rapport de la Commission européenne.

Tous deux sont pourtant des agents publics. On aurait donc pu penser que mentir sur les ondes d’un média public national leur serait interdit.

Nous demandons la tenue d’un vrai débat

Au vu de ces éléments, nous avons adressé une lettre à France Culture, pour demander la préparation d’une nouvelle émission sur l’expérimentation animale qui inclurait des personnes spécialistes de l’opposition à ces pratiques – personnes dont nous faisons partie.

Une affaire à suivre…

L’industrie de l’expérimentation animale fait sa propagande

L’industrie de l’expérimentation animale fait sa propagande

L’industrie de l’expérimentation animale fait sa propagande
05.09.2022
France
L’industrie de l’expérimentation animale fait sa propagande
Expérimentation animale

On a souvent l’habitude de se représenter les personnes qui pratiquent l’expérimentation animale comme des monstres dépourvus d’empathie. Pourtant, la situation est plus complexe : les lobbyistes et l’industrie semblent manipuler aussi bien l’opinion publique que les personnes qui pratiquent l’expérimentation animale.

Mercredi 15 juin à Marseille. Dans les salles du congrès international FELASA 2022, le même regard content que dans n’importe quelle conférence, le même réseautage souriant alimenté de petits fours et de plaisanteries. Les interventions sont généralement bien faites, au point qu’on acquiescerait presque aux propos sur l’importance du bien-être animal et aux arguments moisis répétés à outrance.

Mais si l’on écoute entre les lignes, l’implicite et le non-dit sautent aux yeux : on parle d’une exploitation, d’une discrimination tellement ancrée dans la société qu’elle n’est même plus considérée comme une injustice. Tout au long de l’année, ces personnes maintiennent des animaux captifs et les font souffrir de diverses manières.

La propagande jusque dans les magazines

Parmi les fournisseurs de matériel et financeurs présents au congrès, on trouve notamment Ellegaard, producteur des miniporcs Göttingen. Ces miniporcs sont largement utilisés dans divers domaines de recherche. Sur le site web d’Ellegaard, on voit à la chaine des images de porcelets souriants, jouant avec un ballon, caressés par une technicienne de laboratoire et ainsi de suite. Jamais un cochon mort, jamais une goutte de sang, jamais la moindre marque de souffrance.

Même dans sa revue professionnelle et dans ses dépliants, les images bucoliques se suivent et se ressemblent, sauf quand il s’agit de parler de l’expérimentation elle-même. Pour illustrer la modélisation de l’insuffisance cardiaque, on doit se contenter d’un schéma récupéré dans un article scientifique. Les pires images que nous avons pu trouver sont, dans le numéro 60 du magazine de l’entreprise, une minuscule image de prise de sang et un pied suturé.

Les images aseptisées

Le dépliant de la société BASi est du même tonneau : d’un côté, des animaux aux contours mal découpés sur ordinateur et incrustés sur fond blanc ; de l’autre, en guise de démonstration de l’utilisation de la cage à vendre, une figurine de cochon. Des photographies qui ne sont même pas disponibles sur le site web du fabricant.

Et c’est encore le même problème chez d’autres fabricants, qui préfèrent montrer les tours d’inhalation et autres dispositifs de contrainte sans animaux, et proposer des dessins ou des schémas pour illustrer les procédures.

Quant à Fine Science Tools (dont l’acronyme FST est aussi l’acronyme du forced swim test, test de la nage forcée…), on ne voit dans leur catalogue et sur leur stand que les instruments chirurgicaux. On nous dira peut-être que ces instruments sont les mêmes qui sont utilisés dans la chirurgie humaine – mais on se permettra d’en douter en ce qui concerne les « ciseaux de décapitation ».

L’indécence jusqu’à la nausée

Plus loin, les représentants de l’entreprise sourient et acceptent avec joie que l’on prenne en photo ces rongeurs en peluche particulièrement mignons. Leur crâne est équipé d’instruments divers, et ils ne semblent être là que pour attirer l’œil sur le stand.

Et les publicités vont encore plus loin dans l’indécence. Tecniplast vante les mérites de ses cages avec une photographie qui rappelle le célèbre tableau de La Création d’Adam, montrant le contact entre le doigt de Dieu et celui de l’homme. Sauf qu’il s’agit là du doigt ganté d’une personne qui pratique l’expérimentation animale et de la main d’un rat, appuyée contre la boite en plastique dans laquelle il va passer sa vie. Ce rat a certainement été tué à l’heure qu’il est.

Brosser dans le sens du poil

Et ce n’est pas fini. Parce qu’en plus de masquer la réalité des expériences et de faire croire à une relation spéciale et positive entre les animaux et les personnes qui participent à leur exploitation, l’industrie n’oublie pas de présenter l’ensemble comme une œuvre humanitaire.

Dans la revue de l’Afstal, Marshall (qu’on connait en France pour ses élevages de chiens et de chiennes pour les laboratoires) met en scène une petite fille embrassant sa grand-mère. Le message écrit est destiné aux personnes qui pratiquent l’expérimentation animale : « Merci, votre travail avec les furets crée des remèdes et sauve des vies ». Évidemment, ils ne parlent pas des vies des furets.

Ce ne sont pas des monstres – mais leurs actions sont monstrueuses

Avec toute cette propagande qui les entoure, on peut comprendre que les chercheurs, chercheuses, techniciens et techniciennes de laboratoire pensent que leur travail est louable. À vrai dire, même sans cette propagande, on sait que la perspective d’aider la science à avancer aide les gens à mettre de côté leur empathie envers les animaux.

Dès lors, nul besoin de parler des personnes violentes et des sociopathes (qui existent dans le milieu de l’expérimentation animale comme ailleurs) : l’habitude et le manque d’empathie peuvent empêcher presque n’importe qui de voir l’horreur de ses propres actions.

Aussi, quand un document intitulé « une carrière attentionnée » (a caring career) arrive à faire passer pour bienveillante l’image d’une personne rangeant une boite en plastique pleine de souris parmi des dizaines d’autres boites identiques sur une étagère, se dit-on que le combat est loin d’être terminé.

Cet article est le troisième d’une série qui présente différents aspects du congrès FELASA 2022 :

  1. Transparence et stratégie de communication en expérimentation animale
  2. Éléments de langage et moisissures argumentatives de l’expérimentation animale
  3. L’industrie de l’expérimentation animale fait sa propagande
  4. La myopie éthique de l’expérimentation animale
  5. Bientôt plus de primates dans les laboratoires ?

Et de 9 ! Pour les ours dans les Pyrénées, le tribunal administratif donne raison à One Voice une fois de plus

Et de 9 ! Pour les ours dans les Pyrénées, le tribunal administratif donne raison à One Voice une fois de plus

Et de 9 ! Pour les ours dans les Pyrénées, le tribunal administratif donne raison à One Voice une fois de plus.
31.08.2022
Et de 9 ! Pour les ours dans les Pyrénées, le tribunal administratif donne raison à One Voice une fois de plus
Faune sauvage

A la suite de ce que nous considérons comme un déni de justice – la préfète de l’Ariège a repris deux arrêtés contraires à la décision de justice du tribunal administratif de Toulouse qui suspendait les effarouchements d’ours bruns des Pyrénées – nous déposions en urgence hier, au lendemain de leur publication, un référé suspension pour interrompre l’application de nouveaux effarouchements. Le tribunal a tranché en faveur des ours et donc de One Voice une fois encore. Un véritable camouflet pour la préfecture.

Photo : Collectif Hope

Nous demandions la paix pour les ours, ceux nés sur le sol français comme ceux placés là de force dans un milieu hostile, après avoir été arrachés à leur famille et leur pays. Sur l’une des estives, la suspension va permettre d’éviter le déferlement de violence que les éleveurs destinaient aux ours : flashballs, grenades de désencerclement… Sur l’autre, ils auront pu s’en donner à cœur joie la nuit dernière, la préfecture ayant fait tout son possible pour réduire au maximum le temps entre la publication et l’application de ses textes. Tout pour tenter d’apaiser la grogne des éleveurs…

À l’audience, les services de la préfecture avaient fait le déplacement, ne comprenant pas que l’on puisse s’insurger du fait que des animaux ayant déjà du mal à survivre sans cela (et protégés par de nombreux textes !) soient ainsi repoussés hors de leur territoire et avec tant de violence. Ainsi le tribunal motive sa décision en ces termes :

«Alors même qu’il demeure sujet à débat, le risque que la mise en œuvre de ces mesures ait pour conséquence de repousser l’ours de cette estive, qui est une composante de son habitat naturel, et donc de l’évincer d’une partie de son aire de répartition naturelle, n’est pas nul. De la même manière, les scientifiques évoquent un risque non nul que l’animal puisse subir, par l’effet des tirs à double détonation, des blessures auditives, des risques de séparation des oursons lors de la mise en fuite des femelles suitées et d’avortement pour les femelles gestantes.»

Difficile d’être plus limpide sur les risques encourus par les ours soumis aux « tirs d’effarouchement ». Qui plus est, cette méthode n’a pas fait la preuve de son efficacité pour protéger les troupeaux. Troupeaux constitués d’animaux – doit-on le rappeler encore ? – qui sont destinés à l’abattoir et dont les pertes sont dédommagées.

C’est une décision argumentée juridiquement qui rappelle à la préfecture l’autorité d’une décision de justice qu’elle ne peut pas contourner à sa guise. Faute d’éléments nouveaux, l’agacement du tribunal vis-à-vis de la préfecture de l’Ariège est particulièrement perceptible.

«En prenant son nouvel arrêté du 29 août 2022 et en le justifiant comme elle l’a fait, sans qu’il ait été remédié au doute sérieux qui avait justifié la décision de suspension de son précédent arrêté du 24 juin 2022, la préfète de l’Ariège semble avoir directement méconnu l’autorité qui s’attachait à l’ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Toulouse du 22 août 2022 […] Par suite, le moyen tiré de ce que ces deux arrêtés de la préfète de l’Ariège violent les ordonnances des 3 août 2022 et 22 août 2022 du juge des référés du tribunal administratif de Toulouse est propre à créer, en l’état de l’instruction, un doute sérieux quant à la légalité de ces arrêtés.»

Estimant que la préfecture ne justifie donc toujours pas que les conditions pour déroger à la protection des ours sont réunies, le tribunal suspend en urgence ces nouveaux arrêtés.

Nous nous tenons prêts à attaquer de nouveau si d’aventure, la préfecture venait à en publier d’autres, similaires, concernant les cinq estives restantes.

Ours des Pyrénées : face au déni de justice, One Voice demande la démission de la préfète !

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Ours des Pyrénées : face au déni de justice, One Voice demande la démission de la préfète !
30.08.2022
Ours des Pyrénées : face au déni de justice, One Voice demande la démission de la préfète !
Faune sauvage

One Voice a attaqué dès ce matin deux arrêtés préfectoraux de l’Ariège publiés hier, lundi 29 août 2022, qui autorisent à nouveau l’effarouchement des ours dans les Pyrénées. L’existence même de ces arrêtés sont autant de crachats jetés au visage de la Justice qui vient de suspendre en urgence les sept arrêtés précédents suite à notre action. L’audience aura lieu demain à 10h30 au tribunal administratif de Toulouse. Face à ce déni de justice, One Voice demande la démission de la préfète.

«Flashballs, grenades de désencerclement, ce soir à 20h, un déchaînement de violence va s’abattre sur les ours. Nous sommes atterrés mais ne céderons pas un pouce face aux éleveurs qui ne considèrent la nature que pour leurs profits immédiats. Il est vital de combattre cette prosternation insensée de la préfecture et de l’État devant des lobbys destructeurs et court-termistes. Plus encore à l’heure où la biodiversité, notre patrimoine commun, part en fumée à un rythme alarmant.» Muriel Arnal Présidente de One Voice

Favoriser les intérêts privés plutôt que les animaux et la nature, triste habitude…

Comment s’étonner de l’attitude de la préfète, quand il y a presque un an, le ministère de la Transition écologique faisait de même en faveur des chasses traditionnelles aux oiseaux, autre sujet touchant déjà aux animaux et aux lobbys ?

Comme toujours, les données (peu étayées et peu fiables, comme l’a pointé le tribunal) sont fournies exclusivement par les opposants aux animaux sauvages : les éleveurs. Que connaissent-ils aux ours ?

La préfète de l’Ariège doit démissionner

C’est habituel que les gouvernements favorisent les éleveurs/chasseurs/piégeurs au détriment des animaux et de la Nature. Nous le constatons tous les jours. Mais nier ainsi la justice de manière répétitive, dans un État de droit, est absolument inacceptable.

Nous attaquons bien entendu les arrêtés publiés (pour Ustou et Arreau). Et face à la négation de l’autorité de la justice par cette représentante de l’État, nous demandons la démission de la préfète.

Grenades de désencerclement et flashballs sur des animaux protégés…

Des effarouchements simples et renforcés sont prévus dès aujourd’hui à 20h. L’« effarouchement », c’est quoi ? Il s’agit notamment de flashballs, de grenades de désencerclement !… Tout cela empêche précisément les ourses de mener à terme leur gestation, que ce soit à cause du stress ou par manque de forces, ces animaux devant accumuler une grande quantité de graisse avant la période d’hibernation, pendant laquelle les petits naissent. Et nous rappelons qu’avec moins de cent individus, la population est loin d’être viable !

Un lobby prêt à tout

Les ours se nourrissent principalement de végétaux. Mais leur seule présence est source de nombreuses peurs irrationnelles agitées par ceux qui veulent exploiter la nature jusqu’au bout. Cette semaine encore, plusieurs brebis issues d’un immense troupeau sont mortes en sautant dans le vide au milieu de la nuit. Les éleveurs ont « crié à l’ours » sans preuve, en l’absence de trace de prédation. Une rumeur alimentée par ceux à qui cela profite. Les indemnisations ne sont pas versées si l’on découvre que les dégâts sont dus aux chiens errants dans la montagne.

Vivre en paix !

One Voice n’a jamais été en faveur de l’introduction d’ours dans les Pyrénées, où ils arrivent dans un environnement hostile. Mais à présent qu’ils sont là, nous refusons qu’ils soient pourchassés ! Ils méritent de vivre en paix et non pas de subir un déferlement de violence. Et avec eux, ce sont des espaces entiers de nature qui pourront prospérer. Nous, humains, devons apprendre à coexister avec les animaux et la nature, tant qu’il en reste encore.

Éléments de langage et moisissures argumentatives de l’expérimentation animale

Éléments de langage et moisissures argumentatives de l’expérimentation animale

Éléments de langage et moisissures argumentatives de l’expérimentation animale
26.08.2022
France
Éléments de langage et moisissures argumentatives de l’expérimentation animale
Expérimentation animale

Entre les nouveaux éléments de langage et le recyclage constant des mêmes moisissures argumentatives, la transparence est loin d’être seule à faire défaut dans le discours des personnes qui défendent l’expérimentation animale. On fait le point sur les nouvelles stratégies de communication de ces lobbies et leur hypocrisie.

Mardi 14 juin à Marseille. On entre dans un immense hall, dédié aux entreprises qui vendent du « matériel » de laboratoire, de la litière aux animaux transgéniques en passant par les cages, les équipements expérimentaux et les appareils de nettoyage. Ces mêmes entreprises, dont les revenus reposent pour certaines exclusivement sur l’expérimentation animale, financent le congrès FELASA 2022 sur le thème de la « communication ».

Pas étonnant, dans un tel cadre, que les « messages clés » mis en avant soient l’importance de cette exploitation pour la santé humaine, le caractère « irremplaçable » des animaux « expérimentaux », et la priorité constante qu’est le « bien-être animal ».

La « culture du care »

La revue STAL (Sciences et Techniques de l’Animal de Laboratoire) est publiée par l’Association française des sciences et techniques de l’animal de laboratoire (Afstal), qui coorganisait le congrès. Dans le volume 50 de la revue, on trouve la traduction d’un document sur la « culture du care »[1], un « engagement global et démontrable à l’échelle d’un établissement », allant « au-delà du simple respect de la réglementation en vigueur » …

Difficile de réconcilier ce nouvel élément de langage des lobbies de l’expérimentation animale avec la pratique de l’expérimentation animale, qui enferme des animaux pendant toute leur vie et les soumet à des souffrances qui n’ont aucun intérêt pour eux ou qui pourraient largement être évitées si l’on s’en donnait les moyens.

La stratégie de communication : nécessaire, complémentaire et normal

Pour accompagner cette tentative de se présenter comme des bienfaiteurs, les milieux de l’expérimentation animale cherchent à faire passer leurs pratiques pour des activités banales et évidentes, que l’on n’aurait pas besoin de questionner.

Thierry Decelle (Sanofi) encourage donc ses collègues à détourner le débat sur les méthodes substitutives en les intégrant dans un tout qui inclut aussi l’expérimentation animale :

«Il est nécessaire que nous changions le paradigme “Stratégie de sortie” tel que proposé par les activistes de la cause animale par une stratégie d’inclusion de méthodes non animales. »Thierry Decelle / Sanofi, STAL n° 49

Après tout, pourquoi parler de la recherche de méthodes de substitution et de la fin de l’expérimentation animale, quand on peut ignorer le problème ?

Kirk Leech (président du lobby européen de l’expérimentation animale) affirme quant à lui qu’il vaut mieux parler des réussites de l’expérimentation animale plutôt que du care ou des méthodes substitutives. Son but : influencer l’opinion publique en abreuvant les médias d’espoirs de nouveaux traitements, en ignorant volontairement l’horreur de l’expérimentation animale et son incompatibilité avec la réflexion morale.

Qu’importe, apparemment, le fait que ce type d’annonces se font depuis des dizaines d’années pour simplement disparaitre dans les archives de l’histoire sans avoir aidé qui que ce soit.

La paille et la poutre

À ce jeu de la mauvaise foi, la France obtient la palme d’or lors du congrès FELASA. Mention spéciale à un représentant du CHU de Lille qui compare de manière dédaigneuse l’idée d’accorder des droits aux primates non humains avec les procès d’animaux du Moyen Âge.

Il poursuit en soutenant que puisque plus de 80 % des prix Nobel ont récompensé des recherches utilisant des animaux, la recherche ne peut pas se faire sans animaux. À se demander ce qu’il pense du fait que plus de 90 % des prix Nobel ont récompensé des hommes

Après ces énormités qui n’ont pas fait réagir les expérimentateurs et expérimentatrices sur place, difficile de ne pas rire jaune quand un lobbyiste reproche pour la énième fois leur mauvaise foi aux animalistes qui filment des pratiques de maltraitances dans les laboratoires pour n’en révéler que quelques minutes de vidéo au grand public.

La mauvaise foi, c’est mal – mais seulement si elle vient des adversaires.


[1]
En anglais, le mot care a plusieurs significations. To care about signifie « s’intéresser à » / « se soucier de » quelque chose ou quelqu’un. To care for et to take care of, signifient « s’occuper de » quelque chose ou « prendre soin de » quelqu’un. En tant que nom, le care peut être l’attention portée à une tâche pour la faire correctement, ou les soins nécessaires à la santé ou à la protection de quelqu’un.

Cet article est le deuxième d’une série qui présente différents aspects du congrès FELASA 2022

  1. Transparence et stratégie de communication en expérimentation animale
  2. Éléments de langage et moisissures argumentatives de l’expérimentation animale
  3. L’industrie de l’expérimentation animale fait sa propagande
  4. La myopie éthique de l’expérimentation animale
  5. Bientôt plus de primates dans les laboratoires ?