Nouvelle double victoire de One Voice : la réactivité et la pugnacité écrivent la jurisprudence pour les ours en Ariège !

Nouvelle double victoire de One Voice : la réactivité et la pugnacité écrivent la jurisprudence pour les ours en Ariège !

Nouvelle double victoire de One Voice : la réactivité et la pugnacité écrivent la jurisprudence pour les ours en Ariège !
02.08.2023
Nouvelle double victoire de One Voice : la réactivité et la pugnacité écrivent la jurisprudence pour les ours en Ariège !
Faune sauvage

Le tribunal administratif de Toulouse suspend les deux arrêtés de la préfecture de l’Ariège publiés le 31 juillet.

Notre détermination pour les ours a permis de ne pas nous en tenir à la décision négative de la semaine dernière. En effet, le tribunal administratif de Toulouse vient de suspendre les deux arrêtés publiés ce lundi soir (31 juillet 2023). Aucun tir d’effarouchement n’aura donc lieu cette nuit ni la prochaine sur les estives d’Arreau (deuxième suspension ordonnée cette année) et d’Ourdouas.

L’audience fixée ce matin était présidée par un juge qui n’avait encore jamais eu à trancher sur nos référés-libertés depuis le début de nos bras de fer hebdomadaires avec la préfecture de l’Ariège. Parmi les questions qu’il a posées, ​​nous avons retenu celle-ci en particulier : si les tirs d’effarouchement sont si nécessaires et importants, pourquoi adopter des arrêtés de si courte durée ?

Nous trouvons magnifique la motivation rendue par le juge pour l’estive d’Arreau, d’autant plus savoureuse après le rejet de la semaine dernière. Plusieurs arguments précis sur lesquels nous bataillons à chaque fois ont été enfin retenus, notamment sur la question des gardiens de nuit, de la preuve de dommages importants et la preuve que des tirs d’effarouchement simple ont eu lieu avant toute escalade dans les mesures mises en place.

Pour le « groupement pastoral » d’Ourdouas, il en a été de même, le juge renvoyant également la préfecture à ses responsabilités. C’est à elle, entre autres, de prouver que les ours sont en cause, pas à nous de justifier qu’ils n’y sont pour rien.

Cette fois, et c’est un grand soulagement, les décisions ont été rendues avant même le début des tirs. Elles vont dans le sens de la position que nous défendons et qui sont plaidées par Maîtres Hélène Thouy et Olivier Vidal. Au-delà du principe, il s’agit aussi et surtout de contrer les abus de la préfecture, qui, rappelons-le, ne publie ces arrêtés que pour satisfaire le lobby de l’élevage, sans pour autant avoir les justifications légales pour le faire.

Une plainte déposée à Nice pour la jument violemment battue à Levens

Une plainte déposée à Nice pour la jument violemment battue à Levens

Une plainte déposée à Nice pour la jument violemment battue à Levens
01.08.2023
Alpes-Maritimes
Une plainte déposée à Nice pour la jument violemment battue à Levens
Animaux familiers

Le week-end du 29 et 30 juillet se tenait la fête du cheval de Levens, dans les Alpes-Maritimes. Une jument a été brutalement battue à coups de pied et de bâton par deux personnes qui ne parvenaient pas à la faire monter dans un camion, devant des dizaines de témoins… Un déferlement de violence qui s’est abattu sur un animal visiblement effrayé et incapable de fuir puisque retenu par une longe. One Voice a notamment déposé plainte pour actes de cruauté.

Sur les vidéos, largement relayées sur les réseaux sociaux le week-end dernier, on voit un homme et une femme violemment battre une jument terrorisée à coups de pied et de bâton, pour tenter de la faire monter dans un camion. Les images sont insoutenables, et les coups si brutaux qu’on entend même le claquement du bois sur le visage et l’encolure de la jument complètement apeurée. Selon les témoins de la scène, une pelle se serait même brisée sur la tête de l’animal face à un tel acharnement.

Des mauvais traitements commis par un professionnel qui n’en serait pas à son galop d’essai…..

Quelle ne fut pas notre stupéfaction d’apprendre que les auteurs des faits ne seraient autres qu’un directeur de centre équestre et la propriétaire de l’animal! Depuis l’annonce de notre dépôt de plainte pour actes de cruauté, sévices graves et mauvais traitements par un professionnel (une circonstance aggravante), nous avons reçu plusieurs signalements d’anciens cavaliers, témoins de maltraitances envers les chevaux dans cet établissement.

En effet, ces agissements intolérables ne dateraient pas d’hier: il y a des années de cela, et pendant de longues minutes, une ponette aurait été frappée avec un ballon de horse-ball en pleine tête, à tel point que les lanières de celui-ci lui auraient ouvert le chanfrein, allant jusqu’à provoquer des saignements.

Frapper un animal n’est jamais acceptable

Le maire de Levens lui-même, qui explique être intervenu et avoir réussi à charger la jument calmement et sans recours à la force dans un autre camion quelques minutes après les faits, témoignait auprès de Nice-Matin: «Ce n’est pas la première fois que l’on a des problèmes avec lui. C’est un fou, c’est un scandale… On sera derrière les associations, on soutiendra les plaintes qui seront déposées.»

Pour cette jument, nous avons déposé plainte pour actes de cruauté, sévices graves et mauvais traitements commis par un professionnel (un facteur aggravant) sur un animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité. Afin que justice soit rendue dans cette sordide affaire, nous sommes à l’écoute de tout témoignage de personnes présentes à la fête du cheval de Levens le samedi 29 juillet au moment des faits.

Tirs d’effarouchement des ours : les semaines se suivent et se ressemblent en Ariège…

Tirs d’effarouchement des ours : les semaines se suivent et se ressemblent en Ariège…

Tirs d’effarouchement des ours : les semaines se suivent et se ressemblent en Ariège…
01.08.2023
Ariège
Tirs d’effarouchement des ours : les semaines se suivent et se ressemblent en Ariège…
Animaux sauvages

En réponse au dépôt de nos deux nouveaux référés-libertés, vient d’être fixée en urgence une audience au tribunal administratif de Toulouse, demain 2 août 2023 à 9h30, pour faire suspendre les deux arrêtés préfectoraux pris en catimini – encore – hier soir. One Voice y sera pour les ours.

Les effarouchements renforcés prévus sur les ours dans le Massif des Pyrénées les nuits du 2 au 3 août et du 3 au 4 août ont été autorisés ce lundi largement après 17h30 par la préfecture de l’Ariège. Pour l’estive d’Arreau, notre référé-liberté d’il y a deux semaines avait mené à l’interruption des tirs. Pour celle d’Ourdouas, c’est inédit en 2023.

Une fois de plus, et c’est visiblement une nouvelle réalité dans ce département d’Occitanie, l’État se moque de laisser une once de respiration aux ours… et à leurs défenseurs. Chaque semaine depuis le début du mois de juillet, c’est la même rengaine: c’est une course contre la montre pour éviter aux ours et aux oursons des tirs d’effarouchement allant à l’encontre de leur santé et de celle de l’espèce dans son ensemble.

Ces tirs, qui sont, rappelons-le, dérogatoires à un régime de protection stricte, sont susceptibles d’entraîner un stress intense allant jusqu’à provoquer l’avortement des femelles gestantes et la séparation des ourses d’avec leurs petits, soit des dégâts inacceptables tant sur le plan de la sentience de ces animaux que de l’environnement. Leur population est en grand danger d’extinction, à tel point que des captures en Slovénie ont été effectuées pour tenter d’inverser la tendance… alors même qu’ils sont relâchés sur un territoire qui est hautement hostile à leur existence même.

Le tribunal administratif récusera-t-il les arguments soufflés par les éleveurs ?

Heureusement, le tribunal administratif a entendu les arguments développés dans nos premiers référés-libertés et ne les a pas tous récusés la semaine suivante. Nous sommes furieux du comportement irresponsable de la préfecture qui refuse de protéger les animaux en danger, au bénéfice d’un lobby agricole tout-puissant qui dicte littéralement sa loi.

Rien ne prouve pourtant aux éleveurs que les ours sont à blâmer ! Et quand bien même serait-ce le cas, ne peut-on trouver des solutions qui permettent de coexister sans passer immédiatement par leur persécution ?

À l’heure où la lutte pour la préservation de la biodiversité et pour le droit des animaux à vivre en paix constitue un enjeu majeur de notre temps permettant de limiter l’effondrement du vivant et l’impact des changements environnementaux, la préfecture fait le choix délirant de continuer à effaroucher les ours.

Ce 2 août 2023 à 9h30, nous serons donc présents à l’audience du tribunal de Toulouse (déjà pour la troisième fois cet été) pour défendre les ourses et leurs petits contre les tirs d’effarouchement dans les estives ariégeoises d’Ourdouas et d’Arreau.

Les associations AVES, One Voice et PAZ se mobilisent pour que l’ours Valentin ne soit pas exhibé cet été à Troyes

Les associations AVES, One Voice et PAZ se mobilisent pour que l’ours Valentin ne soit pas exhibé cet été à Troyes

Les associations AVES, One Voice et PAZ se mobilisent pour que l’ours Valentin ne soit pas exhibé cet été à Troyes
31.07.2023
Aube
Les associations AVES, One Voice et PAZ se mobilisent pour que l’ours Valentin ne soit pas exhibé cet été à Troyes
Exploitation pour le spectacle

Le festival « Chasse et campagne » est organisé le 20 août 2023 au sein du Château de Vaux et prévoit de présenter au public l’ours dressé nommé Valentin pour deux représentations. Les associations AVES France, One Voice et PAZ ont joint leurs forces et écrit aux organisateurs du festival, à la préfète du département de l’Aube (Cécile Dindar) et au maire de Troyes (François Baroin). Nos trois structures demandent que Valentin ne soit pas présenté au public lors de cet événement. Soutenez notre action en signant notre pétition!

Les ours sont des animaux sauvages qui ne peuvent en aucun cas s’épanouir en captivité. Certains d’entre eux, comme Valentin, sont soustraits à leur mère dès leur plus jeune âge afin de créer une dépendance entre l’animal et son dresseur, qui le maintient en captivité. Par un dressage forcément violent, le « montreur » d’ours obtient de son animal une soumission aveugle. Ces ours sont enfermés à vie et transportés, parfois sur de longues distances, vers les lieux de leur représentation. Leurs conditions de détention sont intolérables ; on constate d’ailleurs très fréquemment des troubles du comportement (tels que des stéréotypies) et des états d’anxiété chronique. Le fait que Valentin voyage dans une remorque climatisée pour être exploité de ville en ville n’est en aucun cas un gage de son bien-être. Il s’agit juste d’une diversion pour faire croire au public et aux organisateurs que l’ours est bien traité, alors que sa simple participation à des représentations est contraire aux besoins de son espèce.

Conformément à la loi contre la maltraitance animale du 30 novembre 2021, la détention d’animaux sauvages au sein des établissements de spectacles itinérants sera interdite d’ici le 1er décembre 2028, tandis que leur acquisition, leur commercialisation et leur reproduction seront prohibées au 1er décembre 2023. S’agissant des ours et des loups, leur présentation au public à l’occasion de spectacles itinérants deviendra illégale dès cette fin d’année.

En attendant la mise en application de ce texte de loi, les associations AVES France, One Voice et PAZ s’inquiètent du sort réservé à Valentin, demandent urgemment sa mise à la retraite et son placement dans un sanctuaire au plus vite. Pour cela, son exploitation pour des spectacles mettant en scène sa soumission totale doit cesser !

De plus, durant le festival, de nombreuses activités mettant en scène des animaux seront proposées au public. Pour n’en citer que quelques exemples :

  • exposition de grands gibiers dans l’une des salles du château ;
  • présentation à pied de chiens de déterrage et de meutes de chiens courants ;
  • spectacle équestre – dressage ;
  • spectacle de fauconnerie ;
  • grand drag de vénerie.

D’autres pourront également être réalisées, à destination principalement des enfants, telles que la visite du parc à chiots, la promenade à poney ou encore la promenade en calèche.

D’une part, ces animations sont anti-pédagogiques. Quel exemple donnent-elles aux jeunes générations ? Les animaux y sont considérés comme de simples objets de divertissement que l’on peut manipuler, exploiter et utiliser sans aucune considération pour leurs désirs ou leurs besoins. Cette réification de l’animal va à l’encontre de l’éducation de générations futures plus respectueuses de leur environnement et des individus avec qui elles le partagent.

D’autre part, cet environnement est totalement inadapté aux animaux. Les soumettre volontairement à un tel niveau de stress dans un but purement récréatif est cruel et contraire à l’éthique. Les chiens, les chevaux et les oiseaux, qui ont pourtant des capacités cognitives et sensibles extraordinaires, sont ici réduits à des numéros.

Nous sommes également extrêmement inquiets des conditions de détention des animaux durant le festival. En effet, ce dernier est organisé en plein milieu du mois d’août, alors que les températures extérieures sont souvent très élevées à cette période de l’année. Dans ces conditions, les individus pourront souffrir de la chaleur, notamment lors de leurs représentations, et seront de surcroît soumis au stress du passage des visiteurs et du bruit, sans possibilité de s’y soustraire.

En l’état, ce festival et la mise en scène d’animaux ternissent assurément l’image du Château de Vaux, qui dispose par ailleurs d’un intérêt culturel incontestable.

Pour l’ensemble de ces raisons, nous exhortons les autorités (préfecture et mairie) et les organisateurs à agir en faveur des animaux exposés lors du festival « Chasse et campagne » et à renoncer, dès à présent, aux deux représentations programmées de l’ours Valentin, afin de privilégier des animations plus éthiques à la place. Nos associations sont disposées à apporter leur expertise sur ce thème et restent à leur disposition pour toute demande d’informations supplémentaires.

Nous invitons le public à signer notre pétition !

Surpoids inquiétant et stress permanent, nouvelle plainte pour la dernière éléphante de cirque en France : Samba

Surpoids inquiétant et stress permanent, nouvelle plainte pour la dernière éléphante de cirque en France : Samba

Surpoids inquiétant et stress permanent, nouvelle plainte pour la dernière éléphante de cirque en France : Samba
27.07.2023
Surpoids inquiétant et stress permanent, nouvelle plainte pour la dernière éléphante de cirque en France : Samba
Exploitation pour le spectacle

Rien n’a changé pour Samba depuis notre première « rencontre » en 2002. Vingt ans plus tard, elle est seule entre camion et chapiteau, toujours contrainte à réaliser des numéros humiliants et dangereux pour son corps meurtri par des décennies d’exploitation. Sur la base de nos dernières images d’enquête et de quatre expertises de spécialistes en éléphants d’Afrique, nous portons plainte contre le Cirque d’Europe. La dernière « éléphante de cirque » française doit être placée dans un sanctuaire avant qu’il ne soit trop tard.

À 35 ans, Samba sillonne toujours la Seine-et-Marne. En avril dernier, nous l’avons retrouvée à Dammarie-les-Lys, puis, en juin, à Longperrier. Les images que nous avons envoyées à la justice ne trompent pas : malgré une santé déclinante, elle continue d’être exploitée sans relâche avec l’inaction complice du ministère de la Transition écologique.

Sous le chapiteau, la peur et la douleur pour seule réalité

Parader, tourner sur elle-même sur un tabouret tout juste assez large pour ses quatre pattes, marcher sur ses poignets et s’effondrer par terre… le tout avec une circassienne en permanence sur son dos. Voilà ce que Max Aucante lui impose sempiternellement de répéter, sur la piste du Cirque d’Europe. Une aberration quand on sait qu’une telle pression sur la colonne vertébrale d’un éléphant peut la déformer, détériorer ses os et aggraver l’arthrite. L’effort qui lui est demandé est si important qu’elle s’urine dessus en pleine représentation.

Combien de coups d’ankus Samba a-t-elle dû recevoir pour se résoudre à se soumettre, de peur d’être battue comme en 2003 ?

«Il n’y a aucun doute quant à la maltraitance actuelle de cet éléphant et à la nécessité de le déplacer […] je recommande que Samba soit retirée de la norme de traitement qui a directement entraîné des blessures physiques et mentales, tant dans le passé que dans le présent. Samba nécessite des soins de haute qualité qui peuvent être offerts par un sanctuaire pour éléphants.»Dr. Philip Ensley, vétérinaire

L’enfermement et la solitude à vie

Peu importe, aux yeux de ceux qui l’exploitent, qu’elle soit un animal extrêmement social, intelligent et plein d’empathie… En dehors des spectacles, Samba est enfermée dans une remorque où elle a tout juste la place de s’allonger, ou à même le bitume dans un enclos qui serait incapable de prévenir une évasion si elle tentait à nouveau d’échapper à son calvaire. Désespérément seule, elle ne dispose même pas d’un seul enrichissement pour se distraire.

L’inaction des autorités a condamné les éléphantes françaises

Pour que Samba ait une vie digne, loin de son dresseur, nous avons mobilisé des enquêteurs, saisi la justice, publié des rapports, obtenu le soutien de spécialistes, organisé des manifestations, écrit aux élus… Tout ça pour que la préfecture des Bouches-du-Rhône, dont dépend le cirque, et le ministère de la Transition écologique fassent la sourde oreille.

La vieille trentenaire est aujourd’hui en surpoids, principale cause de mortalité chez les éléphants captifs. Une place au sein d’un sanctuaire l’attend aux États-Unis. Mais il faut croire que l’État préfère qu’elle connaisse une fin aussi misérable que l’a été sa vie dans notre pays. Si rien n’est fait rapidement, elle sera abandonnée hors de nos frontières pour y mourir, comme Dumba avant elle, ou transférée avec l’accord du ministère dans un zoo étranger où son exploitation se poursuivra indéfiniment, comme Baby.

Nous ne laisserons pas l’État abandonner Samba. Pour elle, nous saisissons une nouvelle fois la justice. Signez notre pétition pour demander avec nous le placement immédiat de la « dernière éléphante de cirque » française dans un sanctuaire.

La Commission européenne soutient une suppression « progressive » de l’utilisation d’animaux dans les tests chimiques, mais ignore les cosmétiques

La Commission européenne soutient une suppression « progressive » de l’utilisation d’animaux dans les tests chimiques, mais ignore les cosmétiques

La Commission européenne soutient une suppression « progressive » de l’utilisation d’animaux dans les tests chimiques, mais ignore les cosmétiques
26.07.2023
Union Européenne
La Commission européenne soutient une suppression « progressive » de l’utilisation d’animaux dans les tests chimiques, mais ignore les cosmétiques
Expérimentation animale

La Commission européenne a donné le 25 juillet 2023 le coup d’envoi d’un plan visant à supprimer progressivement l’expérimentation animale pour les produits chimiques dans toute l’Europe, mais elle ne protégera pas l’interdiction des tests sur les animaux pour les produits cosmétiques demandée par l’Initiative citoyenne européenne (ICE) « Save Cruelty Free Cosmetics », signée par 1,2 million de citoyens européens. Une réponse qui laisse une impression pour le moins mitigée.

Si nous nous félicitons du plan visant à éliminer à terme l’expérimentation animale pour les produits chimiques et des propositions à plus long terme visant à réduire et à supprimer progressivement l’utilisation d’animaux dans la recherche et l’éducation, la Commission a scandaleusement ignoré les appels des citoyens à maintenir l’interdiction de l’expérimentation animale pour les produits cosmétiques, une interdiction établie par les législateurs il y a plus d’une décennie.

Bien que l’Union européenne ait interdit en 2009 les tests sur les animaux pour les ingrédients cosmétiques, des tests sur les animaux pour les produits chimiques manipulés par les travailleurs du secteur industriel ou susceptibles d’être rejetés dans l’environnement sont toujours exigés en vertu du règlement REACH (enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des produits chimiques). Pour la Commission européenne, puisque certains tests ne sont pas encore remplacés, interdire l’utilisation d’animaux reviendrait à obliger le retrait du marché de certains produits. Toujours, l’économie avant les animaux. Plutôt que d’attendre que les tribunaux de l’UE résolvent cette question dans une affaire en cours comme le propose la Commission, les demandes des citoyens devraient être immédiatement prises en compte afin d’éviter des souffrances supplémentaires aux animaux.

Dans l’UE et en Norvège, 8 millions d’animaux ont souffert dans les laboratoires en 2020. Des substances leur sont administrées de force dans la gorge, ils sont infectés par des maladies invalidantes, manipulés génétiquement, subissent des lésions cérébrales lors d’opérations chirurgicales, sont exposés à des douleurs intenses et utilisés dans des programmes d’élevage qui perpétuent ce cycle de souffrance. La Commission se félicite pourtant de cette « réduction » en 2020 par rapport aux années précédentes, sans mentionner qu’elle est principalement due à la pandémie de Covid-19, comme on l’a vu avec la remontée des chiffres français en 2021.

Un outil de démocratie participative européen mis au service de la sortie des animaux des laboratoires

Cette Initiative a été lancée en août 2021, notamment par One Voice au sein des coalitions Cruelty Free Europe, European Coalition to End Animal Experiments et aux côtés de Eurogroup for Animals, Humane Society International/Europe et People for the Ethical Treatment of Animals, avec le soutien des marques The Body Shop et Dove. Elle appelait au renforcement et à la protection de l’interdiction de l’expérimentation animale pour les cosmétiques, à la transformation de la réglementation sur les produits chimiques pour mettre fin aux essais sur les animaux et à l’engagement d’éliminer progressivement tous les tests sur les animaux en Europe. C’est la deuxième ICE sur ce sujet qui a dépassé le million de signatures, après « Stop Vivisection » en 2015, et seulement la neuvième à avoir été couronnée de succès parmi plus d’une centaine qui ont été soumises aux institutions européennes.

Une réponse positive qui laisse un goût d’inachevé

Parmi les engagements positifs pris par la Commission en réponse à l’ICE, on trouve :

  • l’élaboration d’une feuille de route pour mettre fin à tous les tests obligatoires sur les animaux pour les produits chimiques industriels, les pesticides, les biocides et les médicaments humains et vétérinaires. Mais aucune précision n’est donnée sur les moyens qui seront investis dans cette feuille de route, si ce n’est qu’elle sera définie au cours de deux ateliers, aux seconds semestres 2023 et 2024. Il ne faut pas être pressé… La Commission est tout de même consciente de la nécessité de moderniser la loi pour faciliter l’adoption des méthodes de test sans animaux, ce qui est primordial ;
  • la réponse à l’ICE mentionne également la création d’un comité d’experts, la préparation d’ateliers et la coordination des politiques nationales pour développer les méthodes de recherche sans animaux, sans pourtant donner aucune précision quant au contenu plus concret de ces propositions ;
  • quant aux méthodes alternatives, la Commission se félicite d’avoir subventionné leur développement à hauteur d’un milliard d’euros sur vingt ans – ce qui correspond au financement de quelques centaines de personnes à temps plein. Sachant que le programme Horizon Europe dispose d’un budget de près de cent milliards d’euros sur huit ans, et que la France compte à elle seule plus de 600 laboratoires d’expérimentation animale, la volonté européenne de simplement « continuer » à financer les alternatives semble franchement insuffisante.

Les citoyens et citoyennes attendent désormais de toutes les parties concernées qu’elles veillent à ce que les mesures proposées par la Commission aient un impact maximal et significatif. Nous continuerons d’œuvrer pour des engagements plus ambitieux encore !

Vénerie sous terre des blaireaux : quand les préfectures s’emmêlent les pinceaux

Vénerie sous terre des blaireaux : quand les préfectures s’emmêlent les pinceaux

Vénerie sous terre des blaireaux : quand les préfectures s’emmêlent les pinceaux
26.07.2023
Vénerie sous terre des blaireaux : quand les préfectures s’emmêlent les pinceaux
Animaux sauvages

L’État n’est jamais à court d’imagination lorsqu’il s’agit de nous empêcher de dénoncer des actes illégaux. En Ille-et-Vilaine, le préfet a ainsi adopté non pas un, non pas deux, mais trois arrêtés autorisant le déterrage des blaireaux au printemps et en été. Chacun abrogeant le précédent. Sans doute espérait-il que nous n’arriverions pas à suivre. C’était peine perdue : non seulement nous avons obtenu la suspension de ce mode de chasse, mais le préfet s’est retrouvé lui-même perdu dans cette stratégie.

Alors que la justice nous a massivement donné raison et a suspendu le déterrage des blaireaux dans de nombreux départements, un vent de panique souffle sur les préfectures, qui se perdent dans leurs propres stratagèmes pour nous mettre des bâtons dans les roues et nous empêcher de sauver les blaireaux. Cette année, l’Ille-et-Vilaine s’est particulièrement illustrée…

Non pas un, non pas deux, mais trois arrêtés !

Acte premier : le 1er juin 2022, le préfet autorise une période complémentaire de vénerie sous terre du 1er au 30 juin 2023. Acte 2 : le 5 janvier 2023, il signe un nouvel arrêté, abrogeant celui du 1er juin, et autorisant le déterrage… du 1er au 30 juin 2023. On a déjà du mal à suivre ! Acte 3 : le 16 mai 2023, rebelotte ! Un nouvel arrêté abroge celui du 5 janvier 2023, et autorise la vénerie sous terre du 1er juin 2023 au 14 septembre 2023.

Dans ce labyrinthe se cache en réalité une stratégie claire : multiplier les tentatives de nous déstabiliser, en espérant que nous nous perdions dans ces publications et ces abrogations à répétition. Sur un malentendu, ça pourrait passer !

L’arroseur arrosé, et les blaireaux sauvés

Mais ces stratégies n’ont pas fonctionné : nous avons attaqué ces décisions et, le 16 juin 2023, avec AVES, nous avons obtenu victoire. Aucun blaireau ne sera déterré dans le département cet été.

Quelle ne fut donc pas notre surprise de recevoir, quelques semaines plus tard, un mémoire en défense de plusieurs dizaines de pages, dans lequel le préfet défendait bec et ongles un acte… qu’il avait lui-même abrogé !

Nous avons immédiatement averti le tribunal de cette situation ubuesque. Le 18 juillet, le juge n’a pu que constater que nous avions déjà obtenu entière satisfaction, et que la préfecture défendait un arrêté qui n’existait plus…

Une leçon que devraient retenir les représentants de l’État : ces stratagèmes pour permettre à tout prix aux chasseurs de tuer des blaireaux ne fonctionnent pas et ne font que renforcer notre détermination à porter la voix de ces animaux massacrés par milliers – petits y compris – pour le plaisir de quelques-uns.

Pour sauver toujours plus de blaireaux des pinces, des pelles et des fusils des chasseurs, signez notre pétition pour l’abolition de la vénerie sous terre, et soutenez-nous !

Ours bruns en Ariège : face à un opposant déloyal, la préfecture, One Voice obtient à l’arraché la suspension des arrêtés

Ours bruns en Ariège : face à un opposant déloyal, la préfecture, One Voice obtient à l’arraché la suspension des arrêtés

Ours bruns en Ariège : face à un opposant déloyal, la préfecture, One Voice obtient à l’arraché la suspension des arrêtés
25.07.2023
Arriège
Ours bruns en Ariège : face à un opposant déloyal, la préfecture, One Voice obtient à l’arraché la suspension des arrêtés
Animaux sauvages

Penseriez-vous pouvoir remporter contre Goliath un duel à mains nues avec votre bras le plus fort attaché dans le dos ? C’est en substance ce que nous avons réussi à faire avec les conseils précieux du cabinet Thouy Avocats pour défendre les ours en Ariège la semaine dernière. La préfecture avait autorisé des tirs d’effarouchement renforcés deux nuits de suite dès le lendemain de la publication des arrêtés. Avec une procédure juridique rarement utilisée et aux résultats incertains, nous avons obtenu une victoire rapide et majeure ! On s’engage potentiellement dans une course de fond à obstacles. Mais pour les ours et avec votre soutien, rien ne nous arrêtera !

Pour flatter à tout prix le lobby de l’élevage en rendant possible l’effarouchement sonore (source de stress pour les ourses brunes gestantes, et potentiellement dangereux pour les oursons pouvant être blessés ou séparés de leur mère), la préfecture joue avec la légalité. Cette année, pour éviter la répétition à l’identique du scénario de l’été 2022 où aucun tir d’effarouchement n’avait été possible grâce à notre action en justice, la préfète a mis en place des attaques éclair et ciblées. Ses arrêtés sont très restreints dans le temps (deux nuits) et ont un délai d’application au lendemain de leur publication, rendant tout recours extrêmement difficile à déposer dans un temps suffisant pour qu’une audience soit fixée et une décision rendue avant l’exécution des mesures.

Aux grands maux les grands remèdes

En plus du recours en annulation qui peut rendre illégal un arrêté a posteriori de son application et du référé-suspension
qui permet son interruption en quelques jours (et épargne donc souvent la vie des animaux), il existe le référé-liberté, qui permet une suspension encore plus rapide de l’arrêté contesté : sous quelques heures. Mais avec ce dernier, les motifs juridiques que l’on présente au tribunal pour obtenir gain de cause doivent être très spécifiques, et il est rare qu’ils épousent parfaitement la situation. L’extrême réactivité et l’argumentation pointue qu’il nécessite expliquent pourquoi nous n’avions jamais tenté ce type de procédure auparavant.

Rien n’était joué d’avance, et obtenir des décisions justes n’en est que plus savoureux

Comme elle l’avait fait les 3 et 10 juillet, le 17 en fin de journée, la préfète a publié ses trois arrêtés concernant le groupement pastoral d’Arreau, celui du Trapech et l’association foncière pastorale Massat-Le Port. Mais cette fois, nous étions prêts. Nous avons déposé nos recours et référés-libertés le 18 en début d’après-midi, et l’audience a été fixée le soir pour le lendemain matin au tribunal administratif de Toulouse.

Nous allions au contentieux à la fois déterminés et en colère, mais sans préjuger de la décision finale. Et les tirs dans la nuit du 19 au 20 juillet n’ont pas eu lieu : les trois arrêtés ont été suspendus en urgence avant la fin de l’exécution de ceux-ci ! Une magnifique victoire, qui met un point d’arrêt net aux abus de la préfecture.

Pour le juge, les conditions permettant ces autorisations dérogatoires à la protection des ours n’étaient pas remplies concernant le nombre d’attaques de troupeaux, ou leur imputabilité avec certitude aux ours. Cet élément a suffi à suspendre les arrêtés. Ainsi, la stratégie de la préfecture consistant à reprendre chaque semaine des arrêtés similaires sans preuve de nouveaux développements ne sera pas possible. Le juge a aussi précisé qu’il n’était pas nécessaire d’examiner les autres arguments, notamment l’absence de mesures de protection des troupeaux qui avait fait mouche l’année dernière auprès de son confrère.

Un référé-liberté sur le droit à un environnement sain : une victoire qui fera jurisprudence

Ces décisions sont extrêmement importantes à plusieurs niveaux. Tout d’abord, elles reconnaissent l’urgence à statuer sur des mesures d’effarouchement, ce qui est essentiel pour la paix des ours et des oursons dans le Massif des Pyrénées.

Mais aussi et surtout sur la liberté fondamentale du droit à un environnement équilibré concernant la défense des animaux, en particulier ceux qui sont inscrits sur la liste rouge de l’UICN. Depuis sa reconnaissance par le Conseil d’État en 2022, ce n’est que la deuxième décision qui intervient sur cette liberté fondamentale au profit d’une association et avec succès.

Elles le sont aussi par rapport à la jurisprudence à venir qui nous permet d’envisager désormais les référés-libertés – extrêmement stricts, et que nous avions toujours écartés faute de précédent en la matière – pour d’autres animaux dans des situations d’urgence particulière.

Le test d’endurance perpétuel

Notre 4e
référé, qui demandait à ce que la préfecture soit obligée de publier ses arrêtés dans un délai acceptable, lui, a été rejeté le lendemain du fait des suspensions intervenues la veille. Nous étions pantelants après avoir réussi à déplacer des montagnes. Et le tribunal, à la fois bienveillant et goguenard, a semblé nous dire : « Vous voyez que quand on veut, on peut dépasser l’impossible » !

Nous savons que la défense des animaux est un combat de longue haleine et non un sprint. Après cette quatrième décision, nous craignions que ce jeu pervers se répète inlassablement. Mais les juges du tribunal administratif de Toulouse ont entendu et retenu suffisamment de nos arguments. Nous ne serons pas en berne, et ne nous gênerons pas pour les présenter à nouveau le cas échéant !

Semblant s’en moquer complètement de se faire condamner, aujourd’hui le 25 juillet, la préfecture de l’Ariège publie un arrêté autorisant les tirs d’effarouchements sur une autre estive, les nuits de mercredi à jeudi et de jeudi à vendredi (du 26 au 28 juillet). Nous préparons la contre-attaque.

Face à tant d’irresponsabilité de la part des représentants de l’État, avec vous à nos côtés, les ours ont des alliés indispensables !

Soutenez nos actions pour les ours

One Voice saisit la justice en urgence contre la préfecture de l’Ariège. Audience de nos référés libertés demain à 11h30 à Toulouse

One Voice saisit la justice en urgence contre la préfecture de l’Ariège. Audience de nos référés libertés demain à 11h30 à Toulouse

One Voice saisit la justice en urgence contre la préfecture de l’Ariège. Audience de nos référés libertés demain à 11h30 à Toulouse
18.07.2023
One Voice saisit la justice en urgence contre la préfecture de l’Ariège. Audience de nos référés libertés demain à 11h30 à Toulouse
Animaux sauvages

Depuis plus de deux semaines, la préfecture de l’Ariège publie des arrêtés qui autorisent la mise en place de mesures d’effarouchement par tir à effet sonore des ours bruns en vue de « prévenir les dommages aux troupeaux ». Ces arrêtés sont publiés systématiquement pour application sous quarante-huit heures. Nous nous insurgeons contre ce procédé qui, au-delà de poser problème pour les ours, empêche aussi tout recours dans un délai acceptable. L’administration contourne ainsi la réglementation en toute connaissance de cause. Elle cherche à éviter le scénario de l’été 2022, où nous avions fait suspendre puis annuler ses neuf arrêtés permettant l’effarouchement des ours. Nous avons donc déposé quatre référés libertés. L’audience a lieu ce mercredi 19 juillet à 11h30 au tribunal administratif de Toulouse.

Photo : Collectif Hope & ferestecspirineus wildlife photos

Puisque l’année dernière, nous avons réussi à faire suspendre en urgence l’exécution des neuf arrêtés de la préfecture de l’Ariège sur des tirs d’effarouchement des ours, celle-ci a manifestement décidé d’adapter sa stratégie. Dorénavant, elle publie ses arrêtés de telle manière qu’ils soient appliqués dès le lendemain et pour une durée maximale de deux jours. Elle réitère cela autant que nécessaire.

Un court-circuitage de la réglementation

Les arrêtés du lundi 3 juillet 2023 ont autorisé l’effarouchement des ours sur les estives des groupements pastoraux d’Arreau et du Trapech, qui contiennent respectivement plus de 1800 et 2000 brebis et moutons, alors qu’aucun parc de nuit n’est mis en place dans ces deux estives. Ces mesures étaient autorisées et ont été effectuées deux nuits de suite, du 4 au 5 et du 5 au 6 juillet, entre 20h et 7h30.

Le 10 juillet, rebelote sur les mêmes estives. Une fois encore, les mesures préfectorales ont été réalisées le lendemain de leur publication, à savoir du mardi 11 de 20h au mercredi 12 juillet à 7h30, et la nuit suivante selon les mêmes horaires.

L’idée de la préfète est clairement de court-circuiter tout recours juridique et de priver ainsi toutes les personnes ou organisations intéressées à leur droit à un recours effectif. En effet, même si nous saisissons les juridictions immédiatement après la publication des arrêtés, aucune décision de justice n’interviendrait avant l’exécution totale des mesures autorisées, car, dans le cadre d’un référé-suspension, l’ordonnance des juges n’a généralement lieu que dans un délai de quelques jours à quelques semaines.

Après deux précédents, nous nous opposons immédiatement à la troisième tentative préfectorale

Mais nous ne pouvons laisser les ours en proie à ces contournements vicieux des services de l’État, pour des estives qui ne sont pas même protégées correctement ! C’est pourquoi nous nous battons aujourd’hui avec de nouvelles armes pour mettre le holà à cette stratégie préfectorale intolérable qui se généralise de plus en plus.

Quand, hier en fin de journée, le département de l’Ariège a publié trois nouveaux arrêtés autorisant ces tirs sonores terrorisants pour les ours bruns dans les groupements pastoraux d’Arreau et du Trapech ainsi que dans l’estive de Massat-le Port pour une autorisation dès ce soir et la nuit suivante, nous étions prêts.

Le référé-liberté est le seul recours qui permettrait d’obtenir une décision avant la fin de l’exécution complète de l’arrêté préfectoral. En effet, le juge doit statuer dans un délai maximal de quarante-huit heures. Nous en avons donc déposé trois dès aujourd’hui, pour tenter de faire valoir la violation du droit à un environnement équilibré, en plus d’un autre pour que le préfet soit contraint de publier ses actes dans un délai suffisant avant la mise en œuvre des mesures d’effarouchement. L’audience aura lieu demain, 19 juillet à 11h30 au tribunal administratif de Toulouse.

Quand l’empathie disparait face aux objectifs des laboratoires : entretien avec Kevin Vezirian

Quand l’empathie disparait face aux objectifs des laboratoires : entretien avec Kevin Vezirian

Quand l’empathie disparait face aux objectifs des laboratoires : entretien avec Kevin Vezirian
18.07.2023
Quand l’empathie disparait face aux objectifs des laboratoires : entretien avec Kevin Vezirian
Expérimentation animale

Le 29 novembre 2022, Kevin Vezirian a obtenu le titre de docteur en psychologie sociale avec une thèse de recherche portant sur l’étude de l’expérimentation animale du point de vue de la psychologie sociale. Les violences infligées aux animaux sont-elles liées aux violences entre personnes humaines ? Les personnes qui pratiquent l’expérimentation animale sont-elles dépourvues d’empathie ? Toutes les réponses par ce spécialiste du domaine.

Vous venez d’obtenir votre doctorat en psychologie sociale. Qu’est-ce que cela veut dire, concrètement ?

Un doctorat (ou PhD) est un diplôme universitaire délivré au terme d’une activité de recherche scientifique. Concrètement, dans mon cas, cela veut dire que j’ai mené une activité de recherche en psychologie sociale, une discipline scientifique visant à comprendre et expliquer comment les pensées et les comportements des individus sont influencés par la présence d’autrui. Plus particulièrement, mon activité de recherche consistait à étudier les facteurs individuels et les cadres contextuels qui facilitent et légitiment les préjudices envers les animaux de laboratoire, et cela au travers de théories en psychologie sociale.

Tout au long de la thèse, vous faites le lien entre les discriminations entre groupes humains et les mauvais traitements dont sont victimes les autres animaux. Ce lien est-il bien établi, scientifiquement ?

Le lien entre la manière dont se comportent les individus vis-à-vis d’autrui et la manière dont ils se comportent vis-à-vis des animaux est déjà bien établi. Une riche littérature indique par exemple qu’il y a une forte relation entre la cruauté envers les animaux et les violences interpersonnelles. Cependant, des preuves grandissantes suggèrent en effet qu’une interrelation existerait entre les discriminations à l’égard des individus et les attitudes et comportements envers les animaux. Ainsi, des recherches montrent que les individus ayant de forts préjugés négatifs envers autrui en raison de leur ethnicité sont aussi plus susceptibles d’adhérer fortement au spécisme, une idéologie qui défend que toutes les espèces animales ne méritent pas les mêmes considérations morales et que l’exploitation de certains animaux est justifiée. Une récente recherche menée par une équipe de chercheurs de l’université d’Oxford indique d’ailleurs que l’adhésion à des idéologies spécistes est positivement corrélée avec d’autres formes de discriminations, comme le racisme, le sexisme, ou encore l’homophobie.

Bien que ces résultats soient intrigants, il n’est en réalité pas si surprenant de constater que la manière dont les individus perçoivent les membres de groupes discriminés est intimement liée à la manière dont ils perçoivent les animaux, car après tout, les animaux ont eux aussi toutes les caractéristiques d’individus discriminés et exploités en raison de ce qu’ils sont.

Quelle est la place de l’expérimentation animale dans ce cadre ?

L’expérimentation animale consiste à s’appuyer sur des modèles animaux pour mener des expériences, la plupart du temps à des fins scientifiques, que nous préférons ne pas réaliser sur des humains pour des raisons éthiques ou morales. L’expérimentation animale contraste ainsi fortement les considérations que nous avons pour un groupe social particulier, les humains, par rapport à celles que nous avons pour un autre groupe social, les animaux de laboratoire. Alors que de nombreux sondages indiquent que la population est majoritairement opposée à l’utilisation d’animaux de laboratoire, il existe une certaine variabilité quant à la légitimité perçue de cette pratique, et il apparait nécessaire de comprendre d’où proviennent ces différences interindividuelles et contextuelles. De plus, l’expérimentation animale se fait au détriment d’animaux que nous devrions être motivés à protéger de la souffrance, et il est primordial de comprendre quelles sont les stratégies comportementales qui permettent aux individus de rationaliser et de légitimer leur utilisation à des fins de recherche, alors qu’elle est quasiment toujours synonyme de funestes finalités. Il y a fort à parier que les réponses à nos questions se trouvent dans notre manière de percevoir et d’interagir avec autrui, et la psychologie sociale est à ce titre très pertinente.

Les personnes qui pratiquent l’expérimentation animale sont-elles donc dépourvues d’empathie ? Sinon, comment réussissent-elles à infliger ces souffrances aux animaux ?

Dépourvues d’empathie, probablement pas. D’ailleurs, dans nos recherches, nous n’avons en réalité aucune donnée concernant les dispositions empathiques des techniciens de laboratoire, donc nous ne pouvons pas apporter de réponses claires à ce propos. En revanche, nos recherches indiquent que dans la population générale, de moindres dispositions empathiques sont effectivement associées à une plus grande légitimité perçue de l’expérimentation animale, mais aussi à des comportements plus néfastes envers un animal de laboratoire dans le cadre d’une recherche pharmaceutique.

Quant à savoir comment des personnes arrivent à infliger des souffrances à des animaux à des fins scientifiques, nos recherches apportent quelques éléments de réponse. En nous inspirant du protocole de Stanley Milgram, nous avons invité des personnes à conduire une (fausse) recherche pharmaceutique sur un (faux) animal de laboratoire, et nos résultats indiquent que la focalisation préalable sur les bénéfices de la science allait aussi significativement augmenter la motivation des individus à participer à la recherche au détriment de l’animal, mais aussi que de fortes dispositions pro-scientifiques étaient fortement reliées à la légitimité perçue de l’expérimentation et à la vision instrumentale d’un animal de laboratoire. En somme, cette recherche indique que la poursuite de buts scientifiques permettrait d’atténuer temporairement les considérations empathiques que les individus ont à l’égard des animaux de laboratoire afin de faciliter leur utilisation à des fins de recherche et la poursuite de la recherche. Dans une autre recherche en cours d’expertise, nous montrons aussi que des stratégies de dénigrement des capacités mentales et cognitives des animaux de laboratoire peuvent être à l’œuvre afin de justifier l’utilisation d’animaux de laboratoire. Alors que faire souffrir autrui va à l’encontre de nos principes moraux les plus fondamentaux, nous démontrons que les individus peuvent être motivés à diminuer les capacités mentales et de sentience d’un animal de laboratoire afin de rendre, en quelque sorte, son utilisation plus moralement acceptable.

Fort des connaissances établies par vos recherches, quelle voie d’action recommanderiez-vous afin que la situation s’améliore pour ces animaux ?

Nos recherches montrent que les objectifs scientifiques derrière l’expérimentation animale permettent de diminuer les considérations morales que les individus ont envers les animaux de laboratoire. Cependant, il convient de rappeler que l’expérimentation animale n’est pas seulement critiquée par les animalistes, mais aussi par une partie de la communauté scientifique qui questionne sa validité, son manque de réplicabilité ou les très faibles applications pharmaceutiques chez les humains. Nous pourrions imaginer que des campagnes de communication et d’information questionnant le bien-fondé et l’utilité de l’expérimentation animale pourraient ainsi permettre que les individus ne justifient pas aveuglément la souffrance des animaux de laboratoire sous prétexte que d’importants bénéfices pour la santé humaine seraient à la clé, car ce n’est pas toujours si évident.

De plus, nos recherches montrent aussi que les capacités cognitives et mentales des animaux sont centrales dans les considérations morales à leur égard, et plus nous percevons leurs capacités de sentience et d’intelligence, plus ce qu’ils endurent dans les laboratoires nous apparaît comme moralement injustifié et inacceptable. Ainsi, des campagnes de sensibilisation autour de la singularité des animaux de laboratoire, faisant état de leurs capacités cognitives et de leur personnalité, pourraient en quelque sorte leur conférer de plus grandes considérations morales et peut-être davantage motiver les individus à s’opposer à cette pratique.