Drôme : la louve de Lus-la-Croix-Haute a été tuée illégalement

Drôme : la louve de Lus-la-Croix-Haute a été tuée illégalement

Drôme : la louve de Lus-la-Croix-Haute a été tuée illégalement
13.07.2017
Drôme : la louve de Lus-la-Croix-Haute a été tuée illégalement
Animaux sauvages

Les protecteurs ont prouvé l’illégitimité de cet acte, mais le mal est fait : la louve de Lus-la-Croix-Haute a été abattue. En effet, le Tribunal administratif de Grenoble vient de donner raison à l’ASPAS et à One Voice, en déclarant illégal l’arrêté du préfet de la Drôme (26) du 1er septembre 2015 qui avait autorisé l’abattage d’un loup par « tir de prélèvement renforcé » valable 6 mois sur 3 communes Drômoises, Lus-la-Croix-Haute, Treschenu-Creyers et Glandage.

Le juge des référés de Grenoble avait refusé à l’époque de suspendre d’urgence ce permis de tuer, et une louve avait rapidement été abattue par des chasseurs au cours d’une battue au grand gibier, le 12 décembre 2015, à Lus-la-Croix-Haute.

Le Tribunal administratif suit aujourd’hui notre argumentation : ce tir de prélèvement n’était pas justifié, cette louve a été illégalement abattue.

Le juge administratif rappelle ainsi que des battues aux loups ne peuvent pas être autorisées si tout n’a pas été mis en œuvre pour protéger les troupeaux exposés à un risque de prédation. Il existe en effet des moyens de protection des troupeaux ainsi qu’une
gradation des tirs que les préfets peuvent autoriser. Ces tirs ne visent à tuer des loups, espèce protégée, qu’en dernier recours, et uniquement si des dégâts persistent malgré la mise en œuvre de moyens de protection et de tirs de défense préalables.

Plus qu’illégale, la mort de cette louve a aussi été inutile ! Ainsi, les attaques ont été plus nombreuses après l’exécution de cette louve : 21 attaques en 2016 contre 19 l’année précédente (source : DDT 26- Bilans des attaques sur troupeaux domestiques – Année 2016 au 31/12/16 et année 2015 au 31/12/15 ). Tuer un loup ne permet pas de faire baisser les dégâts, c’est un constat relevé également par
l’expertise commandée au Muséum National d’Histoire Naturelle et à l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, la solution n’est donc pas l’abattage !

Pour permettre une cohabitation entre la biodiversité faunistique et le pastoralisme, un changement profond des pratiques d’élevage et du système de subventionnement français -qui n’incite actuellement pas suffisamment aux bonnes pratiques de certains éleveurs- est nécessaire.

L’ASPAS et One Voice renouvellent leur demande de mettre fin aux tirs de loups, et de supprimer les indemnisations versées aux éleveurs qui ne protègent pas leurs bêtes.

Personnalités et citoyens continuent leur mobilisation :
cyberaction #SOSloups

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Chaque jour est un jour de trop! One Voice en action à Granville pour les animaux des cirques en France

Chaque jour est un jour de trop! One Voice en action à Granville pour les animaux des cirques en France

Chaque jour est un jour de trop! One Voice en action à Granville pour les animaux des cirques en France
12.07.2017
Granville
Chaque jour est un jour de trop ! One Voice en action à Granville pour les animaux des cirques en France
Exploitation pour le spectacle

Déjà 20 pays dans le monde interdisent les animaux sauvages dans les cirques. 64 villes françaises ont aussi passé le pas. One Voice lance un compte-à-rebours inversé et demande à la France d’être le 21ème pays à refuser leur exploitation !

Elle était le 12 juillet à Granville, où se produit l’un des plus grands cirques avec animaux d’Europe, pour une action avec la mannequin Juliana Marques.

Enfermés dans des remorques exiguës, brinqueballés de ville en ville, les animaux sauvages n’ont pas leur place dans les cirques. Les experts mandatés par One Voice sont formels, rien ne peut-être fait pour satisfaire à leur bien-être dans les spectacles itinérants. L’hippopotame Jumbo ne sort que 30mn par jour de son camion. Il n’a droit qu’à un jet d’eau alors qu’il devrait passer de longues heures immergé. Les éléphantes telles que Maya ou Samba souffrent de la solitude à en devenir folles. On se souvient de la dramatique fugue de Samba en 2013, qui a couté la vie à un passant. L’éléphante Lechmee est aveugle et handicapée. Elle est incapable de se nourrir sans l’aide de ses compagnes et souffre à chaque pas. Et on a vu aussi le lion Chirkane se rebeller contre son dresseur.

La prise de conscience est internationale. 20 pays dans le monde ont déjà interdit intégralement les animaux sauvages dans les cirques, 16 ont pris des mesures au moins partielles. En Europe, 20 pays les interdisent au moins en partie. La France sera t’elle le 21ème pays du 21ème siècle à franchir ce cap ? 64 communes se sont déjà positionnées en ce sens. Et les cirques eux-mêmes ont entamé leur reconversion, à l’image d’André-Joseph Bouglione dernièrement.

Le 12 juillet, à l’occasion du lancement de sa nouvelle campagne « Un jour de trop dans les cirques », One Voice était à Granville où le plus grand cirque avec animaux d’Europe a dressé son chapiteau. À ses côtés, la mannequin Juliana Marques a porté son message. Après 5 heures d’un body-painting artistique par la talentueuse Ophélie Nezan, elle a représenté le combat que nous menons de la plus belle façon qui soit, sous la forme du tigre, logo de One Voice.

Un site spécifique a été lancé le 11 juillet, lançant un compte-à-rebours inversé et incitant le public à scier les barreaux des animaux détenus dans les cirques. Notre dernier sondage (IPSOS/One Voice en décembre 2016) indique qu’une large majorité de Français considère qu’ils sont stressés (80%) et malheureux (69%). Un tournant majeur s’annonce enfin dans ce combat que One Voice mène depuis 18 ans ! Avec le soutien du plus grand nombre, il peut être franchi. Offrir aux détenus une fin de vie paisible est à portée de clic.

Muriel Arnal déclare : « Ce que vivent les animaux sauvages dans les cirques est insupportable. Ce qu’ils y subissent s’apparente à un véritable esclavage. Dans cet univers carcéral, à force de coups et de privations, ils deviennent fous. Et c’est leur folie et leur soumission à la violence qu’il faudrait donner en spectacle aux enfants ? Il est temps d’en finir. Le monde est prêt. La France qui s’est déjà positionnée pour les dauphins doit aller plus loin. Le cirque de demain sera sans animaux ! »

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Un jour de trop dans les cirques! One Voice en action à Granville pour les animaux

Un jour de trop dans les cirques! One Voice en action à Granville pour les animaux

Un jour de trop dans les cirques! One Voice en action à Granville pour les animaux
12.07.2017
Manche
Un jour de trop dans les cirques ! One Voice en action à Granville pour les animaux
Exploitation pour le spectacle

Devant l’un des plus grands cirques avec animaux d’Europe, One Voice a lancé sa nouvelle campagne pour que la France soit le 21ème pays dans le monde à interdire les animaux sauvages dans les cirques. Une jolie performance de body-painting artistique!

5 heures. Il aura fallu 5 heures de body-painting à la talentueuse Ophélie Nezan, pour transformer le mannequin Juliana Marques en tigre, à l’image du logo de One Voice. Ainsi transformée, la belle Juliana a porté notre message « Libérons les animaux des cirques! » jusque devant le chapiteau de l’un des plus grand cirques avec animaux d’Europe. En présence de médias, et sous les applaudissements des passants, elle a courageusement tenu notre pancarte. Le cirque, quant à lui, avait positionné tous ses camions pour que les journalistes ne puissent pas filmer les animaux… Et en a profité pour quelques insultes à notre encontre.

Déjà 64 villes en France et 20 pays dans le monde interdisent les animaux sauvages dans les cirques.
Depuis 18 ans, One Voice se bat pour faire connaître leur sort sous les chapiteaux et dans les remorques où ils vivent enfermés. Ses enquêtes ont révélé la violence de leur dressage. Et une large majorité de Français considère désormais qu’ils sont stressés (80%) et malheureux (69%). C’est un tournant historique qui s’annonce !

Cette action symbolique marque le lancement de la nouvelle campagne de One Voice « Un jour de trop dans les cirques », un compte à rebours inversé que vous pouvez retrouver sur cirques-animaux.fr.

Pour que la France soit le 21ème pays du 21ème siècle à refuser l’exploitation des animaux sauvages dans les cirques, mobilisons-nous! Leur liberté est à portée de clic!

Rendez-vous sur cirques-animaux.fr et partagez largement sur les réseaux!

Captivité des dauphins : One Voice répond à Marineland

Captivité des dauphins : One Voice répond à Marineland

Captivité des dauphins : One Voice répond à Marineland
11.07.2017
Captivité des dauphins : One Voice répond à Marineland
Exploitation pour le spectacle

Suite à la procédure engagée par Marineland devant le Conseil d’État contre l’arrêté delphinarium, One Voice souhaite prendre la parole. Le sort des dauphins en captivité ne doit pas être remis en question !

En mai dernier, au terme de plusieurs années de combat et de travail avec le ministère de l’Environnement, One Voice
obtenait l’interdiction de la reproduction des dauphins et de leur transfert entre delphinariums. Mais le 6 juillet, le parc Marineland a déposé un recours contre cet arrêté pour demander sa révision.

La France n’est pas dotée d’autorité administrative indépendante pour protéger les droits et libertés des animaux. One Voice entend défendre leurs droits à la liberté et à mener une vie digne d’être vécue, conforme à leurs besoins et leurs envies.

Les arguments de Marineland ne tromperont personne. À qui profite la reproduction des dauphins en captivité, si ce n’est précisément aux entreprises privées à but lucratif comme les delphinariums et à leurs actionnaires, car cela permet de pérenniser leur commerce ?

Les dauphins souffrent précisément de la captivité qui bafoue leurs liens familiaux et sociaux, et nie leurs besoins biologiques et psychologiques. Autoriser la reproduction et les échanges de dauphins entre delphinariums revient à chroniciser la souffrance de ces animaux grégaires et intelligents.

Il est d’ailleurs curieux que Marineland ne se soit pas inquiété du bien-être des orques alors qu’il annonçait arrêter la reproduction de ces dernières. En quoi cela serait-il différent pour les dauphins ?

Selon le delphinarium, la ministre ne serait pas compétente pour prendre cet arrêté qu’il n’a pas validé, cependant sa compétence n’a pas été remise en cause quand il s’agissait de prendre un arrêté décidant de la fin de la détention des orques !

C’est toujours ce même parc qui détient des ours polaires dans des enclos ensoleillés et clame à qui veut bien l’entendre que ces derniers y sont comme des poissons dans l’eau…

One Voice mettra tout en œuvre pour que l’arrêté soit maintenu sans concession. Trop de dauphins ont déjà souffert.

Le supplice de Maya

Le supplice de Maya

Le supplice de Maya
10.07.2017
Le supplice de Maya
Exploitation pour le spectacle

Nouvelle enquête de One Voice au pays des circassiens! Elle dévoile la souffrance de Maya, une éléphante d’Asie détenue dans des conditions épouvantables. L’association se bat pour obtenir sa libération.

Viendra le jour où le spectacle des éléphants exploités dans les cirques sera un mauvais souvenir. Celui d’une époque où des pachydermes arrachés à leur terre natale se contorsionnaient sur des tabourets sous les vivats de la foule. Hélas, ce temps n’est pas encore révolu. En France, la loi autorise toujours ces pratiques d’un autre âge.

C’est ce que prouve la nouvelle enquête de One Voice alertée par le sort de Maya, une éléphante d’Asie de 54 ans détenue par un cirque provincial.
Le constat est terrifiant, comme en témoigne le rapport complet (à lire ici et à diffuser le plus largement possible).

De son lieu de détention à la piste, l’animal endure un véritable calvaire avec de multiples infractions à la réglementation en vigueur (1). Dans son enclos, aucun confort, juste un sol goudronné ruisselant d’urines et une mince couche de paille n’ayant de litière que le nom. Nul endroit non plus pour se mettre à l’abri des regards et du bruit lorsqu’ elle recherche un peu de répit. Seul un semblant d’auvent la protège des intempéries. Pour occuper ses journées qui s’étirent à l’infini, pas la moindre source de distraction. Elle ne dispose que de fourrage dont elle s’alimente à outrance.

A l’heure de son numéro, Maya apparaît sous le chapiteau épuisée, ralentie. Telle une somnambule, elle exécute les ordres du dresseur mécaniquement, les yeux mi-clos parfois, et l’on mesure toute la profondeur de sa détresse.

Quand son martyre prendra-t-il fin? Quand la cause des éléphants-esclaves sera-t-elle prise en compte? Quand briserons-nous définitivement les chaines de ces grands sages dont l’intelligence et l’extrême sensibilité devraient plutôt nous servir d’exemple? Les personnes animales ont des droits fondamentaux que nous devons respecter. A commencer par celui de leur dignité.

Sans compter qu’au-delà de la souffrance qu’ils endurent, les pachydermes restent des animaux sauvages, donc dangereux. Dans le cas de Maya, comme dans beaucoup d’autres, les mesures de sécurité pour protéger les spectateurs se révèlent insuffisantes, voire même inexistantes! Un stress inhabituel? L’éléphante peut très bien basculer du côté du public, même involontairement, et entraîner des personnes sous son poids. En outre, un contact aussi rapproché avec la foule comporte aussi des risques de zoonoses, pour elle comme pour les humains présents.

Plus que jamais, One Voice se mobilise faire évoluer les mentalités et travailler de concert avec les pouvoirs publics. D’ores-et-déjà, notre association a entrepris le 12 mai dernier une procédure judiciaire pour obtenir la libération de l’éléphante et son transfert vers un sanctuaire Nous avons également saisi la contrôleuse générale des lieux de privation de libertés. Cette démarche, habituellement réservée aux humains, se justifie aussi pleinement face aux conditions de détention de la personne animale qu’est Maya. A terme, c’est bien l’ensemble des animaux sauvages captifs que nous entendons sauver de ces exhibitions mortifères. Pour soutenir notre demande, signez et partagez notre pétition en ligne!

(1) Arrêté du 18 mars 2011 fixant les conditions de détention et d’utilisation des animaux vivants d’espèces non domestiques dans les établissements de spectacles itinérants.

Rapport: le cas alarmant de l’éléphante Maya

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Les orques

Les orques

Les orques
10.07.2017
Les orques
Exploitation pour le spectacle

L’orque, ou épaulard (Orcinus orca) est comme le dauphin un cétacé à dents, vivant en groupe familiaux selon des codes sociaux très développés. C’est également un prédateur intelligent et puissant, ce qui lui vaut d’être victime des cirques marins, comme son cousin…

Les orques

Fiche sentience sur les orques / l’orque

Cerveau et intelligence

Les orques font preuve de nombreuses qualités, y compris l’intelligence, l’usage d’une langue et une sensibilité émotionnelle exacerbée. Ces odontocètes aux dents puissantes sont partout chez eux dans le monde : dans les eaux froides de l’Atlantique Nord, du Pacifique Nord et de l’Antarctique, mais aussi en Indonésie, à Gibraltar ou au Japon. Les orques vivent au sein d’étendues immenses où elles nagent des centaines de kilomètres par jour.

Des études IRM post-mortem du cerveau d’une orque ont montré que cet organe est chez elle de 3,5 à 6,5 fois plus massif que chez le dauphin commun. Ce cerveau est replié en un nombre étonnant de circonvolutions, ce qui indique une capacité élevée de traiter des données. Trois zones particulières du cerveau sont nettement plus développées chez les orques que chez les humains. Il s’agit du cortex insulaire, de l’opercule qui l’entoure et du lobe limbique.L’opercule frontal est corrélé à l’usage de la parole chez l’humain, tandis que le cortex insulaire est impliqué dans l’audition, c’est-à-dire dans la capacité d’entendre et de traiter les sons. Ces zones se trouvent sur la surface supérieure du cortex temporal.

Il semble qu’une partie de l’opercule chez les orques innerve également les voies respiratoires nasales, qui permettent à l’animal de vocaliser. Cette zone remplirait donc des fonctions similaires à l’opercule chez les humains, c’est-à-dire à la production de la parole. Les schémas sonores émis par les orques démontrent en effet des niveaux de communication qui vont bien au-delà de simples sons instinctifs.

La troisième structure d’importance particulière chez l’orque est le lobe limbique élargi, situé sur la face médiane entre les deux hémisphères, directement au-Dessus du corps calleux. Chez l’humain, le système limbique est associé à la vie émotionnelle ainsi qu’à la formation des souvenirs. Les humains ne disposent que d’un gyrus cingulaire, situé au-dessus du corps calleux associé au système limbique. Le gyrus cingulaire des orques, ou lobe limbique, est pour sa part largement agrandi et composé de trois lobes distincts séparés par deux fentes : les fentes limbique et paralimbique.

Au-delà de l’expansion toute particulière de ces zones, l’architecture cellulaire fournit aussi des indices sur l’étendue de l’aptitude des orques à l’expression émotionnelle. Les cellules en fuseau, associées au traitement de l’organisation sociale et de l’empathie par le système limbique, étaient autrefois considérées comme seulement présentes chez les humains et les grands singes. On les a retrouvées depuis chez plusieurs espèces de cétacés, y compris l’orque et le dauphin. En fait, le nombre relatif de cellules en fuseau chez les orques est largement plus important que chez l’humain.L’expression par les orques d’un comportement de groupe extrêmement coordonné et d’interactions sociales comprenant des indices vocaux et non vocaux, est sans doute corrélée à cette extension des zones corticales mentionnées ci-dessus.

Il est évident qu’en observant des orques, qu’elles soient libres ou captives, on peut voir qu’elles possèdent une gamme d’émotions variées, qui vont de la joie à la peur en passant par la frustration, la jalousie, le désespoir ou la colère, et qu’elles sont conscientes d’elles-mêmes. À ce titre, de nouvelles questions éthiques surgissent quant à notre façon d’interagir avec les orques et les autres cétacés en les gardant en captivité ou en les tuant pour se nourrir de leur chair. (1)

Les sociétés des orques

On classe souvent les orques en trois catégories : les orques résidentes, les orques « transientes » ou vagabondes, et les orques hauturières. Des recherches récentes nous montrent que ces catégories sont en réalité bien plus complexes à définir et qu’elles se fondent davantage sur un type de culture particulier que sur un mode d’alimentation relativement flexible selon les circonstances.

La communauté d’orques la plus étudiée est celle de la Salish Sea, près de Vancouver. Cette famille élargie était composée à la fin de 2006 de seulement 86 membres. Ils ne sont plus que 80 aujourd’hui, toujours incapables de reprendre pied après les captures de SeaWorld qui les a décimés dans les années 1970.

Voyageant au sein d’un groupement de pods multigénérationnels centrés autour des femelles, cette communauté est dirigée par des matriarches âgées, dont la célèbre Granny, 104 ans.

Lorsque les orques résidentes du Sud se retrouvent après une séparation de quelques jours ou de quelques mois, elles s’engagent souvent dans un comportement de « salutation ». Les formations rituelles de chaque pod se font face pendant plusieurs minutes, puis se fondent progressivement en groupes actifs, composés chacun de membres des trois pods, accompagnées de vocalisations sous-marines intenses et d’un comportement spectaculaire de « jeu ». (2)

La Communauté des Orques Résidentes du Sud est composée d’un clan vocal (le J) et de trois pods distincts : le J, le K et le L. Le J Pod est le pod le plus susceptible d’être présent toute l’année dans les eaux des îles San Juan et dans le Golfe du sud, ou dans le détroit de Géorgie. Cette famille de 29 membres fréquente volontiers la côte ouest de l’île de San Juan à la fin du printemps. Le plus vieux membre du J pod est J2 (Granny), d’un âge estimé à 103 ans. Les mâles adultes du J pod sont maintenant J26, J27 et J34. Le pod a connu cinq naissances depuis décembre 2014, celles de J50, J51, J52, J53 et J54.

Avec seulement 19 membres, le K Pod est le plus petit des trois pods au sein de la Communauté des Orques Résidentes du Sud. Les deux matriarches du K pod sont K12 et K13, nées toutes deux en 1972. Le K pod comprend aussi trois mâles matures, K21, K25 et K26. L’enfant le plus jeune du K pod est K44, un mâle né en 2011. Le L Pod est de loin le plus grand des trois groupes. Ses membres sont actuellement au nombre de 36. Les mâles adultes du L pod sont L41, L84, L85, L87 et L88. L87 voyage avec le J pod depuis 2010. Le L pod a eu deux bébés en 2015, L121 et L123. (3)

Traversant régulièrement les eaux des Orques Résidentes du Sud, les orques de Bigg sont mieux connues sous le nom de « transientes » ou « vagabondes ». Cette population vit tout le long de la côte ouest de l’Amérique du Nord, de la Californie jusqu’à l’Alaska. Ces orques sont spécialisées dans la chasse aux petits mammifères marins tels que phoques, lions de mer, marsouins, dauphins et parfois les nouveau-nés des baleines. Les orques de Bigg s’organisent selon une structure matrilinéaire, semblable à celle des orques résidentes. Mais ici, les enfants ne restent pas toute leur vie avec leur mère, leur grand-mère ou leur arrière-grand-mère. Ils s’éloignent de leur mère à la maturité, surtout les femelles dès lors qu’elles ont elles-mêmes des enfants. Voyager en petit groupe est une stratégie nécessaire pour chasser efficacement les proies qui sont les leurs et se les partager, ce qui n’empêche pas les liens sociaux d’exister, mais sur de plus vastes distances et à intervalles moins fréquents.

Contrairement aux poissons, les phoques et les dauphins entendent très bien sous l’eau, aussi les orques de Bigg restent-elles parfaitement silencieuses lorsqu’elles chassent. On les voit longer le littoral, inspectant une crique après l’autre, utilisant l’écoute passive pour localiser les pinnipèdes et les petits cétacés. Mais dès que la proie est tuée, c’est une cacophonie de cris et d’échanges enthousiastes. Lorsque des orques résidentes et des orques de Bigg se croisent, elles font mine de ne pas se voir et poursuivent leur chemin sans échanger un seul sifflement.

En Antarctique, la société des orques piscivores est basée sur une première unité matrilinéaire constituée de la matriarche, de ses enfants et de ses petits-enfants, c’est-à-dire un minimum de cinq à six individus. Du fait que les femelles peuvent atteindre l’âge de 90 ans en liberté, il n’est pas rare de voir quatre générations se déplacer ensemble. Ces groupes matrilinéaires sont très stables. Leurs membres ne se séparent que quelques heures par jour, pour aller s’accoupler ailleurs ou se nourrir. À un deuxième degré, de deux à quatre unités matrilinéaires se regroupent pour former un pod, composé d’une vingtaine de personnes. Ces pods peuvent se diviser et se séparer durant plusieurs semaines avant de se retrouver.

Le troisième niveau de la structure sociale des orques est le clan. Il regroupe un ensemble de pods, qui partagent tout à la fois le même dialecte et une lointaine ancêtre commune. Le dernier stade de l’organisation des orques est appelé une « communauté ». Il s’agit d’un vaste ensemble de clans qui socialisent et se retrouvent régulièrement, mais ne partagent ni le même dialecte ni d’ancêtres communs. Les groupes de troisième degré communiquent donc entre eux à l’aide d’un dialecte commun particulier. De nombreuses autres communautés d’orques, vivant selon des moeurs différentes, vivent également en Antarctique ; certaines se nourrissent de manchots, d’autres de poissons des grands fonds. (4)

Dialectes et culture

Les orques émettent trois types de vocalisations : les clics, les sifflements et les appels pulsés. Les clics font partie du système sonar de l’orque et sont utilisés pour l’écholocalisation. Ils permettent de voir dans l’obscurité, de détecter des sources de nourriture même cachée par le sable, de définir la forme des objets dans l’océan et de se localiser par rapport au paysage. Les sifflements sont généralement des émissions de tonalité continue pouvant durer plusieurs secondes.

Les signaux pulsés sont des appels particuliers, qui peuvent être détectés par spectrogramme. Ils sont la composante principale du répertoire de communication de l’orque. Le Dr John Ford a classé les types d’appels distincts des orques de l’État de Washington et de celles de Colombie-Britannique. Il a découvert que chaque pod avait sa propre collection d’appels, qu’il a nommée son « dialecte ». Il a ensuite été en mesure de définir de plus grands groupes acoustiques, ou « clans », en regroupant des pods qui partageaient certains appels en commun. La Communauté des Orques Résidentes du Nord compte trois clans, alors que celle du Sud n’en a qu’un seul, le J, composé des pods J, K et L, de même que les orques transientes vivant sur cette côte. Ces appels ont été utilisés pour identifier les pods et les communautés parmi les orques capturées dans les années 1960 et 1970.

Les différences entre les types d’appels vocaux de clan à clan n’empêchent pas les divers groupes de se réunir et de fraterniser au sein d’une même communauté. Le rôle de ces appels n’est pas connu avec précision. Ils servent à garder contact avec les autres sur de grandes distances, dans l’obscurité, ou lorsque de vastes congrégations se réunissent avec grand tapage. Bien que cela n’ait pas encore été démontré, il existe certainement un potentiel de communication d’informations spécifiques complexes dans les appels. Parfois, les groupes sont extrêmement bavards, à d’autres moments ils restent parfaitement silencieux. (5) (6)

Contrairement aux dauphins, les orques ont peu fait l’objet de recherches sur la communication en laboratoire. Lorsque l’une des premières orques fut capturée, Ted Griffin et le Pr Thomas Poulter s’y essayèrent pourtant, en étudiant les échanges sonores entre deux orques récemment capturées, Namu et la femelle Shamu. Décrivant les signaux émis par chaque individu, d’une durée d’une demi-seconde à cinq secondes en moyenne et s’étendant sur deux octaves, le Pr Poulter suggère : « L’épaulard mâle semble donc organiser ses signaux sonores selon une structure extrêmement complexe, immédiatement reconnaissable sur n’importe quel fond sonore et qu’il peut modifier en accentuant les signaux, en les abrégeant, les ponctuant, les transformant en syllabes, préfixes, suffixes, et en leur conférant toutes sortes d’inflexions sans que l’on cesse de reconnaître l’auteur de l’émission. Je soupçonne que ces signaux font sens pour les autres orques. Il est aussi frappant de constater que Namu multiplie davantage la variété de ses signaux lorsqu’il s’adresse à la femelle que lorsqu’il le fait avec les autres orques libres qui tournent à l’extérieur de l’enclos où il est détenu. »

Poulter conclut qu’au regard des analyses statistiques du contenu de ces bandes magnétiques, on peut selon toute vraisemblance parler d’un authentique langage chez Namu. La manière dont le chercheur insiste sur cet ensemble de modifications sémantiques (ponctuation, « syllabification », préfixation, etc.) révèle à quel point il estime se trouver en présence d’une forme de communication extrêmement sophistiquée. (7)

Culture et modes de chasse

Grâce à leur intelligence et leur sociabilité, les pods d’épaulards ont développé de nouvelles stratégies de chasse qui sont transmises sur plusieurs générations, via un apprentissage concerté. Les techniques varient d’une région à l’autre selon les ressources, mais toutes sont un témoignage de l’intelligence prédatrice et de l’ingéniosité des orques.

Citons notamment :

  • Le « Wave Wash »

Les phoques sont l’une des proies préférées des orques vivant autour de la plate-forme glaciaire de l’Antarctique. En se perchant sur des blocs de glace, les phoques restent hors de leur portée. Cependant, les orques ont inventé une méthode habile pour les pousser dans l’eau. Elles chargent la banquise en formation serrée, créant un front d’onde énorme. Juste avant d’atteindre la glace, elles plongent pardessous, en donnant une poussée de dernière seconde à la vague avec leur caudale. Le mur d’eau qui en résulte s’écrase sur la banquise et balaie le phoque qui tombe à l’eau et se fait dévorer.

  • Le « Karaté Chop »

Le grand requin blanc n’a qu’un seul ennemi naturel : l’orque. Mais la chasse aux requins est une activité risquée pour les épaulards. Des rangées de dents pointues peuvent percer même la plus épaisse peau de baleine. En conséquence, l’orque a développé un moyen efficace de chasser ces proies si dangereuses. En se servant de sa large caudale, l’orque pousse le requin à la surface sur un vortex d’eau. Il tourne alors légèrement et soulevant haut sa caudale dans l’air, il l’écrase sur la tête du requin. Ensuite, parfaitement informé de la biologie des requins, l’orque renverse brusquement le squale ventre en l’air, ce qui provoque chez ce dernier une sorte de stupeur hypnotique que les scientifiques appellent « immobilité tonique ». Une fois paralysé, le requin peut être consommé sans danger.

  • Le « Carrousel »

Les petits poissons comme le hareng ne comptent pour rien dans l’estomac d’une orque. Aussi faut-il les chasser en masse pour que l’effort en vaille la peine. Les orques qui vivent au large de la côte norvégienne, comme la famille de Morgan, travaillent ensemble pour les rassembler. Elles utilisent à cet effet leur ventre
blanc, perçu sous l’eau comme des flashs brusques, et une vaste émission de bulles. Les bancs de harengs sont guidés ainsi vers la surface en leur donnant la forme d’une boule serrée. Cette « boule de viande »
tourbillonnante devient un carrousel pour les orques qui se tiennent autour et frappent la surface avec leurs
caudales, étourdissant les poissons qu’elles peuvent alors avaler par grosses bouchées.

  • Le « Pod Pin »

Les narvals se rassemblent pour se reproduire au milieu de la banquise arctique. Historiquement, les
épaulards n’ont jamais été en mesure d’accéder à leurs lieux de reproduction, mais avec la fonte de la
glace de mer, les choses sont en train de changer. Dans un documentaire, on peut voir comment les orques
rabattent les narvals le long de la plage puis les amènent dans des eaux de moins en moins profondes
avant de les dévorer.

  • Le « Blowhole Block »

Les orques peuvent s’en prendre à des cétacés bien plus grands qu’elles. Les baleines grises et même les baleines à bosse sont des proies potentielles. Comme le loup gris sur terre, elles sélectionnent d’abord les individus les plus jeunes ou les plus faibles. L’attaque suit un schéma familier : les orques se relaient en frappant, mordant et tirant sur les nageoires pectorales de la baleine afin de l’entraîner vers le bas. Puis elles lancent de l’eau sur son dos en essayant de l’empêcher de venir respirer en surface. Après des heures de combat, la baleine épuisée se noie. Les orques dépècent alors leur proie en n’y prenant que la graisse et la langue, laissant le reste de la carcasse aux charognards.

  • Le « D-Day »

Les lions de mer qui nagent au large de la côte atlantique de l’Amérique du Sud se sentent plus en sécurité une fois qu’ils sont revenus sur la plage. C’est une erreur car en Argentine, une tribu d’orques a développé la technique de chasse par échouage. Une orque charge vers la rive, s’échoue presque et saisit au passage un jeune lion de mer. Tout le danger réside dans le fait de ne pas pouvoir revenir en arrière. C’est pourquoi cette méthode fait l’objet d’un véritable enseignement donné, exemple à l’appui, par les orques les plus expertes aux plus jeunes. (8)

Entraide et compassion

C’est au large des côtes de l’Afrique du Sud que le photographe sous-marin Rainer Schimpf s’est retrouvé face à face avec une jeune orque gravement handicapée. Il lui manque sa nageoire dorsale et sa nageoire pectorale droite. Cela signifie qu’elle ne peut pas nager correctement, ni attraper sa propre nourriture. Mais au lieu d’être abandonnée à elle-même, cette jeune orque est prise en charge par le reste de la famille. Quand les autres chassent, elle reste à distance pour ne pas les gêner. Mais dès qu’une proie est prise, elle les rejoint pour manger. (9)

Ces dernières années, on a pu voir des baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) suivre des orques quand elles chassaient le hareng et partager leur repas avec celles-ci. Ces géantes migrent sur 8 000 km à travers l’Atlantique pour se nourrir pendant quelques semaines, avant de faire leur long voyage de retour vers les Caraïbes. « Nous avons eu plusieurs observations d’orques en train de rassembler le hareng en « boule de viande » à la surface. C’est alors qu’elles commencent à se nourrir que des baleines à bosse arrivent et avalent une partie du butin des orques, lesquelles s’écartent sans protester. » (10)

Les dégâts de la captivité

Sculptées par des millions d’années d’évolution pour vivre dans de vastes espaces marins au sein de sociétés complexes et solidaires, les orques souffrent en captivité, qu’elles soient nées libres ou emprisonnées. Plusieurs études indépendantes ont mis en lumière les dégâts provoqués par cette attraction commerciale sur leur santé physique et mentale. (11)

Les delphinariums prétendent aujourd’hui protéger une espèce qui n’en a guère besoin en la faisant se reproduire à la chaîne, souvent de manière incestueuse, ou à l’aide de sperme et d’ovules prélevés manuellement. Les enfants de plus en plus chétifs nés dans ces conditions décèdent pour la plupart avant 30 ans, le plus souvent à l’adolescence, soit au moment où, statistiquement, les orques libres ne risquent plus de mourir avant le terme normal, soit 40 ou 50 ans d’âge moyen et 100 ans d’espérance de vie. (12) (13)

RÉFÉRENCES (EN ANGLAIS) :

(1) « Killer Whales Are Non-Human Persons »,
http://greymattersjournal.com/killer-whales-are-no…
(2) « Orcas of the Salish Sea »,
http://www.orcanetwork.org/nathist/salishorcas1.ht…
(3) « Southern Resident Killer Whales (SRKW) »,
http://www.whaleresearch.com/orca-population
« Bigg’s orcas of the Salish Sea »,
http://wildwhales.org/killer-whale/
(4) « Mysteries of Killer Whales uncovered in the Antarctic »,

http://e360.yale.edu/feature/mysteries_of_killer_w…
(5) « Orca communication »,
http://orcalab.org/orcas/orca-communication/
(6)
http://www.dfo-mpo.gc.ca/fm-gp/mammals-mammiferes/…
(7) « Apetalk & Whalespeak: The Quest of Interspecies Communication » Ted Crail. Contemporary Books inc. Chicago Editions, 1983,

https://www.kirkusreviews.com/book-reviews/ted-cra…

http://www.pbs.org/wgbh/pages/frontline/shows/whal…

(8) « The Killer Whale’s Killer Weapon — Its Brain »,
http://www.pbs.org/wnet/nature/killer-whales-kille…
(9) « Orca Family Cares for Disabled Calf »,

http://www.nonhumanrightsproject.org/2013/05/23/or…

http://www.takepart.com/article/2013/05/19/killer-…

http://www.dailymail.co.uk/news/article-2326868/Di…

(10) « Humpbacks filmed gatecrashing orcas’ fish feast »,
http://www.bbc.com/earth/story/20150729-humpbacks-…
(11) « Killer Controversy Why orcas should no longer be kept in captivity »,
http://www.hsi.org/assets/pdfs/orca_white_paper.pd…
(12) «Study Shows Captivity Curtails Orca Lifespan »,

https://awionline.org/awi-quarterly/2015-summer/st…

(13) « The Case Against Marine Mammals in Captivity »,

https://www.worldanimalprotection.us.org/sites/def…

CRÉDITS PHOTOS : Remerciements auteurs Pixabay

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Jumbo, un hippopotame au fond du gouffre

Jumbo, un hippopotame au fond du gouffre

Jumbo, un hippopotame au fond du gouffre
06.07.2017
Jumbo, un hippopotame au fond du gouffre
Exploitation pour le spectacle

Il porte le nom d’un illustre prédécesseur. Mauvais augure. Le célèbre pachyderme avait beau être une star, sa vie au cirque fut un calvaire. Celle de cet hippopotame contemporain aussi. One Voice milite pour le sauver.

Il n’y a que chez Walt Disney que les Jumbo ont des ailes. Dans la réalité, les animaux captifs connaissent souffrance et désespoir, sans aucune échappatoire. Jumbo l’hippopotame est de ceux-là. Il croupit depuis des années dans la ménagerie d’un cirque français.

Alertée sur ses conditions de vie déplorables, One Voice a mandaté, en mars dernier, un enquêteur et un vétérinaire pour constater la situation. Leurs conclusions sont accablantes. Il apparaît que les besoins physiologiques et biologiques de cet animal ne sont absolument pas respectés.

Reclus 23h30 sur 24h dans la remorque d’un camion de 15m de longueur sur 3m de large, Jumbo manque cruellement d’espace pour se déplacer. En outre, il ne dispose d’aucune possibilité pour se baigner. Dans la nature, comme le veut son espèce, cet imposant mâle passerait le plus clair de son temps en apesanteur dans un fleuve ou un lac. Ici, rien ne l’aide à supporter sa masse corporelle ni à soulager ses membres. Son seul contact avec l’eau a lieu au cours de sa «sortie» quotidienne d’une demi-heure. Il est alors aspergé au tuyau sous les regards intrigués des badauds. Quelle sombre ironie que cette douche brutale pour un animal amphibie! Et quel stress que cette agitation soudaine autour de lui après une journée entièrement coupé du monde. Pour alimentation, le vieil hippopotame reçoit du foin et des granulés pour chevaux… Un régime ridicule pour un herbivore capable de brouter 68 kilos en 4-5 heures à l’état sauvage. Ensuite, on le renvoie à son enfermement dénué de toute distraction. Et pour ajouter encore à ses mauvais traitements, on lui impose des transports fréquents en remorque entre les différents sites de représentation.

Devant ce mépris total des droits fondamentaux de la personne animale et de la réglementation en vigueur(1), One Voice réclame la libération immédiate de Jumbo et son transfert vers un sanctuaire. D’autant que l’hippopotame ne participant pas au spectacle, sa détention s’avère complètement illégale. Parallèlement, notre association a entrepris une procédure auprès de la contrôleuse générale des lieux de privation de libertés afin qu’elle se saisisse du dossier. Cette démarche habituellement réservée aux prisonniers humains, et également engagée pour 5 éléphantes, trouve aussi tout son sens face à l’enfer enduré par Jumbo.

Au-delà de cette affaire, One Voice va plus loin et poursuit son combat pour l’abolition définitive de l’exploitation des animaux sauvages dans les cirques. Aucun d’entre eux n’y a sa place ! Pour soutenir notre action, signez et partagez notre
pétition!

(1) Arrêté du 18 mars 2011 fixant les conditions de détention et d’utilisation des animaux vivants d’espèces non domestiques dans les établissements de spectacles itinérants.

Les éléphants

Les éléphants

Les éléphants
02.07.2017
Les éléphants
Animaux sauvages

L’éléphant, d’Afrique (genre Loxodonta) ou d’Asie (Elephas maximus), est le plus gros des mammifères terrestres. Animal à la vie sociale complexe, son intelligence aiguë et une grande sensibilité font de lui un être exceptionnel.

Les éléphants

Fiche sentience sur les éléphants / l’éléphant

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Cerveau et intelligence

D’un poids de 5 kg, le cerveau des pachydermes est plus grand que celui de n’importe quel autre animal terrestre ayant jamais existé… Mais c’est le poids du cerveau à la naissance qui détermine la capacité à apprendre.

Le cerveau d’un éléphant nouveau-né est à environ 35 % de son poids adulte, ce qui annonce une période de développement prolongée durant laquelle l’empreinte de l’environnement social et environnemental agira significativement sur la microstructure neuronale. Chez le nouveau-né humain, ce chiffre est de 28 %, contre 54 % chez le jeune chimpanzé et 90 % chez le veau. L’hippocampe occupe environ 0,7 % des structures centrales du cerveau de l’éléphant, contre 0,5 % chez l’humain et 0,1 % chez le dauphin de Risso. Cette zone du cerveau est essentielle à l’émotion et à l’apprentissage. Elle joue un rôle majeur dans les capacités de rationalisation. Elle est liée à la mémoire, notamment spatiale, dont on sait qu’elle est extraordinairement développée chez les éléphants.(1)

De plus, à l’image des cétacés, des humains et des autres grands singes, le cerveau des éléphants contient des neurones von Economo, responsables de l’empathie et de la vie sociale.(2)

Vie sociale

Jeannin, en 1947, est le premier scientifique à souligner que trois tendances dominent la vie psychique des éléphants : ils sont intelligents, sociables et portés plus que les autres mammifères à des sentiments familiaux.(3)

Une famille d’éléphants est dirigée par une matriarche, l’éléphante la plus âgée et la plus expérimentée du troupeau. La société matriarcale s’articule autour de ses filles, de ses demi-soeurs et de leurs enfants.

L’unité familiale de base compte de six à douze membres. Un ou deux mâles adultes peuvent être de passage ou rester en périphérie du groupe. C’est ce contact étroit et ces échanges constants qui permettent au reste des éléphants d’acquérir les connaissances qui leur sont nécessaires.

Les jeunes éléphants mâles grandissent au sein de la société des femelles. Ils participent aux nombreux événements sociaux qui affectent leur famille, bien qu’avec un moindre intérêt que leurs soeurs du même âge.

Les adolescents quittent leur famille natale entre 9 et 18 ans – un processus long et difficile qui peut prendre de un à quatre ans. Ils doivent alors apprendre une série de nouvelles règles fondées sur le rang et la force de chacun des autres mâles des environs. Le passage de l’univers douillet de la famille maternelle à cette société plus dure se fait donc progressivement, sur une période de huit ans ou plus.

Les mâles adultes devenus indépendants se déplacent en petits groupes d’amis, cependant moins liés que les femelles. Pendant les périodes sexuellement actives, ils se déplacent d’un groupe familial à l’autre à la recherche de femelles réceptives. Les interactions avec les membres de leur propre famille sont douces et courtoises, mais rarement plus. Une fois qu’un mâle a localisé une femelle réceptive et qu’il a pu écarter ses rivaux, il restera à ses côtés deux ou trois jours avant d’en chercher une autre.

Même lorsque les familles se scindent et se séparent, elles gardent des contacts étroits. Cela inclut notamment le fait de voyager ensemble sur de longues distances. Ces groupes liés ont été nommés « bond groups » par Joyce Poole et Cynthia Moss. Ces bond groups forment eux-mêmes des unités plus vastes nommées « clans ».

Après un certain laps de temps déterminé par des influences environnementales et sociales, une partie du groupe se séparera pour former une nouvelle famille. La cause peut en être des tensions au sein du groupe entre deux individus, ou bien des ressources en diminution. Lorsqu’une matriarche meurt, c’est le plus souvent l’une de ses descendantes parmi les plus âgées et les plus expérimentées qui guidera le groupe.(4)

Empathie et solidarité

Les soins maternels chez les éléphants sont exceptionnellement intenses. Le jeune est l’objet de toutes les attentions. Mais la compassion ne lui est pas réservée ; tous les autres membres de la harde en bénéficient. Ainsi, on a pu observer un troupeau d’éléphants africains qui marchait plus lentement pour ne pas laisser derrière lui l’un de ses membres à la jambe cassée et mal ressoudée. Et un autre parce qu’une femelle en deuil portait son enfant mort. Un éléphant adulte a également été vu essayant avec persévérance de sortir un bébé rhinocéros coincé dans la boue.

Dans les années 1970, aux États-Unis, une éléphante d’Asie du nom de Bandula parvenait toujours à se libérer de ses chaînes, quel que soit le système utilisé. Elle aidait ensuite les autres éléphants à s’échapper et, ensemble, ils prenaient la fuite en faisant attention à ce que personne ne les voie.

Il existe un grand nombre de témoignages similaires. Ils nous révèlent une créature qui pleure, se réjouit ou se met en rage, laissant présumer l’étendue de la capacité émotionnelle de l’éléphant.(5)

Usage d’outils

Les éléphants utilisent les branches comme outils, notamment pour construire des barrages sur les rivières et faire ainsi monter le niveau d’eau afin de faciliter leur baignade. On les a aussi vus creuser un trou au bord d’un étang d’eau croupie afin d’obtenir une eau plus pure. En Asie, on a pu observer des éléphants captifs remplir de boue la cloche que leur soigneur leur avait mise autour du cou afin de pouvoir aller manger les bananes de la plantation voisine en toute discrétion, sans que le son de la cloche signale leur activité.

On en a vu également creuser des puits pour boire de l’eau, puis arracher l’écorce d’un arbre, la mâcher pour en faire une sorte de bouchon, refermer le trou avec cette boule ligneuse puis recouvrir le tout avec du sable pour éviter l’évaporation. Ainsi pouvaient-ils revenir plus tard pour se désaltérer. Les éléphants se servent couramment de branches en guise de chasse-mouches ou de gratte-dos. Certains ont été observés en train de poser de grosses pierres sur une clôture électrique afin de la faire s’effondrer et de couper l’électricité pour pouvoir passer.(6)

Résolutions de problèmes

L’effet « eurêka », c’est-à-dire la découverte soudaine d’une solution à un problème, est une expérience humaine courante. La résolution spontanée de problèmes sans phase antérieure d’essais et d’erreurs a été appelée « perspicacité » chez les humains et d’autres animaux.

Trois éléphants d’Asie (Elephas maximus) ont été soumis à un test afin de voir s’ils utiliseraient des bâtons ou d’autres objets pour obtenir des aliments placés en hauteur, hors de leur portée. Sans préalable, un premier éléphant d’Asie mâle âgé de 7 ans a spontanément résolu le problème en déplaçant un grand cube en plastique, sur lequel il est monté pour atteindre la nourriture. Lors de tests supplémentaires, il a fait preuve de souplesse comportementale en utilisant cette technique pour atteindre d’autres objets et en déplaçant le cube pour s’en servir comme outil. En l’absence du cube, il a généralisé cette technique d’utilisation d’outil à d’autres objets similaires. Lorsqu’on lui a donné des objets plus petits, il les a empilés pour tenter d’atteindre la nourriture. Le comportement global de l’éléphant était cohérent avec la définition de la perspicacité.

Des expériences antérieures avaient pourtant conclu à un échec. Elles imposaient aux éléphants de tenir directement le bâton, ce qui interférait avec le rôle olfactif de la trompe, biaisant les résultats.(7)

Conscience de soi

Un miroir de 2,5 m a été placé dans l’enceinte des pachydermes au zoo du Bronx à New York. On a ensuite observé les réactions de trois éléphants face à lui. La première question était de savoir s’ils salueraient leur reflet comme s’ils rencontraient une autre personne, ou s’ils ne commettraient pas cette erreur et utiliseraient le miroir pour s’inspecter eux-mêmes.

« Des éléphants avaient déjà subi le test du miroir, mais les études précédentes utilisaient des miroirs relativement petits maintenus à l’écart des éléphants », a déclaré le Dr Plotnik. « Cette étude est la première à tester les animaux devant un énorme miroir qu’ils pouvaient toucher, contre lequel ils pouvaient se frotter et qu’ils pouvaient contourner pour en voir l’autre côté. »

Inspecter le miroir et essayer de regarder derrière – comme l’ont fait les éléphants du Bronx – est un autre indicateur de la conscience de soi. L’un des trois éléphants, du nom de Happy, a également passé avec succès le test de la « marque » peinte sur un endroit de son corps et qu’il ne peut voir que dans le miroir en la touchant de sa trompe tout en se regardant.(8)

Deuil et rituels funéraires

Les scientifiques qui étudient les éléphants ont observé d’innombrables cas d’éléphants tentant de ramener à la vie des membres de leur famille morts ou agonisants. La biologiste kenyane Joyce Poole, qui étudie les éléphants d’Afrique depuis 1976, déclare que l’attitude de ces animaux face à la mort de l’un des leurs « ne laisse que très peu de place au doute quant à leurs émotions profondes et leur compréhension de la mort. »

Lorsque l’un des leurs décède, tout le groupe familial entoure et veille son corps, que l’on recouvre de feuillages et de branches brisées. Chacun vient doucement effleurer le mort de sa trompe et la troupe ne quitte le corps qu’à regret le lendemain.

Les observations montrent que les éléphants, comme les humains, se sentent concernés par des individus en détresse ou décédés. Ils portent assistance à leurs malades en essayant de les nourrir et montrent un intérêt particulier pour les cadavres de leur propre espèce, qu’ils leur soient ou non apparentés.(9)

Le langage et les éléphants

Une vie sociale aussi développée suppose un langage véritable passant par le toucher, l’odorat et la gestuelle, mais surtout par des sons.

Les sons

On pense aussitôt au barrissement lancé par la trompe, mais la plupart des sons produits par les éléphants proviennent de leur gorge et sont si bas qu’il nous est impossible de les entendre. En revanche, nous pouvons les enregistrer et les rendre audibles à nos oreilles. Ces infrasons sont tels que leurs vibrations transmises par la terre peuvent être entendues par d’autres éléphants au-delà de 5 kilomètres. Ils peuvent
ainsi s’avertir les uns les autres à longue distance d’un danger éventuel, ou bien faire savoir où se trouve de l’eau. En communiquant de cette façon, il est également possible pour une femelle de trouver un étalon, ou bien pour deux mâles en musth, de se tenir à l’écart de la route l’un de l’autre. Ils peuvent également appeler à l’aide ou simplement rester en contact.

Les éléphants dans un troupeau bavardent constamment. Une chercheuse américaine, Katy Payne, étudie le langage des éléphants depuis longtemps et commence à le comprendre. Elle a déjà identifié le son qu’un bébé éléphant émet pour dire à sa mère qu’il ne veut plus de lait, ou celui que poussent des éléphants surpris ou qui veulent en apaiser un autre. La matriarche lance un certain cri pour dire au troupeau de se lever ou de se réunir tous autour d’elle. Elle émet aussi d’autres vocalisations pour indiquer au mâle de rester très prudent quand il approche des femelles trop jeunes. Katy Payne espère déchiffrer toute la langue des éléphants afin qu’un jour les humains puissent communiquer avec eux.

Les éléphants sont très sensibles aux vibrations de la surface du sol. Le bourdonnement tellurique d’un éléphant frappant du pied ou celui d’un troupeau qui s’enfuit, peut être ressenti à des milliers de kilomètres de là. De cette façon, les éléphants sont probablement capables de se transmettre des messages tout en étant extrêmement éloignés les uns des autres. Une récente étude prouve aussi qu’ils entendent les orages de très loin et se déplacent dans leur direction pour profiter de la pluie.(10)

Un éléphant peut reconnaître les voix de centaines de congénères jusqu’à deux kilomètres de distance. Les membres de la famille disposent en particulier d’un vaste répertoire vocal et d’un réseau de communication exceptionnellement étendu. Il s’agit sans doute d’un phénomène unique dans le monde animal à l’exception des humains et des mammifères intelligents aux systèmes sociaux fluides, disposant de capacités de communication à très longue distance associées à la capacité mentale d’une reconnaissance sociale et individuelle étendue.(4)

Le toucher

Les éléphants sont des animaux d’une extrême sensibilité tactile. Les interactions tactiles se produisent dans un large éventail de contextes, agressifs, défensifs, affiliatifs, sexuels, ludiques, de prise en charge ou de comportement exploratoire.

Ils interagissent avec leur trompe, leurs oreilles, leurs pieds, leur queue et leurs défenses. Celles-ci sont bien sûr utiles dans les conflits mais aussi pour soulever doucement un bébé ou pour exprimer la solidarité pendant une cérémonie de salutation. Les oreilles sont utilisées pour les caresses ou le jeu. Les éléphants peuvent également frotter leurs queues l’une contre l’autre ou s’assurer doucement de la présence d’un nouveau-né au sol.

La trompe est quant à elle utilisée pour caresser, rassurer ou aider un bébé. C’est grâce à elle qu’on explore les organes génitaux, la bouche ou les glandes temporales d’un membre de la famille. Elle sert aussi à toucher et explorer les restes d’un éléphant mort, ou à toucher ou pousser un congénère pour jouer. Dans un contexte plus agressif ou défensif, un éléphant peut utiliser sa trompe pour frapper ou bloquer un adversaire, ou appeler à l’aide lorsqu’il fait face à un prédateur.

Les éléphants utilisent leurs pattes pour frapper le sol agressivement mais aussi pour caresser ou aider quelqu’un. Ils se servent de tout leur corps pour pousser ou se frotter sensuellement contre un congénère, que ce soit amical ou sexuel.

La vue

Bien qu’un certain nombre de gestes aient une visée tactile, la plupart envoient également un message visuel. Les éléphants utilisent de façon étonnante toutes les particularités de leur anatomie pour communiquer les moindres nuances de leur émotivité, y compris dans le cadre d’interactions interspécifiques.

Par exemple, un éléphant menaçant ou dominant indique son statut en se faisant plus grand qu’il n’est : il porte la tête haute au-dessus des épaules en écartant les oreilles, tandis qu’un éléphant subordonné garde la tête basse et les oreilles en arrière. Un éléphant effrayé soulève sa queue et son menton. Un éléphant socialement excité agite rapidement ses oreilles en écarquillant les yeux.

La richesse de la communication gestuelle des éléphants est telle qu’on établit aujourd’hui des bases de données pour les répertorier.(11)

Les éléphants et les humains

Des recherches menées à l’Amboseli National Park au Kenya ont permis de montrer que les éléphants peuvent différencier les langues humaines et réagir face à celles qui sont considérées comme des menaces.

Face à des voix d’hommes s’exprimant en langue Masai – des chasseurs potentiellement dangereux pour eux – les éléphants se regroupent et agissent en mode « alerte », quittant précautionneusement l’endroit où ils se trouvent.

En revanche, face à des voix d’hommes s’exprimant en langue Kamba – qui sont le plus souvent des fermiers ou des employés de la réserve et donc moins susceptibles de représenter une menace – les éléphants n’avaient pas l’air autrement perturbés.

Plus subtil encore : face aux voix d’enfants et de femmes s’exprimant en langue Masai, les pachydermes restaient également sereins.

Les chercheurs sont formels : leur étude suggère que les éléphants sont non seulement capables de différencier les diverses langues auxquelles ils sont confrontés, mais également d’adapter leurs réactions avec beaucoup plus de subtilité que d’autres espèces.(12)

De même, selon Pierre Pfeffer, tous les observateurs peuvent constater une différence de comportement d’un même éléphant selon qu’il se trouve à l’intérieur ou à l’extérieur d’une zone protégée. Il en connaît d’ailleurs parfaitement les limites grâce à l’expérience des anciens, irremplaçable mémoire collective du groupe familial.(3)

RÉFÉRENCES
1. Elephant are large brained.
https://www.elephantvoices.org/elephant-sense-a-so…

2. Von Economo Neurons in the Elephant Brain.
http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ar.2082…
;jsessionid=94A790B6BF8DD48E303E08D7F34A7FE1.f02t02
3. Pierre Pfeffer, Vie et mort d’un géant (1989).
4. Elephant Sense & Sociality.
https://www.elephantvoices.org/elephant-sense-a-so…

5. Elephant Emotions.
http://www.pbs.org/wnet/nature/echo-an-elephant-to…

6. Elephantine Intelligence.
http://www.natureinstitute.org/pub/ic/ic5/elephant…

7. Insightful Problem Solving in an Asian Elephant.
http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.137…
/journal.pone.0023251
8. Elephants Recognize Selves in Mirror, Study Says.
http://news.nationalgeographic.com/news/2006/10/06…

9. Behavioural reactions of elephants towards a dying and deceased matriarch.
http://www.appliedanimalbehaviour.com/article/S016…
(06)00101-8/abstract
http://www.abc.net.au/science/news/stories/s149763…

http://www.abc.net.au/science/articles/2005/11/04/…

10. Elephant acoustic communication.
https://www.elephantvoices.org/elephant-communicat…

11. Elephant communication.
https://www.elephantvoices.org/elephant-communicat…

https://www.elephantvoices.org/multimedia-resource…

12. Elephants can determine ethnicity, gender, and age from acoustic cues in human voices.
www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.1321543111

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Les macaques

Primates vivant très majoritairement en Asie, les macaques (genre Macaca) forment des groupes sociaux fascinants de complexité, dans leurs postures, interactions, expressions… et spécificités de chacune des espèces.

Les tigres

Les tigres

Les tigres
02.07.2017
Les tigres
Animaux sauvages

Les tigres (Panthera tigris) sont les plus gros représentants de la famille des félidés. Il existe au total neuf sous-espèces de tigres dont trois sont éteintes depuis les années 1950. Les autres sont toutes en danger d’extinction (1). La taille et le pelage varient selon les sous-espèces. Les plus grands sont les tigres de Sibérie, pouvant peser jusqu’à 423 kilos. Leur comportement démontre des capacités cognitives complexes et sous-évaluées à ce jour.

 

Les tigres

Fiche sentience sur les tigres / le tigre

Habitat

Les tigres vivent dans des habitats très variés allant des forêts tropicales aux mangroves, jusqu’aux forêts de conifères de Sibérie où la température peut descendre jusqu’à – 40°C. Ils s’adaptent aisément si la végétation est dense, s’il y a des sources d’eau et des proies en nombre suffisant. Ce sont des animaux robustes capables de grimper aux arbres comme de nager. Ils apprécient d’ailleurs particulièrement l’eau et il n’est pas inhabituel d’observer des tigres se rafraîchir dans des trous d’eau ou des rivières. Ils peuvent parcourir plus de huit kilomètres dans l’eau pour traverser leur territoire. Il leur arrive aussi de pêcher quand l’occasion s’en présente. (2) (3)

Des solitaires

Contrairement aux lions, les tigres sont des animaux solitaires. La seule relation longue entre deux individus est la relation mère-enfant. Les mâles ne sont pas impliqués dans l’éducation des jeunes.
Hemmer4 a étudié le comportement social des carnivores selon la taille relative de leur cerveau et de leur
environnement. Selon ses études, tigres et lions possèdent la plus grosse céphalisation parmi les félins et
sont potentiellement capables de vivre en groupe. Le fait que les tigres demeurent des animaux solitaires serait lié aux particularités de leur habitat, qui diffère fortement de celui des lions, mais aussi à un ensemble de comportements, communément appelés « tempérament », lequel diffère fortement d’une espèce à l’autre.

Les tigres sont des animaux territoriaux. Le territoire d’un individu peut couvrir de 64 à plus de 9 000 km² selon l’abondance des proies. Sur son territoire, un tigre possède plusieurs tanières qu’il aménage dans la végétation dense ou des cavités dans les arbres. Les mâles possèdent des territoires qui peuvent chevaucher le territoire de plusieurs femelles. (2)

Néanmoins, mâles et femelles ne se rencontrent qu’en période de reproduction, majoritairement de novembre à avril. Après plusieurs accouplements sur une période de trois à six jours, ils se séparent. La tigresse mettra au monde entre deux et trois petits après 103 jours de gestation.

Soins aux jeunes

La mère tigre cache ses petits jusqu’à ce qu’ils soient capables de voir et d’entendre, vers 15 jours. Ils seront sevrés vers 100 jours, âge auquel ils commenceront à suivre leur mère dans ses déplacements. On reconnaît rapidement des comportements de prédateur dans leurs jeux, mais ce n’est qu’à partir du 5e mois qu’ils prendront part à des activités de chasse à ses côtés.

Lorsqu’elle a des petits, la tigresse doit chasser deux fois plus pour subvenir à leurs besoins. Ce n’est qu’à partir de 3 ans, après un long apprentissage pour pouvoir pister, attaquer et tuer, que les jeunes tigres prendront leur indépendance et quitteront leur mère pour se trouver un territoire.

Des stratèges de la chasse

Les tigres se nourrissent principalement de grands herbivores tels que les cerfs sambar ou des bovidés sauvages pouvant faire quatre à cinq fois leur taille, mais aussi de petites proies comme des singes, des oiseaux ou des rongeurs. Selon Charles McDougal, du Royal Chitawan National Park en Inde, les tigres sont intelligents et pleins de ressources. Ce sont des naturalistes de première classe, capables de connaître la saisonnalité et le rythme d’activité de nombreuses proies. Ils savent où les trouver lorsqu’elles se reposent ou se nourrissent.(5)

Généralement, les tigres chassent la nuit, lorsque leurs proies sont le plus actives. Dans la végétation dense, leurs rayures leur permettent de se confondre totalement dans leur environnement. Ils peuvent parcourir entre 16 et 32 kilomètres en une seule nuit. L’ouïe et la vue sont des sens particulièrement développés chez les tigres et ce sont ceux qu’ils privilégient, plus que l’odorat, pour chasser. (6) Très silencieux, ils avancent précautionneusement afin de se rapprocher au maximum de leur proie. Ils prennent leur temps et font des pauses pour écouter, sans un bruit ni même un mouvement d’oreille. Tant qu’ils sont immobiles, ils sont parfaitement camouflés. S’ils estiment que le fait d’avancer peut faire fuir la proie, ils rebrousseront chemin et referont plusieurs tentatives jusqu’à ce que le moment opportun se présente. Ils ne se lancent que si les conditions sont optimales. Leurs attaques se font généralement à très courte distance, ce qui leur permet de bondir, parfois jusqu’à dix mètres, et d’atterrir de tout leur poids sur l’animal convoité.

Les animaux plus petits seront achevés par une morsure à la base du cou. Les longues canines du tigre (jusqu’à dix centimètres pour le tigre du Bengale) tranchent directement la moelle épinière. Pour les plus gros animaux, c’est une morsure précise à la gorge qui les étouffera. Dans la plupart des cas, les tigres tuent en moins de 90 secondes. Leurs techniques de chasse leur permettent d’être très précis et d’éviter au maximum d’être blessés au cours de l’assaut. Ils transporteront ensuite leur butin à l’abri et le camoufleront à la vue des autres prédateurs. Ils peuvent revenir pour s’en nourrir durant plusieurs jours. (2) (3) (6)

Chasser est un instinct

Une étude sur douze tigres nés captifs âgés de plus de deux ans, équipés de colliers GPS, a été menée dans une réserve de cent hectares sur le continent africain pour juger du succès d’une éventuelle réintroduction.

Les scientifiques ont pu observer que la majorité d’entre eux ont su chasser les antilopes présentes. Le taux de réussite était plus important dans les zones où la végétation était plus dense et pour les jeunes tigres qui avaient été élevés avec leur mère. Enfin, les tigres ont chassé différentes espèces, montrant ainsi une plasticité de leur comportement de chasse. (7)

La communication

L’odorat revêt une importance particulière dans la communication entre tigres. Les individus marquent leur territoire grâce à des jets d’urine sur la végétation, mais aussi en déposant les odeurs des glandes situées sous leurs pattes lorsqu’ils grattent le sol ou les troncs d’arbres. Ces informations olfactives sont perçues en réalisant la mimique du flehmen : la langue légèrement sortie, l’air est aspiré par la bouche, les lèvres sont rétractées. Les odeurs seront traduites par les cellules sensorielles situées sur le palais. Elles indiquent notamment au mâle l’état hormonal des femelles.

Si toutefois un mâle empiète sur le territoire d’un congénère et qu’une rencontre a lieu, les deux individus peuvent se battre et se blesser mortellement. Mais avant d’en arriver là, ils se jaugent l’un l’autre, exposant les crocs, les oreilles aplaties en arrière et les pupilles dilatées. Même s’ils sont solitaires, les tigres savent que des congénères sont présents aux alentours (3) (6). Ils utilisent aussi toute une gamme de vocalisations : grognement, sifflement, gémissement, rugissement… Chaque son a sa fonction et reflète l’humeur ou l’intention de l’animal.

Les tigres font partie des félins capables de rugir mais pas de ronronner. Leur rugissement est particulièrement impressionnant. Il est souvent répété trois à quatre fois et peut être entendu à plus de trois kilomètres. Il est souvent utilisé comme signal de dominance, afin que les autres aient une idée de la taille de l’individu en fonction de la puissance du son émis et de sa localisation. Il est aussi produit lorsque le tigre a tué une proie de grande taille ou en période de reproduction. (3)

Les gémissements (moaning) sont émis pour relâcher la tension dans différentes circonstances alors que la toux de rugissement est exclusivement produite lors d’une attaque. Enfin, les tigres émettent un son particulier appelé « pook sound » lorsqu’ils sont à la recherche de proies. Si sa signification n’est pas encore claire, il semblerait que ces sons se rapprochent de ceux émis par les cerfs sambar. (3)

L’intelligence des tigres par Sabyasachi Patra, cinéaste et photographe passionné de faune sauvage, récompensé pour son documentaire A call in the rainforest (8) :

Il y a quelques années, lors d’une sortie en jeep à Tadoba Andhari Tiger Reserve pour observer les tigres, Sabyasachi Patra a pu voir une tigresse et ses petits avançant sur la piste. Les petits sont vite entrés se cacher dans la végétation, à gauche du chemin. Lorsque le véhicule s’est rapproché de l’endroit où ils avaient disparu, il a pu voir un des jeunes les observer, dissimulé derrière des bambous. La tigresse, de son côté, a continué d’avancer quelques minutes sur la piste. Elle est ensuite entrée dans la forêt, mais sur la droite du chemin. Après un moment, Sabyasachi Patra a décidé de reculer jusqu’à l’endroit où les petits avaient disparu… Il s’aperçut alors que la mère avait retrouvé ses enfants, et que tous trois étaient postés sur un petit promontoire rocheux, leur permettant de les observer discrètement à distance !
Cette expérience démontre les capacités de ruse de la mère pour semer ses poursuivants. Elle est entrée dans la forêt du côté opposé à ses petits, puis a rebroussé chemin et traversé la piste dans le dos des humains…

 

RÉFÉRENCES

(1) IUCN Red List,

http://www.iucnredlist.org/details/summary/15955/0

(2)
http://animaldiversity.org/accounts/Panthera_tigri…
(3) Panthera tigris. By Vratislav Mazák,

http://www.science.smith.edu/departments/Biology/V…

(4) Hemmer, 1978. Socialization by intelligence: social behavior in carnivores as a function of relative brain size and environment.

Carnivore, 1(1) : 102-105.

(5) Face of the tiger, 1977. Charles Mc Dougal. HarperCollins Distribution Services.

(6) Schaller, G. B. 1967. The Deer and the tiger. A study of wildlife in India. Univ. Chicago Press, Chicago, 370 pp.

(7) Hunting performance of captive-born South China tigers (Panthera tigris amoyensis) on free-ranging prey and implications for their reintroduction,

http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S…
(8)
https://www.indiawilds.com/diary/tiger-intelligenc…