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Pas de répit pour les loups : nouvelle année, nouveaux massacres

Pas de répit pour les loups : nouvelle année, nouveaux massacres

Mis à jour le 21 février 2023

Les loups, qui appartiennent pourtant à une espèce protégée, peuvent être abattus en toute légalité en France. Cependant, ces massacres légalisés ne semblent même pas suffire à leurs opposants, puisque les loups sont en plus victimes de braconnage, tués en dehors de tout cadre légal.
One Voice attaque régulièrement les arrêtés préfectoraux autorisant des tirs létaux sur les loups, et plus largement se bat pour faire cesser cette hécatombe.

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Une dérogation à la protection de l’espèce appliquée sans aucune réflexion

Bien que les loups soient protégés par la Convention de Berne et la Directive Habitats de l’Union européenne, il est tout à fait possible de les abattre « pour prévenir des dommages importants notamment aux cultures, à l'élevage, aux forêts, aux pêcheries, aux eaux et à d'autres formes de propriété ; […] », selon l’article L. 411-2 du Code de l’environnement.

En France, une fois les tirs autorisés par arrêtés préfectoraux, les loups s’approchant des troupeaux peuvent être tués sans état d’âme. Tant pis si les animaux éliminés ne sont pas ceux qui sont directement impliqués dans les attaques. Un non-sens que refusent nos voisins, qui font tout pour minimiser le déséquilibre des meutes et l’impact sur la conservation de la population lupine. La disparition d’un reproducteur détruit en effet la structure sociale de la meute et augmente le risque de dispersion de ses membres, mettant ainsi en cause leur survie, et multipliant le risque d’attaques désorganisées par des loups opérant désormais seuls. Mais n’est-ce pas finalement l’objectif de l’État français, sous la pression des lobbies, pour mieux diaboliser les loups ?

En Autriche, seuls des loups spécifiquement désignés peuvent être mis à mort. On s’assure donc que c’est le loup à l’origine des attaques qui sera abattu – loup qui, rappelons-le, ne tue pas par plaisir mais par nécessité, pour se nourrir. Tuer n’importe quel autre animal est interdit. Un tribunal autrichien a d’ailleurs annulé une autorisation de tir en décembre 2020, considérant que le risque de tuer un autre loup - non responsable des attaques passées - était trop élevé.

En Suisse, les loups choisis ne le sont pas au hasard : il doit s’agir d’un jeune animal afin de ne pas perturber la configuration hiérarchique, à condition que la meute se soit reproduite avec succès, et seulement si ladite meute a tué au moins dix animaux de rente en quatre mois.

En France, le nombre d'individus à décimer est en constante augmentation. Tant que cette politique d’extermination des loups n’aura pas cessé, One Voice veillera à ce que les conditions - minimales - nécessaires pour obtenir une autorisation de destruction soient respectées, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas.

Deux semaines après le début de la nouvelle année, déjà deux loups au tableau de chasse

La mise à mort des loups est suivie par la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) d’Auvergne-Rhône-Alpes, qui préfère comptabiliser ces tueries sous le doux nom de « protocole d’intervention sur la population de loups », certainement pour tenter d’en minimiser la gravité et de faire croire que, comme son nom l’indique, elle se soucie d’environnement.

En 2023, 174 loups pourront donc être abattus en toute légalité. À peine vingt jours après le début de la nouvelle année, c’est déjà le cas pour deux d’entre eux : le premier dans le département des Alpes-de-Haute-Provence dans le cadre de tirs dérogatoires, le deuxième, « détruit volontairement hors protocole » (en réalité braconné), quelque part en France sans autre précision, comme le démontre le tableau de suivi de la DREAL.

Il y a un an à peine, nous avions attaqué deux syndicats agricoles qui appelaient leurs membres à braconner les loups, se vantant de posséder « du plomb et du poison ». Cependant, « l'incitation à commettre le délit d'atteinte à une espèce protégée » n'est une infraction que si elle est suivie d'effet (un individu tue un loup en réponse à l'incitation des syndicats). Cette absence d'infraction est très contestable. Un amendement avait été déposé contre ce scandale dans le cadre de la loi Biodiversité, mais fut malheureusement rejeté...

Dans la presse, aucune information sur les deux premières victimes de 2023. Sur le site de la préfecture des Alpes-de-Haute-Provence, pas davantage d’informations sur le loup concerné, mais un appel à candidature pour la nomination d’un lieutenant de louveterie qui participera, entre autres, « aux opérations prévues dans le protocole ‘‘loup” » - comprendre : « participera aux abattages de loups ».

Les loups sont des animaux à l’intelligence émotionnelle complexe. Mais du côté de l’État, ce ne sont que des têtes à couper pour faire plaisir aux éleveurs qui ne considèrent la nature et ses hôtes sauvages que par le prisme des profits immédiats qu’ils peuvent en tirer. On en est encore là, malgré la situation catastrophique dans laquelle se trouve la biodiversité.

C’est d’autant plus abject qu’aucune étude scientifique n’a démontré que le fait de tuer les loups réduirait de manière significative leur impact sur les animaux d’élevage, qui, ne l'oublions pas, finiront à l’abattoir après une - courte - vie d’exploitation dans un environnement surpâturé.

Cléa Capelli
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Commentaires 22

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Myrtille | jeudi 02 février 2023

Il faut toujours qu'en matière de chasse aux loups, aux ours, aux renards, et autres animaux qui les gênent, ces dégénérés de chasseurs se signalent !!! Il suffirait que les éleveurs fassent entrer dans leurs troupeaux, deux chiens Patou ou autres races, craints par les loups et élevés avec les moutons (chiens subventionnés par l'État)..... Mais les viandards préfèrent le fusil !!! Ça les amuse de tuer !

Vanille | jeudi 02 février 2023

Malheureusement les chasseurs ne font rien pour se faire accepter, que de tueries organisées et revendiquées, des passes droits, des permissions etc.. Nous les citoyens finirons par vous demander DES COMPTES.

Louve | jeudi 02 février 2023

L'homme est le plus grand prédateur. Les loups sont des animaux magnifiques qui sont protégés mais, à mon grand regret, cette résolution de protection n'est pas appliquée et bafouée.
Quant aux éleveurs, ils n'ont pas, comme le font les éleveurs italiens, adopté des chiens Patou qui sont de très bons protecteurs des troupeaux. Les éleveurs italiens ont fait cette démarche et vivent en harmonie avec le loup.
En France, on ne réfléchit pas......On prend un fusil et on tire sur tout ce qui bouge.
Pauvre monde. où les animaux sont persécutés. Qu'arrivera t-il quand il n'y aura plus d'animaux ????

Shogun74 | jeudi 02 février 2023

Totale liberté pour abattre les loups, mêmes protégés par la Convention de Berne, alors ça sert à quoi? Messieurs les Préfets se régalent de donner des autorisations pour les abattre, l'Italie, l'Espagne cohabitent avec les loups, nous c'est avec le fusil, la solution n'est que la mort, ces animaux sont indispensables à l'écosystème, ils ont le droit de vivre ! Défendons les de toutes nos forces.