le jeudi 13 février 2020 | 14

Dans l'affaire des chiens « de chasse », de qui se moque-t-on?

Dans l'affaire des chiens « de chasse », de qui se moque-t-on?

Mis à jour le 01 septembre 2020

Inspection après inspection chez le chasseur de Dordogne, les rapports rédigés pour la préfecture s'avèrent pires que les précédents. Pourtant, le préfet refuse d’imposer des mesures qui permettraient aux chiens de bénéficier de soins adaptés. Nous avons déposé un référé au tribunal administratif de Bordeaux, car une fois de plus la préfecture de Dordogne ne cherchait qu’à nous contrer au lieu de mettre au premier plan l'intérêt des animaux, en souffrance manifeste chez Richard Mandral. Mais exactement comme pour Bony et Glasha, dès notre référé déposé, le préfet a ordonné des mesures, et donc le tribunal a rejeté nos demandes en attendant l’application des mesures préfectorales. Nous verrons ce qu’il en est à l’issue du délai de l’arrêté préfectoral, et ne lâcherons rien.

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Les inspections de la DDCSPP, les services vétérinaires de l’État, chez le chasseur de Dordogne, ont conclu à une situation pire que la précédente, et le préfet n’a pas pour autant ordonné de mesures à la hauteur du problème.

Quelles pressions sont à l’œuvre ? Celles des chasseurs ?

À ce stade, nos images dévoilées à plusieurs mois d’intervalle prouvent que la situation est dramatique et que les autorités ne font rien de tangible. Pourquoi préfèrent-elles protéger le chasseur plutôt que les chiens clairement victimes de mauvais traitements ? Depuis des mois, nous enquêtons et diffusons des vidéos du chenil du chasseur périgourdin qui fait de la reproduction en totale infraction avec la loi, et chez qui les chiens ne bénéficient pas de soins, sont à l’attache ou dans de grandes meutes affamées où règne la loi du plus fort.

Nous avons apporté la preuve par l’image de chiens poussés au cannibalisme, de chiots, d’adultes à l’attache, de chiens malades et même de cadavres à l’abandon. Pourtant, pour les autorités, : « aucune raison » de retirer au chasseur tous ses chiens. Il n’y a pas d’urgence, ni de maltraitance. Un simple quota suffit. Aucune mesure coercitive n’a été mise en place pour que la situation s’améliore ! Les inspections des services vétérinaires de la préfecture vont dans notre sens, mais la préfecture refuse de prendre les mesures adéquates pour ces chiens, qui sont pourtant sous sa responsabilité.

Jusqu’où s’étend le pouvoir des chasseurs dans notre pays, eux qui nous font vivre dans de nombreuses régions dans des zones de non-droit ? Qu’est-ce qui fait que ces chiens ne sont pas protégés comme les autres chiens ?

Une situation qui s’aggrave d’inspection en inspection sans aucune conséquence…

En juin 2018, les services de l’État dénombraient 112 chiens au lieu des 45 autorisés. Le problème n’était pas nouveau… À cette occasion, ils ont mentionné la non-conformité des conditions de stockage de l’alimentation des chiens, des protections contre les intempéries et températures excessives, ainsi que celles des lieux de détention (présence de vieux matériel agricole pouvant occasionner des blessures, d’animaux blessés ou sans soins, absence de suivi vétérinaire, hébergements non adaptés avec des chiens maintenus à l’attache à l’extérieur toute l’année, etc.). Et dans la mise en demeure, sont déjà mentionnés les problèmes d’identification des chiens, de leur abreuvement, des agressions entre congénères, dites « conflits de hiérarchie »...

Depuis, les inspections se suivent et démontrent que la condition de ces animaux empire sans que rien soit mis en place par l’État pour imposer l’application de la règlementation ! Pire, il a laissé la situation s’aggraver et laissé des chiens en souffrance, dont au moins un est décédé.

« L’administration fait donc valoir qu’elle n’a pas été inactive dans ce dossier et qu’elle a diligenté cinq inspections. Or ces démarches sont la conséquence des plaintes déposées et des images publiées par l’association requérante ! Par ailleurs, alors que les non-conformités persistent au fil des inspections, aucune sanction effective n’était prise depuis bientôt deux ans pour protéger les chiens et endiguer les naissances. »
Extrait du référé de One Voice

De la reproduction sauvage et du trafic de chiens

Les autorités s’abritent derrière l’aspect rustique du lieu, et sur le fait que ce sont des « chiens de chasse », mais comme l’écrit notre avocate :

« Il n’existe pas de réglementation particulière pour les meutes de chiens de chasse. De ce fait, c’est la loi concernant les chiens qui s’applique, autrement dit celle des animaux de compagnie d’espèces domestiques. Personne ne peut croire que les 100 chiens de M. Mandral qui est seul pour s’en occuper puissent bénéficier de la même attention et des mêmes soins, ni qu’il chasse quotidiennement avec une meute d’une telle importance. »

Tous les chiens — quel que soit l’usage qu’en font les humains — doivent bénéficier des mêmes soins, des mêmes protections et du même respect ! Là-bas, les sillons creusés par certains chiens maintenus à l’attache autour de leur niche témoignent de la restriction de leurs mouvements… Les autres se font mordre dans les enclos communs, et meurent…  

Le juge des référés a refusé d’enjoindre à la préfecture de Dordogne de recenser, retirer et faire procéder au bilan clinique des chiens détenus par ce chasseur, et de procéder au suivi des animaux cédés à une association de protection animale, en attendant la fin de l’application des mesures de la préfecture. Nous serons toujours là après! 

Notre pays doit inverser urgemment la vapeur en ce qui concerne le bien-être des animaux, et leurs conditions de détention. Constater qu’il y a un double standard entre les chiens dits de chasse et les autres aux yeux des autorités est plus que préoccupant. Le fait de fermer les yeux sur le mal-être de ces pauvres animaux malades est inacceptable. La négligence et l’aspect rustique d’une propriété ne devraient en rien aveugler les autorités, moins encore les juges ! Nous ne lâcherons rien, les dysfonctionnements en matière de protection animale sont criants. La mort et les souffrances de ces pauvres chiens ne resteront pas impunies.

Julia Mothé
Hr blog

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Commentaires 14

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Le dauphinois | jeudi 13 février 2020

Le sort de quelques chiens n'a que peu d'intérêt et surtout peu de résonance mediatique pour la préfecture qui préfère s'investir dans des actions plus lisibles et moins glorieuses

Carine | jeudi 13 février 2020

Ces humains qui n'en ont rien à faire du bien être animal, c'est une honte, c'est lamentable !!!!

trochu | jeudi 13 février 2020

C'est honteux et scandaleux ! Il est impensable d'accepter de telles conditions pour ces pauvres chiens. Le milieu de la chasse est de plus en plus écœurant et révoltant. A l'heure où la grande majorité des français ouvre les yeux, il n'est absolument plus possible que des animaux continuent de souffrir, d'être maltraités, exploités et considérés comme "objets, matériel, marchandise ou meuble". Ce qui est tout autant choquant c'est la justice qui ne fait pas son travail, qui n'a aucune empathie envers tous ces animaux victimes de la cruauté humaine. Infiniment merci à vous ONE VOICE de ne pas lâcher !

Papi | jeudi 13 février 2020

Ce n'est pas parce que ce sont des "chiens de chasse" qu'ils ont droit à vivre dans ces conditions. C'est lamentable.Tout ceci n'est que prétexte pour se faire de l'argent.