Le Gircor, lobby de l’expérimentation animale, n’aime pas notre rapport sur les primates
Déformations et mensonges : quand le lobby de l’expérimentation animale tente de répondre au rapport d’étude de One Voice sur les primates.
Lundi 22 mai 2023, One Voice manifeste devant l’université de Strasbourg, dont le centre de primatologie Silabe est responsable d’une grande partie du commerce de primates pour l’expérimentation en Europe, et nous présentons notre récent rapport sur ce sujet au public. Le lendemain, le Gircor, organe de communication et de lobbying de l’industrie de l’expérimentation animale, tente un « fact-checking » bien léger qui déforme nos propos pour tenter de nous décrédibiliser et d’effrayer le public.
« Morceaux choisis ! » : cela résume bien la perspective des chantres de l’expérimentation animale sur le rapport de One Voice. Pourquoi parler des captures, des cages de deux mètres carrés dans lesquelles des macaques passent leur vie en laboratoire, de la position désastreuse de la France en Europe, ou des problèmes de fond liés aux « comités d’éthique » ? Ils ne sont même pas capables de nommer One Voice. Il ne faudrait pas nous faire de la publicité…
Oublis stratégiques et déformations
Nos revendications vont de l’obligation de transparence à l’aide aux pays qui rencontrent des difficultés à cohabiter avec les macaques. Nous demandons aussi, entre autres choses, la réforme des normes de détention des primates et la recherche obligatoire de méthodes non animales par les laboratoires. Mais parmi tout cela, le lobby de l’expérimentation animale ne mentionne que ce qui l’effraie le plus : la demande d’un calendrier de sortie inconditionnelle de l’expérimentation animale.
D’après lui, notre rapport encouragerait « des théories dangereuses, comme le recours aux méthodes in humano comme méthode alternative aux animaux ». En réalité, on y affirme qu’il serait intéressant, en plus d’autres pistes alternatives, de développer les recherches cliniques « avec le consentement éclairé des sujets humains solidaires […] dans le respect d’une réflexion bioéthique déjà bien encadrée ». Pas grand-chose à voir, donc. Mais la peur est toujours une bonne motivation pour justifier les souffrances que l’on inflige aux autres.
Même la science n’est pas leur fort
En fait, même la science n’a pas l’air d’être le fort de ces propagandistes : pour eux, « la mise au point d’ “humains sur puce” relève aujourd’hui plus de la science-fiction que de la science ». Ce n’est clairement pas ce que pense l’Institut National de la Santé aux États-Unis
puisqu’il finance depuis 2015 l’entreprise Hesperos, qui propose depuis plusieurs années diverses versions de ces « humains sur puce », qui consistent à mettre en relation par des systèmes « microfluidiques » des cultures de cellules qui reproduisent les fonctions des différents organes d’un corps humain.
Mais alors, se demandent nos adversaires, « ne faudra-t-il pas considérer ces “humains sur puce” comme des êtres sentients et par là même demander l’interdiction de toute recherche dessus ? ». — Non. D’ailleurs, l’Académie nationale de médecine a récemment rappelé que les organoïdes de cerveau ne sont pas des mini-cerveaux capables de réfléchir, mais une diversité de modèles qui permettent d’étudier différents aspects du cerveau. Peut-être qu’à force de se faire l’avocat de l’exploitation des animaux, les responsables de la propagande en faveur de l’expérimentation animale ont perdu toute capacité d’imagination et de réflexion épistémologique. Ou peut-être qu’il s’agit, simplement, de mauvaise foi.
Qui peut encore leur faire confiance ?
À vrai dire, les origines du Gircor en tant que « Groupe Interprofessionnel
de Réflexion et de Communication sur la Recherche » ne collent pas tout à fait avec l’image impartiale qu’il veut se donner aujourd’hui. Son but initial, beaucoup plus clair que l’image publique qu’il affiche désormais, était de défendre et de promouvoir « les intérêts de ses adhérents » – c’est-à-dire des laboratoires et institutions qui utilisent des animaux.
On comprend donc bien pourquoi il s’évertue à décourager la fin nécessaire et inévitable de l’utilisation des primates par ces laboratoires, et évite de diffuser nos revendications que personne ne pourrait rationnellement juger abusives.
Vous pouvez nous aider
Pour nous aider à avancer vers la fin de l’expérimentation animale, vous pouvez signer notre pétition pour demander l’arrêt de l’utilisation des macaques à longue queue en France et en Europe ainsi que la fermeture du centre Silabe de l’université de Strasbourg.