Contre les blaireaux et nous, éleveurs et chasseurs comme cul et chemise
Pour que les chasseurs puissent tuer les blaireaux comme bon leur semble et pour nous empêcher de les défendre, la FNSEA cherche à répertorier l’intégralité des terriers du pays.
Nous venons d’être prévenus par un lanceur d’alerte que la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher et la FNSEA (le lobby de l’agriculture principalement intensive et de l’élevage) du Centre entreprennent de répertorier de manière exhaustive les dommages aux cultures et la présence de tous les terriers de blaireaux. Au passage, elles en profitent pour faire de la désinformation sur ces animaux. Il est fort à parier que tous les départements suivent ce modèle. Tout cela pour faire plaisir aux chasseurs ! L’heure est grave pour les blaireaux en France.
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La FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) demande aux agriculteurs de signaler tous les terriers de blaireaux dans l’optique de les faire inscrire sur la liste ministérielle des « espèces nuisibles » – qualification remplacée par « susceptible d’occasionner des dommages » (sous-entendu aux cultures), plus politiquement correcte et moins stigmatisante. Mais elle ne fait même pas mine de cacher ce qu’elle pense !
Le puissant lobby de l’agriculture intensive souligne l’importance de signaler lesdits dégâts aux cultures, car il se fait le relais de celui des chasseurs, qui lui a demandé son aide pour nous faire face en justice. Nous n’exagérons pas, cela figure littéralement dans la lettre que ce lanceur d’alerte du monde paysan nous a transmise : « Cela permettra également d’avancer des arguments solides face aux associations qui demandent la protection de ces espèces ».
Une espèce pourtant en partie protégée
Or l’espèce des blaireaux bénéficie de mesures de protection par la convention de Berne, comme le rappelle la lettre de la FNSEA. Pourtant, cela n’empêche pas les préfets d’autoriser la chasse par déterrage ni d’autoriser des périodes de vénerie sous terre complémentaires ! Nous en savons quelque chose. Ces dernières années, nous avons mis un point d’honneur à exposer cette chasse d’une extrême violence et à défendre les blaireaux bec et ongles face aux préfectures soutenues par les fédérations de chasseurs qui leur soufflaient des arguments, fallacieux au demeurant.
L’absence de protocole permet des chiffres qui indiquent que la densité est trop élevée
Cette demande met à nouveau en lumière le fait qu’il n’y a pas de protocole fiable et validé scientifiquement pour répertorier les dégâts ni les individus d’une espèce. Aux dernières nouvelles, les agriculteurs n’ont pas de compétences sur les blaireaux. Vont-ils ne serait-ce que faire ce comptage sérieusement ? Tous les combien les terriers seront-ils comptabilisés ainsi ? Ce comptage n’aura lieu qu’une seule fois ? En justice, c’est justement ce que nous reprochons depuis le départ : un manque total de rigueur !
Le but est de comptabiliser un maximum de terriers car leur quota de « destruction » repose sur ce comptage qui est censé déterminer le nombre de blaireaux. Mais il n’y a pas toujours le même nombre de blaireaux dans un terrier, et les déclarations ne sont même pas contrôlées !
Bientôt renards et blaireaux logés à la même enseigne ?
Si les chasseurs réussissent leur coup et que les blaireaux font leur entrée sur la liste des animaux considérés comme « nuisibles », ils seront traités au même titre que les renards : piégés, traqués, déterrés, par tous les moyens et toute l’année… Des tirs de nuit pourraient être envisagés par les préfectures, etc. Bref, pour ces mustélidés discrets et pacifiques, qui font peu de petits chaque année, ce serait le grand chelem de l’horreur.