« Au cœur des félins » dans le Tarn : un « refuge » qui ressemble à s’y méprendre… à un cirque !
Début juin, nous sommes alertés : un nouveau parc vient d’ouvrir ses portes dans le Tarn. Sur sa page Facebook, l’établissement « Au cœur des félins » se vante de « sensibiliser au respect et à la conservation de la faune sauvage ». Étant donné les photos mises en ligne – des enclos et tabourets ressemblant étrangement au matériel utilisé dans les cirques ; des tigreaux à l’intérieur d’une maison, sur un canapé, d’autres nourris au biberon au lieu d’être auprès de leur mère -, nous avons voulu en savoir plus. Notre enquête révèle une tout autre réalité, bien éloignée du bien-être animal et de la conservation des espèces.
Un refuge ? À coups de fouet, de cris et de numéros humiliants
On nous parle d’un projet de refuge pour accueillir des félins des cirques sur plusieurs hectares, tout en restant très opaque sur la provenance des fonds : la construction se fera sans collecte de dons, sans demande de subventions, et sans faire payer la visite. On se demande bien comment et quand le projet verra le jour.
En attendant, Maya, Thor et Malish, les deux tigres et le lion du dresseur, sont toujours enfermés dans un enclos minuscule avec, pour abri, un camion. Pour amuser le public, on les menace à coups de baguette et on les fait monter sur des tabourets, marcher sur deux pattes, sauter les uns par-dessus les autres. Des comportements tout ce qu’il y a de plus naturel… sous les chapiteaux des cirques.
Au même titre que le Jungle Park (désormais fermé) ou le Parc-Saint-Léger, « Au cœur des félins » est un cirque fixe. Les animaux y sont dressés, en cage, et doivent se produire en spectacle, peu importe ce qu’ils subissent.
Quand l’État détourne l’esprit de la loi au détriment des animaux
C’est l’un des multiples faux-semblants de la loi du 30 novembre 2021. Interdire la détention d’espèces sauvages dans les cirques itinérants d’ici 2028, tout en laissant à ces mêmes cirques la possibilité de se sédentariser pour continuer d’exploiter ces animaux exactement de la même manière aussi cruelle qu’insensée aujourd’hui. Pire encore, nos dirigeants encouragent cette pratique : à l’été 2023, un arrêté ministériel a créé une équivalence entre les certificats de capacité des circassiens et ceux des zoos, alors que les normes réglementaires des zoos sont différentes. Encore un passe-droit pour les circassiens, en infraction avec les textes. Quand le gouvernement cessera-t-il d’adapter les lois à ses envies ?
L’État a le devoir de venir en aide aux lions, tigres, éléphants, hippopotames, etc., détenus dans les cirques en exigeant leur placement dans des sanctuaires et en finançant la construction de tels lieux. Il l’a annoncé, aurait-il menti ? Laisser dépérir des animaux d’espèces menacées, dont les souffrances dues au dressage et à la captivité font l’objet d’un consensus mondial, sous prétexte que les camions-cages restent garés au même endroit est scandaleux.