le mardi 24 septembre 2019 | 33

Carnage chez les grenouilles rousses

Carnage chez les grenouilles rousses

Mis à jour le 13 mai 2020

Le 25 septembre prochain, nous défendrons les grenouilles rousses au TGI de Charleville-Mézières. Nous portons plainte contre un braconnier qui a massacré des milliers d’entre elles au mépris de la réglementation protégeant leur espèce et en multipliant les actes de cruauté.

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Combien faut-il de grenouilles pour rassasier son ogre ? A Beaumont-en-Argonne (08), le 16 mars 2018, une seule perquisition au domicile d’un braconnier a suffi pour découvrir près de 5000 grenouilles rousses (Rana temporaria), mortes ou vives, sur le point d’être dévorées, surgelées et /ou vendues sous le manteau. L’inventaire des inspecteurs de l’environnement fait froid dans le dos : 19 nasses, 2 grandes paires de ciseaux, 35 pots de 70 paires de cuisses, 32 kilos d’œufs d’amphibiens (officiellement destinés à être remis dans leur milieu naturel), 19 grenouilles vertes (Rana esculenta, officiellement capturées par erreur) et 1679 grenouilles rousses vivantes (« pour les consommer fraîches plus longtemps »), ainsi que … 2954 autres déjà amputées de leurs pattes arrière mais qui respiraient encore !

Interminable agonie

En effet, le propriétaire des lieux, aux allures de « paisible retraité », ne se donnait pas la peine de tuer ses victimes avant de les charcuter. Aux enquêteurs, il a présenté ainsi sa technique : « Je prends la grenouille. Je l'assomme et la coupe au ciseau. Ensuite, je tiens dans un chiffon, et avec une fourchette que je pique dans l'entrecuisse, j'enlève la peau. Ensuite, je la noue et coupe les onglets toujours au ciseau. » Passé maître dans l’épouvantable opération, souvent assisté de son épouse, il parvenait ainsi à « préparer » 100 grenouilles par heure… Et à remplir dans le même temps seaux et sacs de « déchets », en l’occurrence les animaux mutilés, qui mettaient souvent plusieurs jours avant de rendre leur dernier souffle, après d’abominables souffrances.

Un si gentil grand-père

Si lors de son audition le 19 mai 2018, l’homme a nié toutes velléités commerciales (alors qu’il avait reconnu vendre les cuisses au cours de la perquisition), il a confirmé son attachement à cette tradition « familiale ». D’ailleurs, il n’en est pas à sa première verbalisation pour des captures de batraciens et c’est donc en toute connaissance de cause qu’il a poursuivi ses méfaits jusqu’ici. Après avoir appris à pêcher les grenouilles rousses avec son père, il les a braconnées toute sa vie, se moquant bien des périodes réglementées de chasse et privilégiant les périodes de fraie, lorsqu’elles dévalent les ruisseaux pour rejoindre les zones de reproduction. Pour les capturer plus sûrement, il utilise des appelants : « J'attrape 5 ou 6 mâles, je les place dans les nasses, et les autres se prennent toutes seules ». Une fois les animaux piégés, place aux grands coutelas et folles réjouissances gustatives chez celui qui se considère comme un « amoureux de la nature » ! Convives réguliers, ses fils se sont défendus de participer au massacre mais ont admis qu’ils accompagnaient parfois leur père lors de ses traques et qu’ils piochaient régulièrement dans le réfrigérateur pour régaler femmes et enfants. Comble de l’ironie, l’un d’eux a ajouté que son père prenait soin de faire le nécessaire pour la préservation de l'espèce en veillant à ce que les œufs soient toujours dans l'eau !

One Voice partie civile

Aussitôt informés de cette sinistre affaire, nous nous sommes constitués partie civile pour prendre la défense des grenouilles, leur vulnérabilité et leur extrême sensibilité. Nous les représenterons ce mercredi 25 septembre au tribunal de grande instance de Charleville-Mézières, lors du procès du braconnier et de ses fils également convoqués. Tous trois ont violé sciemment les règles afférentes à la protection des animaux, ainsi que celles relatives à la détention d’espèces non domestiques. Nous nous battrons pour qu’ils écopent de peines exemplaires et qu’ils soient mis hors d’état de massacrer plus longtemps !

Marie-Sophie Bazin
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Commentaires 33

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Micky | jeudi 26 septembre 2019

Il faut l'arrêter !

Nico | jeudi 26 septembre 2019

Assez! Lourde peine espérée

anne | jeudi 26 septembre 2019

Sans même relever encore la cruauté du procédé qui fait vomir, comment peut-on chasser-braconner-tuer-manger les grenouilles, petits êtres si utiles pour lutter contre les insectes et les limaces? J'adresse évidemment le même questionnement aux consommateurs de grenouilles dans les gargotes ou dans le plus chics restaurants.

Bea | jeudi 26 septembre 2019

PEINE DE PRISON pour cette personne à l'allure si tranquille !