Les chiffres 2022 de l’expérimentation animale sont enfin sortis… et ne sont pas rassurants

Les chiffres 2022 de l’expérimentation animale sont enfin sortis… et ne sont pas rassurants

Expérimentation animale
15.01.2024
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Souffrances, nouvelles déclarations et acharnement sur les primates : le bilan de l’expérimentation animale en 2022 n’est pas bon.

Immanquablement, les chiffres de l’expérimentation animale tardent à être publiés. Il nous a donc fallu attendre janvier 2024 pour connaître l’étendue de ces pratiques en France au cours de l’année 2022 : 2 128 058 utilisations d’animaux. Réduction toute relative des souffrances, déclarations des biopsies de bébés rongeurs et acharnement sur les primates : le bilan n’est pas brillant.

(À peine) moins de souffrances… ?

De manière globale, on voit dans les tableaux réalisés par le ministère de la Recherche que le nombre d’expériences de gravité modérée et sévère a un peu baissé par rapport à 2021. Mais concrètement, plus d’un million d’animaux sont encore concernés en 2022. Et cette réduction toute relative concerne principalement les rongeurs, alors que c’est l’inverse pour d’autres espèces : depuis 2018, entre 100 et 200 chiens ont souffert d’expérimentations sévères. En 2022, on atteint le record de 225.

Par ailleurs, le nombre de projets « légers » a explosé, augmentant de près de 50 % alors qu’il était stable depuis des années. En comparant avec les années précédentes, on voit que l’utilisation massive de souris en « recherche fondamentale » est en cause – mais les pouvoirs publics restent muets à ce sujet. Après tout, comme l’a dit récemment le vice-président du comité d’éthique de l’Anses/EnvA/UPEC, « des souris blanches, pardonnez-moi, ça ne mérite pas énormément de discussion ». Vous n’êtes pas d’accord ? Nous non plus.

Des pratiques restées invisibles jusqu’à aujourd’hui

Selon le ministère, l’augmentation tient surtout à un nouveau « guide » de la Commission européenne, qui fait que maintenant, si on veut couper un bout de queue ou de doigt à des rongeurs afin de vérifier la réussite d’une modification génétique, il faut le déclarer. Et d’après le résumé d’un projet approuvé cet automne, la « biopsie de queue » générerait juste un « stress ou douleur légère de courte durée » chez les bébés rats et souris…

Ce que révèlent donc ces nouveaux chiffres, c’est que chaque année, près de chez nous, des centaines de milliers d’animaux ont enduré ces pratiques sans être déclarés jusqu’à aujourd’hui. La France est d’ailleurs en retard à ce sujet, puisque la « décision d’exécution » de la Commission européenne, qui impose cette déclaration, date de 2020, et aurait dû être appliquée dès 2021

Toujours plus de macaques

Depuis novembre 2022, il est interdit d’utiliser dans l’Union européenne des primates de « première génération en captivité » (F1), c’est-à-dire dont les parents ont été capturés dans la nature, où ils vivaient en famille et en toute liberté. La raison en est que les captures menacent d’extinction les macaques à longue queue asiatiques et font largement souffrir les guenons et les singes de l’Île Maurice, où nous avons enquêté récemment.

La France, toujours aussi prompte à réagir, a pourtant fait entrer dans les laboratoires encore plus de macaques F1 en 2022 (946) que l’année précédente (639).

One Voice veille pour la défense des animaux

D’après le ministère, « à périmètre équivalent par rapport à celui des années précédentes », le nombre d’utilisations aurait diminué, passant à 1 802 025. Ce chiffre sort de son chapeau sans détailler le calcul – et on a bien du mal à en trouver la justification sur la base de ses tableaux, graphiques et explications succinctes loin d’être dignes d’un organisme qui réglemente la recherche scientifique au niveau national…

Comme chaque année, One Voice a demandé aux responsables publics les classeurs détaillés des chiffres, qui nous permettront de vous informer de manière pointue et de mettre à jour notre analyse précise, transparente et spécialisée, que nous vous invitons à consulter.

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