Pour l’éléphante Samba, One Voice sera à la cour administrative d’appel de Marseille le mercredi 26 mai à 10h
Après des années d’exploitation, Samba a droit à une retraite bien méritée. La pauvre éléphante subit les coups de pique et l’isolement depuis trop longtemps. Pourtant, One Voice est bien seule à se soucier de son bien-être depuis près de vingt ans. L’association assigne le préfet des Bouches-du-Rhône en appel car la préfecture a cette responsabilité vis-à-vis de tous les animaux sauvages captifs sur son territoire.
Mercredi 26 mai à 10 heures aura lieu l’audience de la cour administrative d’appel de Marseille contre le jugement du 12 juillet 2019. À cette date, la requête de One Voice, qui attaquait le refus du préfet de procéder au retrait de Samba du cirque qui la détient, avait été rejetée. Pour l’association, l’éléphante doit être soustraite à la vie de cirque au plus vite, qu’il s’agisse du Cirque d’Europe de Max Aucante ou d’un autre. Baisser les bras ne fait pas partie de son vocabulaire. Une vie est en jeu.
Samba a vécu des épisodes traumatisants et One Voice se bat pour elle depuis dix-neuf ans. L’éléphante d’Afrique a été capturée, là où elle vivait paisiblement, entourée de sa mère et de ses tantes. Elle a subi les violences du dressage dès son plus jeune âge. Elle fut battue devant des enfants… Et la fois où elle s’est rebellée, elle a fui, emportant avec elle la vie d’un homme. Nous avons obtenu qu’elle ne soit pas abattue, mais elle est restée aux mains du dresseur Max Aucante et fut renommée Tania. Depuis, notre combat n’a pas cessé.
Dans cette affaire, le ministère de la Transition écologique se cache derrière son petit doigt : dans son mémoire, il conclut laconiquement qu’il « se référait aux observations présentées en première instance par le préfet des Bouches-du-Rhône auxquelles il souscrit ». Et rien depuis. Pourtant, l’annonce de ses mesures pour l’arrêt de l’itinérance des cirques détenant des animaux en septembre 2020 aurait pu donner lieu à une autre prise de position depuis…
Nous insistons sur le fait que Samba est privée de tout contact avec ses congénères, en violation de l’arrêté du 18 mars 2011 réglementant les cirques, qui requiert la satisfaction des besoins comportementaux. Ce besoin de socialisation est d’autant plus prégnant chez ces mammifères définis comme « socialement complexes » que sont les éléphants, les singes et les orques. Sur ce point, la 23e résolution adoptée lors de la 11e Conférence de la Convention des Espèces Migratrices sous l’égide de l’ONU est très claire : « Un certain nombre d’espèces mammifères socialement complexes, telles que plusieurs espèces de cétacés, de grands singes et d’éléphants, montrent qu’elles ont une culture non humaine ». Samba a besoin d’être retirée du cirque pour vivre enfin entourée des siens, car comme pour tout animal grégaire, l’isolement rend fou de désespoir.
Nous nous référons également à nos vidéos d’enquête, comme c’est notre habitude, car dans ces affaires, la justice a souvent besoin de preuves tangibles en sus, ainsi que d’expertises. En octobre 2019, l’un de nos enquêteurs a assisté à la représentation du cirque à Saint-Pierre-lès-Nemours. Ces images ont été soumises pour avis au Dr Willem Schaftenaar, spécialiste des éléphants et totalement indépendant de l’association. Elles ont donné lieu à un complément de plainte, laquelle s’est enrichie de son expertise. Pour lui, Samba-Tania devrait être mise au repos.
Pour nous, et c’est ce que nous demandons au tribunal à nouveau, son état de santé physique et mental ainsi que ses conditions de détention devraient être expertisés ; le cirque d’Europe et Max Aucante ne devraient plus pouvoir présenter Samba-Tania au public (nous demandons l’abrogation de l’arrêté d’ouverture du cirque la concernant) ; et elle devrait être retirée du cirque et nous être confiée. Au plus vite.