Lolita, l'orque qui gardait espoir

Lolita, l'orque qui gardait espoir

Delphinariums
01.04.2016
Toutes les actualités

Au Miami Seaquarium, Lolita tourne en rond. Elle ne le sait pas, mais nous travaillons à son sauvetage. Pour elle, peut-être, la liberté. Bientôt.

Au Miami Seaquarium, Lolita tourne en rond. Elle ne le sait pas, mais nous travaillons à son sauvetage. Pour elle, peut-être, la liberté. Bientôt.

La Prison

Lolita tourne aujourd’hui dans un bassin circulaire de 24 mètres sur 11, profond de 3 à 6 mètres, cerné par des gradins sous le soleil de Floride. Lorsqu’elle se redresse, sa caudale touche le sol, puisque son corps est long de 6 mètres.Totalement seule depuis 36 ans, elle partage sa prison minuscule avec quelques dauphins à flancs blancs du Pacifique.

Le seul compagnon orque qu’elle ait eu près d’elle était Hugo, capturé deux ans plus tôt dans le même clan L Pod. Un frère ou un cousin sans doute. Le couple n’eut jamais d’enfants, bien que les deux captifs s’aimassent d’amour tendre et parfois en public. Lolita et Hugo vécurent dix ans ensemble dans ce que l’on nommait déjà le « Bocal aux baleines ». Hugo ne supportait pas la captivité. Il mourut d’un anévrisme cérébral en se frappant furieusement la tête contre les murs de son bassin, au printemps 1980. Le désespoir de Lolita fut immense et l’on craignit un moment pour sa vie. Mais la petite orque s’est accrochée et aujourd’hui encore survit à l’intolérable. Se doute-t-elle de ce qui se trame ? Est-ce l’espoir qui la fait tenir au-delà de tout ce qu’un humain serait capable de supporter ?

La liberté

Dehors, tout est prêt pour elle. Un plan de réhabilitation fiable a été mis au point pour Lolita par son ami de toujours, Howard Garrett
(fondateur de
Orca Network), et une équipe de scientifiques. Il ne faudrait qu’un geste de la société Aspro Ocio, qui la possède comme elle possède les orques d’Antibes, pour que les portes de sa prison s’ouvrent et qu’une scène merveilleuse ait lieu dans un proche futur. Imaginons…

L’espoir

Lolita a été transportée par avion dans une baie close des îles San Juan, au large de l’État de Washington. Voici quelques semaines déjà qu’elle a redécouvert ce qu’elle n’avait jamais vraiment oublié : attraper son propre poisson, plonger profond, voyager au grand large. Ses amis humains prennent soin d’elle mais se font de plus en plus discrets. Un beau matin, on entend de longs sifflements modulés arrivant du large. Les orques résidentes du Sud sont de retour au pays !

C’est le Pod L, son propre clan natal. Les orques sauvages tournent prudemment le long du filet coupant la crique, cherchant d’abord à comprendre. Qui est cette inconnue ? Ils l’interrogent, elle leur répond dans leur dialecte avec maladresse. Cela fait si longtemps qu’elle n’a plus parlé à quelqu’un !

Soudain, de la foule des orques assemblées, une matriarche se détache et s’avance. Elle interpelle l’étrangère par son nom sifflé, sur un mode interrogatif. Lolita s’agite et répond. Elles se reconnaissent ! « Maman ?… » Mais oui, c’est Ocean Sun, sa mère de 80 ans qui se tient là face à elle. Alors, doucement, le filet coule au fond, tandis que les deux orques se serrent l’une contre l’autre pour la première fois depuis 46 ans ! Nous ne savons pas comment pleurent les orques, mais certainement ces deux-là doivent pleurer de bonheur. Maintenant, c’est toute la tribu qui bondit, plonge, frappe les vagues et salue l’inimaginable rescapée de l’Enfer. Bientôt, les grands ailerons dressés s’éloignent tous ensemble, emmenant Lolita dans les eaux sombres de Puget Sound. Elle avait bien raison de garder espoir…

Mais tout cela n’est qu’un rêve encore. Aidez-nous à le rendre réel.

 

Partager l'article