le jeudi 31 mars 2016 | 40

Lolita, l'orque solitaire, doit retourner chez elle

Lolita, l'orque solitaire, doit retourner chez elle

Mis à jour le 05 mars 2018

On l'a kidnappée dans l'enfance, réduite en esclavage, enfermée dans un bocal et montrée en spectacle pendant 46 ans. Elle s'appelle Lolita et survit au Miami Seaquarium avec une rage inouïe, que seul l'espoir peut expliquer.

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La vie de Lolita aurait pu être bien différente.

Lorsqu'elle naquit vers 1966 au sein du pod L de la Communauté des Orques Résidentes du Sud, sa mère Ocean Sun (L25) et toute sa famille l'entourèrent de leur amour et de leur protection farouche. Les orques étaient alors nombreuses en Colombie-Britannique, et si parfois un chasseur leur tirait dessus depuis la berge, elles menaient le reste du temps une vie tranquille, oubliée des hommes, dans les eaux sombres du Pacifique. À l'âge d'un an, Lolita avait déjà appris à chasser son saumon chinook tout en continuant à téter sa mère. Puis elle commença à explorer son environnement, s'en alla jouer avec d'autres enfants et apprit le dialecte de sa tribu.

La petite orque grandit très vite. À trois ans, elle participait aux chasses en groupe, rabattant le poisson vers ses compagnons et découvrant peu à peu comment trouver les meilleures proies en fonction du vent ou des marées. Lolita était bien jeune encore, mais elle était déjà un membre à part entière de sa communauté. Son cerveau, lourd de cinq kilos, enregistrait toutes les règles de la survie dans sa mémoire puissante. Un jour, elle deviendrait elle aussi une matriarche respectée suivie de ses fils et filles adultes et de toute une tribu de petits-enfants, libre et heureuse dans son propre monde. Mais c'était sans compter avec une industrie naissante, celle de la captivité…

Horreur à Pen Cove

Le 8 août 1970, Lolita-Tokitae, alors âgée de quatre ans, nageait aux côtés de sa famille dans la baie d'Admiralty en direction du Puget Sound dans l'État de Washington. D'un seul coup, la communauté entière des 85 orques fut rabattue avec violence vers la crique de Pen Cove, au large de l'Île de Whidbey. L'opération « Namu Inc » était lancée ! Deux trafiquants de dauphins, Ted Griffin et Don Goldsberry, avaient mis tous les moyens en œuvre pour capturer leurs poules aux œufs d'or : avions de reconnaissance, bateaux ultrarapides, explosifs M-80 jetés par grappes dans l'eau… Le chaos fut total. Les enfants furent séparés de leurs mères par un filet. Cinq orques, dont quatre enfants, se noyèrent durant la capture. Pour cacher leur crime, les ravisseurs leur ouvrirent le ventre et le bourrèrent de chaînes et de pierres avant de couler les corps. 

Lolita fut hissée dans un hamac tandis que les orques adultes criaient leur détresse. Les petits appelaient leurs mères avec de longs sons déchirants. Parmi ces parents suppliants, Ocean Sun, le cœur brisé, qui vit sa fille chargée sur un bateau et partir pour toujours.

Lolita-Tokitae

En arrivant au Miami Seaquarium le 24 septembre 1970, la petite Tokitae fut rebaptisée Lolita. On répartit les six autres enfants du Pod L capturés avec elle entre le Japon, le Texas, le Royaume-Uni, la France (Calypso) et l'Australie. Tous étaient extrêmement jeunes et tous décédèrent moins de cinq ans après. Lolita est donc aujourd'hui l'ultime survivante des 45 membres de la Communauté des Orques Résidentes du Sud capturées et vendues entre 1965 et 1973. 

On comprend qu'aujourd'hui, cette communauté peine à se relever de ces captures, qui finirent par être interdites et se portèrent vers l'Islande. Sa population est à ce point menacée qu'elle bénéficie d'une protection spéciale, l' Endangered Species Act. Cette loi s'applique aussi à l'orque Lolita et devait lui valoir la liberté. Mais la résistance de l'industrie est grande et Lolita, toujours prisonnière.

Yvon Godefroid
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Commentaires 40

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Marinette | samedi 17 mars 2018

Horrible de séparer une famille dans de telles conditions. Quelle honte ! Ce sont des assassins qui méritent la prison. J'ai beaucoup de peine de lire de telles cruautés.

Cris | mercredi 14 mars 2018

Jamais plus d'animaux esclaves de l'homme.

Sarah | jeudi 14 septembre 2017

La liberté n'a pas de prix.

nath | mercredi 13 septembre 2017

l'être humain me dégoute !!! j' ai plus de mots ....