Lettre ouverte à l'attention de Barbara Pompili

Lettre ouverte à l'attention de Barbara Pompili

Delphinariums
08.07.2020
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Les annonces ministérielles sur le bien-être animal n’en finissent pas d’être repoussées et font même reculer les dates d’audience en justice ! Mais des mesures urgentes s’imposent.

Nous publions cette lettre ouverte à Barbara Pompili, notre nouvelle ministre de la Transition écologique et solidaire. Les annonces tant attendues sur le bien-être animal tardent encore à être prononcées. L’audience au Conseil d’État à propos de l’arrêté delphinarium, prévue initialement demain 9 juillet 2020, vient d’être repoussée à une date ultérieure car le ministère fait encore des promesses d’avancées à venir pour les animaux. En attendant, les cétacés dans les bassins des delphinariums et les individus captifs des cirques meurent. Des mesures urgentes s’imposent.

Madame Barbara Pompili
Ministre de la Transition Écologique et Solidaire
Hôtel de Roquelaure
244, boulevard Saint-Germain
75007 Paris

Vannes, le 8 juillet 2020

Nous vous adressons nos plus sincères félicitations quant à votre nomination au ministère de la Transition écologique et solidaire.

Nous espérons que votre ministère va enfin pouvoir fixer le calendrier définitif des mesures annoncées par vos deux prédécesseurs sur la faune sauvage captive et notamment les delphinariums, les élevages d’animaux pour leur fourrure et les spectacles d’animaux d’espèces non domestiques dans les établissements mobiles, étant précisé que notre association était rapporteur du groupe sur les « élevages d’animaux pour leur fourrure » et a participé activement au groupe sur les «animaux sauvages dans le spectacle itinérant» et à celui des «delphinariums».

Nous avons pris connaissance de la lettre du 6 juillet 2020 que vous avez adressée au Conseil d’État dans le cadre du recours en manquement engagé à l’encontre de votre ministère sur la question de l’interdiction de détention des cétacés, laquelle est à l’origine du renvoi de l’audience initialement prévue le 9 juillet 2020 à une date ultérieure.

Nous prenons acte, aux termes de ce mémoire complémentaire :

  • qu’à la demande du cabinet du Premier Ministre et dans le prolongement de la réunion interministérielle du 13 février 2020, vous avez soumis différents scénarios concernant les mesures à adopter en faveur du bien-être animal,
  • que ce processus a été suspendu en raison de l’état d’urgence sanitaire,
  • que cependant s’agissant des cétacés, votre volonté d’adopter des mesures en faveur de leur bien-être demeure réelle.

Nous souhaiterions toutefois que certaines mesures soient prises de toute urgence afin d’éviter des souffrances inutiles.

1- S’agissant des animaux d’espèces non domestiques exhibés dans les structures itinérantes.

La récente saisie conservatoire du lion rebaptisé Jon et de quatre lionnes détenus au sein du Cirque de Paris au bénéfice de notre association a permis de mettre en évidence les graves défauts de soins dont ces animaux ont été victimes. Ce cas fait écho à celui des ours Micha, Glasha et Bony, mais également à celui du lion Elyo/Nal et de l’éléphante Baby, et avant elle Maya. Sans que cet inventaire se veuille exhaustif tant ils sont nombreux à souffrir de ces conditions de détention totalement inadaptées à leurs besoins fondamentaux.

Nous avions adressé à votre ministère des rapports d’experts scientifiques en bien-être animal (Pr Harris, Pr Broom) plaidant pour la fin de telles activités contraires aux besoins physiologiques et comportementaux de ces animaux. Nous tenons à votre disposition ces rapports tout comme les différents dossiers scientifiques et juridiques afférents aux différents individus que nous défendons devant les tribunaux judiciaires ou administratifs.

C’est la raison pour laquelle, dans l’attente des textes interdisant définitivement ces activités, nous vous exhortons à prendre en urgence un arrêté entérinant l’interdiction de la reproduction des mammifères d’espèces non domestiques et organisant leur retrait immédiat des établissements qui les détiennent.

2- S’agissant des delphinariums.

Depuis l’abrogation de l’arrêté du 3 mai 2017 par le Conseil d’État pour vice de forme, la reproduction des dauphins a de nouveau été autorisée au sein de ces établissements.

La situation est des plus préoccupantes.

En effet, depuis janvier 2020, trois dauphins sont morts dans les delphinariums français. Le nouveau-né de Lotty au Marineland est décédé quelques heures seulement après sa naissance. Le 16 juin 2020, un delphineau est décédé à Planète Sauvage huit jours après sa naissance.

La reproduction en captivité, de même que les échanges d’individus qui ont lieu entre les parcs, induisent de grandes souffrances pour ces animaux hautement sensibles, socialement complexes et aux capacités cognitives extraordinaires.

Dans la Déclaration de Vancouver de 2012, c’est au regard de ces capacités sociales et cognitives que les scientifiques ont affirmé que les cétacés doivent être considérés comme des personnes et être dès lors protégés par un ensemble de droits.

Lors de la 11e Conférence de la Convention des Espèces Migratrices, l’ONU a d’ailleurs reconnu qu’ « un certain nombre d’espèces mammifères socialement complexes, telles que plusieurs espèces de cétacés, de grands singes et d’éléphants, montrent qu’elles ont une culture non humaine ».

Au regard de l’ensemble de ces éléments, nous vous demandons d’adopter en urgence un nouvel arrêté interdisant la reproduction, les échanges et les importations de tout nouveau cétacé dans les delphinariums français.

Nous vous remercions de l’attention portée à cette correspondance et vous prions de croire, Madame la Ministre, en l’assurance de notre parfaite considération.

Muriel Arnal
Présidente de One Voice

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