Le ministère de la Recherche autorise des projets d’expérimentation animale sous-estimant les douleurs infligées
One Voice demande le reclassement des degrés de sévérité de trois projets d’expérimentation animale
Fin avril, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a autorisé trois nouveaux projets d’expérimentation animale contenant de graves erreurs. Dans les résumés non techniques des procédures en question, les indications concernant les degrés de gravité ne correspondent pas aux souffrances réelles infligées aux animaux. One Voice demande une nouvelle évaluation.
Edit au 11 juillet 2023
Le 7 juillet, une nouvelle version du résumé du premier projet a été publiée, reclassant les expériences sur les jeunes poissons en degré de sévérité « modéré » – ce qui implique beaucoup plus de souffrances que le degré « sans réveil » initialement accepté par le ministère.
Le 18 avril, un colloque sur l’expérimentation animale a réuni plusieurs centaines de personnes en ligne. À cette occasion, la chercheuse Francelyne Marano a affirmé que si la France réalise davantage de tests classés « sévères » que les autres pays européens, c’est parce que les comités d’éthique français surclassent les projets pour attirer l’attention sur les souffrances des animaux. Cet argument, très répandu parmi les soutiens de l’expérimentation animale, est facilement réfutable, toutes les procédures récentes classées « sévères » l’ayant été à juste titre.
À peine trois jours plus tard, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche nous a fourni une nouvelle preuve incriminant les laboratoires français en autorisant trois projets comportant des erreurs d’évaluation de leur gravité. D’une pierre deux coups, il accepte la minimisation de la douleur infligée aux animaux testés et ment au grand public.
La réglementation piétinée, des milliers d’animaux soumis à une profonde détresse
Le premier projet approuvé par le ministère vise à exposer pendant plusieurs jours mille six cent soixante-quatre jeunes poissons à une substance toxique ainsi qu’à une hausse de température avant de les tuer. Aucune mention d’anesthésie n’est faite et c’est donc pleinement conscients qu’ils vont être intoxiqués. Pourtant, le résumé classe l’expérience comme celles qui sont menées intégralement sous anesthésie générale…
La deuxième expérience, soi-disant légère, prévoit d’injecter à plusieurs reprises des psychotropes à 1062 souriceaux. Une fois adultes, ils devront subir des tests durant de cinq à dix minutes chacun, dont certains les mèneront à se perdre dans un labyrinthe ou à être forcés à nager. Deux procédures qui sont loin de leur permettre d’échapper à l’angoisse, comme le précise pourtant la réglementation au sujet des tests entraînant une douleur dite légère. Comment peut-on imaginer qu’une souris plongée dans un conteneur d’eau pendant de longues minutes, sans savoir si elle en ressortira vivante, peut échapper au stress suscité ?
Enfin, le ministère a approuvé un projet classant comme « modéré » l’infliction d’une « douleur chronique » allant de cinq à douze semaines à des souris, en plus de les soumettre à des tests comportementaux destinés à évaluer la douleur.
Si les degrés de gravité indiqués sont faussés, comment l’évaluation éthique des tests d’expérimentation animale pourrait-elle être fiable ? Et à quoi servent dans ce cas les comités d’éthique qui en ont la charge ?
Nous avons écrit au ministère pour demander la suspension des autorisations et la réévaluation de ces projets. Nous restons pleinement mobilisés et renouvelons notre demande d’une réforme des comités d’éthique en expérimentation animale.