Le Conseil de l’Europe soutient la fin des tests pyrogènes sur les lapins
Alors que la France résiste, la Pharmacopée européenne va effacer le test pyrogène de ses ouvrages, l’interdisant pour de bon.
Plus de vingt ans après la création des alternatives in vitro à ces tests et plus de quinze ans après leur validation, les lapins voient enfin le bout du tunnel : les tests pyrogènes seront bientôt de l’histoire ancienne en Europe. Une décision qui sera discutée en détail dans une conférence organisée mi-février à Bruxelles. Mais les données que nous avons récoltées montrent que la France refuse encore ces avancées. One Voice dénonce l’immobilisme des pouvoirs publics.
«Non seulement des dizaines de milliers de lapins souffrent pour des tests pour lesquels des alternatives existent, mais en plus les laboratoires trompent le public en racontant qu’entre les expériences les lapins se déplacent “librement” alors qu’ils ont à peine l’espace de se mouvoir. Eux qui mourront sans connaître l’herbe tendre ou le soleil. »Muriel Arnal, présidente de One Voice
Les tests pyrogènes consistent à injecter une substance dans les oreilles des lapins et à mesurer l’apparition de fièvre avant de les abattre. Du 14 au 16 février 2023, les autorités européennes organisent une conférence pour les industriels et les autorités publiques. Le but ? Promouvoir et accompagner la fin de l’utilisation des lapins et leur remplacement avec des alternatives in vitro réalisées sur des composants du sang humain : les Monocyte Activation Tests (MAT) ou tests d’activation des monocytes.
Alors que le remplacement de ces protocoles par des alternatives sans animaux est possible depuis une quinzaine d’années, il n’est pas mis en œuvre. Les chercheurs français se montrent particulièrement réticents, employant et tuant même de plus en plus de lapins entre 2015 et 2019 pour ces tests alors que, dans le même temps, les autres pays diminuaient leur utilisation. Une évolution qui reflète l’augmentation continue du nombre de lapins exploités dans les laboratoires français et des souffrances qu’ils y endurent, tous usages confondus.
La France persiste et signe
Et ce n’est pas fini : l’année dernière, le ministère de la Recherche a publié sur la base de données européennes ALURES un projet prévoyant l’utilisation de près de 40 000 lapins sur cinq ans pour des tests pyrogènes. Mais le résumé nous rassure : ils pourront « se déplacer librement sur toute la surface de la cage »… Une cage métallique dans laquelle ils pourront à peine tourner en rond.
À cause des souffrances qu’elle génère, le Code rural prévoit pourtant de limiter l’expérimentation animale aux cas de « stricte nécessité ». Les intérêts industriels sont-ils considérés comme tels ? La conférence du Conseil de l’Europe apportera peut-être des éléments de réponse…
Le public attend un réel engagement
L’évolution de la Pharmacopée européenne résonne avec l’actualité européenne et internationale récente. En effet, fin décembre, les États-Unis ont adopté une loi permettant d’approuver la mise sur le marché de médicaments sans passer par des expériences sur les animaux : une belle avancée, qui ouvre la voie au développement et à l’application des méthodes alternatives. Et fin janvier, plus de 1,2 million de signatures ont été validées pour l’Initiative Citoyenne Européenne “Save Cruelty Free Cosmetics”. L’année 2023 s’annonce donc importante pour la lutte contre l’exploitation des animaux par les laboratoires.
N’hésitez pas à consulter notre site web consacré aux chiffres et aux expériences autorisées récemment.