Au Cirque Muller, des tigreaux naissent, sont exhibés puis disparaissent année après année...

Au Cirque Muller, des tigreaux naissent, sont exhibés puis disparaissent année après année...

Cirques
03.11.2021
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Au mois d’octobre 2021, des lanceurs d’alerte nous ont prévenus que la famille Muller, propriétaire exploitant Jumbo, exhibait un tigreau au public, et permettait même de le toucher. Nos enquêteurs se sont rendus sur place, il y en avait deux. Cela constitue une maltraitance et une infraction. Et que deviennent les petits ? Nous déposons une nouvelle plainte contre le cirque et mettons en demeure la DDPP de la Drôme.

Les cirques sont censés obéir à des règles. En l’espèce, c’est l’arrêté du 18 mars 2011. Chaque dresseur possède un certificat de capacité pour certaines espèces animales, et un nombre maximal est déterminé. Muller détient notamment un hippopotame : Jumbo, et des tigres. Mais tout n’est pas permis ! Ces animaux doivent tous participer au spectacle (ce qui est souvent loin d’être le cas), sinon pourquoi leur faire subir le transport et l’enfermement dans des camions-cages ? Quant aux spectacles proprement dit, ils doivent être encadrés : pas d’exhibition de bébé tigre par exemple dans l’arrêté autorisant l’ouverture de ce cirque ! Or, c’est bien à cela qu’ont assisté nos enquêteurs ! Des petits de quelques semaines, séparés de leur mère dès le plus jeune âge, tirés hors de leur cage sans ménagement par une patte, puis tripotés par le public.

Bien-être, sécurité et santé : piétinés par les dresseurs

Les manipulations des tigreaux notamment sont totalement contraires au bien-être des bébés, mais une simple séparation est déjà un problème pour les petits comme pour leur mère.

Ces interactions sont formellement interdites. Pour des raisons de sécurité bien évidemment, mais aussi pour des raisons sanitaires : des maladies, dites zoonoses quand elles sont transmissibles d’une espèce à l’autre, peuvent se transmettre. Ce que fait le cirque Muller va même à l’encontre des recommandations de l’Association européenne des zoos et aquariums (EAZA).

Comment, dans de telles conditions, peut-on espérer que les enfants considéreront les animaux, notamment les tigres dont l’espèce disparaît, autrement que comme des objets qui sont à leur disposition ? Comment envisager la protection de la planète si la nature est ainsi chosifiée ?

Pour les bébés tigres et leur mère, nous avons déposé plainte contre le cirque pour mauvais traitements commis par un exploitant, exploitation irrégulière et mode de détention susceptible d’occasionner des souffrances.

Que deviennent les petits ? Alimentent-ils le trafic ?

De plus, et nous l’avons déjà dit lors d’autres affaires, le sort de ces bébés nous inquiète vivement. Au Parc Saint Léger, chez Mario Masson, aux Cirques Triomphe, de Paris, Idéal ou Italiano des cousins Gougeon : que deviennent les petits au bout de quelques semaines ? Quelques mois ? Car les cirques ne peuvent dépasser un certain nombre de félins qui sont autorisés dans chaque arrêté d’ouverture. Et les naissances ont beau être chaque fois qualifiées d’« insolites », il y en a pourtant tous les ans. Que deviennent-ils alors, puisque les circassiens doivent s’en dessaisir, voire s’en débarrasser sous peine d’être mis à l’amende ?

Nous mettons également en demeure la préfecture de la Drôme (service de la DDPP) afin de connaître le nombre de naissances survenues dans ce cirque et le sort réservé aux animaux. La proposition de loi sur la maltraitance animale (PPL Animaux) prévoit de n’interdire la reproduction que d’ici deux ans dans les cirques itinérants. Cela n’aidera en rien ces bébés grands félins, victimes de ce genre de choses et d’autres trafics, comme par exemple, de finir chez un taxidermiste où leur dépouille est vendue des dizaines de milliers d’euros !

Deux procédures sont donc en cours : une au pénal, et une administrative.

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