Appel à la Russie à la vieille des jeux olympiques pour qu'elle mette fin aux combats d’animaux dignes du Moyen-Age
Une nouvelle enquête révèle qu’en Russie, des ours sont capturés, enchaînés et livrés à des chiens dont on teste les aptitudes pour la chasse.
One Voice et Baltic Animal Care lancent aujourd’hui une campagne internationale pour révéler ce que subissent des animaux sauvages qui sont utilisés comme instruments vivants d’évaluation des aptitudes des chiens de chasse en Russie.
Les enquêteurs de One Voice se sont intéressés au symbole national de la Russie, l’ours brun, qui sera aussi un des symboles des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi en 2014. Ils ont visité quatre centres d’entraînement des chiens de chasse, situés dans quatre régions différentes de Russie. Ils y ont découvert sept ours et les pires situations de souffrance animale auxquelles ils aient été confrontés depuis leurs débuts, il y a déjà plusieurs dizaines d’années.
Ils ont filmé des ours enchaînés ainsi que des blaireaux et des sangliers enfermés, poursuivis et attaqués par des Laïkas, une race russe de chiens de chasse. Ils ont rencontré les juges qui présidaient les épreuves et qui notaient les chiens en fonction d’anciennes règles, basées notamment sur le pistage, les aboiements, l’agressivité et le courage. Dans ces épreuves, l’agressivité est récompensée. Lors d’un test sur un ours, par exemple, le chien obtiendra une bonne note s’il mord profondément l’ours aux jarrets, aux talons ou au postérieur, mais il perdra des points s’il bat en retraite ou s’il ne le mord pas assez fort.
Muriel Arnal, présidente de One Voice, explique : « Nos investigateurs sont hantés par ce qu’ils ont vu. Lors d’un concours auquel ils ont assisté, l’ours a été attaqué et mordu par des chiens toute la journée, puis il est resté toute la nuit enchaîné à une poulie, prêt à resservir le lendemain. »
« Dans un autre centre, deux oursons se partageaient une cage qui mesurait environ 5 x 3 x 2,5 m. Ils étaient dans un état pitoyable. Ils étaient recouverts d’une épaisse couche de boue et d’excréments, comme le sol de leur cage. C’est un sort épouvantable pour ces animaux, parmi les mammifères les plus intelligents, et réputés pour être de grands voyageurs et des explorateurs hors normes. »
Elena Bobrova, de Baltic Animal Care, explique : « Les tests utilisant un ours impliquent de l’enchaîner à un système de poulie, fonctionnant à l’aide d’un câble tendu entre deux arbres. Un employé se place de chaque côté, pour tirer l’ours ou le repousser. Des juges spécialisés observent et évaluent la performance des chiens, qui doivent l’attaquer et le mettre aux abois. »
Chaque fois que le chien ne satisfait pas à un critère établi, on soustrait des points à un score maximal possible de 100. Ainsi, par exemple, si ses morsures ne sont pas assez fortes, le chien perdra jusqu’à 8 points, s’il aboie mais ne mord pas l’ours, il perdra 10 points, et s’il s’éloigne de l’ours au lieu de le mordre, il perdra entre 10 et 15 points.
Sachant qu’un « test » dure normalement dix minutes et que plusieurs chiens sont notés chaque jour, un même animal sauvage peut servir de cible à de multiples reprises.
Le prix à payer pour faire souffrir un animal sauvage de cette manière n’est pas élevé. Les enquêteurs de One Voice ont noté qu’un test de dix minutes coûtait entre 200 et 400 roubles, soit environ 5 à 10 euros.
En Russie, on nomme ces activités « essais » ou « tests sur le terrain ». Elles bénéficient du soutien officiel d’associations d’élevages canins et de clubs de chasse. Selon les informations disponibles, il existerait en Russie plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de tels centres d’entraînement. Ils font l’objet de publicités sur la voie publique, dans la presse et sur Internet. Différentes espèces sauvages y sont utilisées pour entraîner et tester les chiens de chasse : des blaireaux, des ours, des renards, des martres et des chiens viverrins. Ces animaux sont en général capturés dans la nature, mais les investigateurs de One Voice ont découvert que les ours étaient parfois rachetés à des cirques ou à des zoos. Différentes races de chiens participent, notamment les Laïkas, les Barzoïs et les Teckels.
Les chiens qui font leurs preuves peuvent ensuite participer à des concours régionaux, inter-régionaux ou nationaux, ainsi qu’à des concours internationaux. Les chiens qui ne donnent pas satisfaction peuvent se voir refuser leur pedigree. Pour les Laïkas par exemple, l’obtention du pedigree requiert la réussite à plusieurs épreuves de terrain, où ils sont confrontés à différents animaux, dont un ours captif.
L’enquête de One Voice a révélé le mépris total qu’avaient les centres russes d’entraînement de chiens de chasse envers la nature et les besoins des animaux sauvages. Ils se placent ainsi en complet décalage avec la communauté internationale, qui promeut la connaissance et la protection de la faune sauvage et du bien-être animal.
One Voice et Baltic Animal Care invitent le public international à se mobiliser en écrivant au Président Poutine et à l’ambassadeur de Russie pour leur pays, afin de réclamer une meilleure protection des animaux et l’interdiction de l’utilisation d’animaux sauvages dans les tests des chiens de chasse.
« Nous espérons que notre nouveau rapport et les vidéos que nous publions sur Internet, serviront de catalyseur à la campagne internationale qui demande à la Russie de cesser d’utiliser des animaux sauvages captifs pour entraîner les chiens de chasse », explique Muriel Arnal.
« On ne saurait imaginer plus grand contraste avec les images de cosmonautes du XXIe siècle portant la torche olympique, que le monde entier va découvrir aujourd’hui, que ce que l’on peut voir dans ces centres d’entraînement russes. Ces scènes de chiens lâchés sur des animaux sauvages, dignes du Moyen-Âge, devraient définitivement appartenir au passé. »
Notes :
1. la version papier du rapport, ainsi que la version en anglais peut être obtenue sur demande au 02 51 83 18 10 ou via le
formulaire de contact.
2. Laïkas – En russe, le mot « Laïka » est dérivé du verbe « layât » qui signifie aboyer. Les Laïkas descendent de chiens indigènes et ils sont utilisés depuis longtemps comme chiens de chasse et comme chiens de garde. Il existe en Russie quatre races reconnues qui sont le Laïka carélo-finnois, le Laïka russo-européen, le Laïka de Sibérie occidentale et le Laïka de Sibérie orientale. Les trois dernières font partie des races répertoriées par la Fédération cynologique internationale (FCI). Le Laïka carélo-finnois et un proche parent du Spitz finlandais et ces deux races ont été fusionnées en 2006.
3. La législation de protection des animaux en Russie – la seule protection des animaux référencée dans cette étude est la protection limitée contre les souffrances physiques que leur accorde le Code pénal dans sa 2e partie, section IX, chapitre 25, article 245, qui stipule : « Tout acte de cruauté envers un animal ayant provoqué la mort ou une blessure, s’il a été perpétré par malveillance ou par intérêt, ou avec l’utilisation de méthodes sadiques, ou en présence de mineurs, sera puni (…) » À première vue, il semblerait que cette législation puisse être appliquée pour prévenir la souffrance des animaux sauvages dans les centres d’entraînement de chiens de chasse. Cependant, Elena Bobrova, de Baltic Animal Care, explique que les tentatives d’application de cette législation ont échoué, les autorités responsables ayant considéré que les centres d’entraînement de chiens de chasse étaient légaux. Une nouvelle législation est nécessaire de toute urgence afin d’empêcher que des animaux sauvages continuent d’être capturés et utilisés pour évaluer les chiens de chasse en Russie.