le mardi 09 juin 2020 | 23

Sauvetage de Jon, lion martyr d’un cirque en France

Sauvetage de Jon, lion martyr d’un cirque en France

Mis à jour le 01 octobre 2020

Mutilé, affamé, enfermé, transporté, dominé… Pendant toute sa vie, Jon n’aura connu que cela. Nous l’avons sauvé du cirque qui l’exploitait. Les mensonges répétés des services vétérinaires sont de plus en plus flagrants.
Jon est sorti de l’enfer, nous ne le laisserons jamais y retourner.
Mais combien d’autres y sont encore ?

Hr blog

Edit au 10 juin 19h

Suite à la diffusion des images du sauvetage du lion Jon, la préfecture de l'Eure a publié un communiqué de presse. On y apprend, entre autres choses, qu'une inspection a été réalisée le 27 avril 2020 dernier par les inspecteurs vétérinaires du préfet, lesquels n'ont pas remarqué l'état déplorable des animaux et notamment de Jon, et pire, ont conclu à leur "apparente bonne santé"... 

La peau sur les os

Jon vient d’être sauvé, sa garde nous a été confiée par la Procureure d’Évreux et les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) de l’Eure que nous remercions de cette collaboration ayant débuté il y a 2 ans. Son état est pire encore que celui de lions captifs de zoos dévastés dans des pays en guerre. Pourtant, il vient bien d’un cirque en France !


Que fait la préfecture ?

Nous suivons leur calvaire depuis deux ans, et tout ce temps la préfecture, responsable du bien-être des animaux et de leur suivi régulier, n’a pas bougé. À la presse, présente sans que nous l’ayons prévenue, la préfecture de l'Eure aurait dit le jour de la saisie que les animaux étaient en « bonne santé générale ».

Il reste quatre lionnes, anciennes camarades de bagne de Jon : Hannah, Patty, Céleste et Marli, aux mains du dresseur. Nous les avions, elles aussi, filmées dès 2018 jusqu’en mars dernier. Nous déposons plainte en leur nom !

« Jon présente les stigmates des mutilations et des cruautés qu’il a subies des années durant, sans aucun répit. Son supplice est celui de tous les lions des cirques, majestueux animaux réduits à l’état de pantins auxquels on a ôté tout espoir. Et la législation, pourtant si misérablement faible à les protéger, n’est même pas respectée, car les préfectures qui en ont la responsabilité ferment les yeux. Pour les animaux, les cirques, c’est la maltraitance légale… à en mourir. »
Muriel Arnal, présidente-fondatrice de One Voice

Premiers pas dans un futur confortable

À l’arrivée chez notre partenaire, le refuge Tonga terre d’accueilJon, engourdi par le trajet, entre enfin dans son enclos. Le sol est mou sous ses pattes, quelle douceur ! Son regard, étonné mais encore craintif, fend le cœur.

Une auge d’eau est à sa disposition. Mais il ne connaît pas cet objet, et le renverse. Ses pattes « grattent » et semblent vouloir déplacer l’objet, sans succès. Aucun bruit de griffe n’est audible. Soudain nous comprenons : il a été dégriffé !

C’est alors qu’il baisse la tête et prend l’auge dans sa gueule : des crissements stridents s’en échappent tant il mord fort. Ces sons reflètent son martyre. Il n’a plus de canines : toutes ses dents ont été meulées jusqu’à la pulpe. Ce furent ses premiers gestes en sortant de la cage de transport : chercher à se soulager de cette douleur lancinante.

« Depuis 45 que je m'occupe de fauves, ce vendredi soir, à l'arrivée de Jon, j'ai éprouvé une immense peine et une grande honte de découvrir l'état de santé de ce lion. Comment des hommes qui prétendent aimer les animaux ne font rien pour leur assurer le minimum de bien-être ? Pourquoi les autorités n'interviennent pas avant devant un tel état de malnutrition ? J'éprouve une grande honte pour les hommes qui sont responsables de ces animaux. »
Pierre Thivillon , président de Tonga Terre d'accueil

Dégriffé, édenté, affamé...

Voilà ce qu’il a subi en plus de la faim : des mutilations définitives. Qu’elles aient été effectuées pour mieux le dominer ne fait aucun doute. À son arrivée, c’est un lion sans dents, sans griffes, sans forces, qui demeure prostré dans un coin, comme s’il avait renoncé à vivre.

La vérité est loin du boniment des dresseurs justifiant la captivité par une meilleure qualité de vie supposée dans les camions, loin des braconniers chasseurs de trophées en Afrique ! Jon est à l’article de la mort, et souffre en permanence !

Les équipes de Natuurhulpcentrum, nos partenaires belges venus nous aider pour les premiers soins, sont encore sous le choc. Jon présente des plaies ouvertes à la queue et de multiples cicatrices, la peau de son ventre pend, ses côtes sont apparentes… Qui sait quels autres sévices il a endurés ?

« Je travaille depuis seize ans sur la question des animaux sauvages dans les cirques. J’ai été choqué de voir l’état dans lequel se trouve Jon. Il est extrêmement maigre. Le temps aidera à déterminer si cette maigreur résulte d’une alimentation inappropriée ou d’un problème de santé sous-jacent. Je suis ravi de le savoir aujourd’hui en lieu sûr, où ses problèmes de santé pourront être évalués et traités correctement. Nous sommes impatients de travailler avec One Voice et d’autres partenaires sur l’élaboration d’un plan destiné à le placer en temps opportun dans un établissement de soins à vie. L’état de Jon est la preuve, une fois de plus, que les cirques ne sont pas un endroit pour les animaux sauvages. »
Dr. Chris Draper, biologiste, spécialiste du bien-être des animaux sauvages en captivité, Born Free

Une renaissance progressive

Les premiers jours au refuge, l’auge en métal a été remplacée par un bac fixe installé pour que Jon s’hydrate. Comme il souffre terriblement et n’a plus de dents, il est nourri de petits morceaux. Une réalimentation très progressive, en somme, car une quantité « normale » pourrait le tuer.

Il joue à présent avec joie avec la balle et les branches qui sont mises à sa disposition pour enrichir son quotidien, par une équipe aux petits soins. Il a également découvert avec curiosité son enclos extérieur ouvert sur le ciel, et senti les rayons du soleil pour la première fois sur son pauvre pelage. Sans préjuger de la suite, car il y aura de nombreuses vérifications médicales à faire, on peut déjà dire que son état s’améliore à vue d’œil. Une place l’attend en Afrique, dans le sanctuaire de notre partenaire Born Free, qu'il découvrira une fois remis sur pied.

Une audience est prévue ultérieurement, car la saisie de Jon ne préjuge malheureusement en rien de l’issue du procès. Nous nous battrons jusqu’au bout pour qu'il reste loin de l’enfer qu’il a vécu.

« Quel contraste entre le scintillement et le glamour d’une piste de cirque et l'atmosphère délétère qui règne en dehors de la scène ! Au cours des quarante années durant lesquelles nous nous sommes efforcés de procurer une vie nouvelle et meilleure aux animaux, nous avons affronté beaucoup de misère. Mais rien ne peut se comparer à Jon, le lion maigre que nous avons aidé à sauver en France. Presque pas de dents, des lésions sur tout le corps et bien sûr, aucune alimentation appropriée depuis longtemps... Quelle tristesse ! Mais après son sauvetage, en voyant Jon dans son nouvel enclos temporaire à Tonga Terre d'accueil, nous avons de l'espoir. Parce qu'il se montre curieux de ce qui l'entoure, nous pensons qu'il va toujours bien mentalement. Cela prendra du temps, mais grâce à notre coopération à tous, Jon redeviendra un jour le roi de la jungle ! »
Sil Janssen, président et fondateur de l'ASBL Natuurhulpcentrum

Écrivons au Ministère de la Transition écologique et solidaire !

Via Twitter

Jon ne vient pas du zoo d’un pays en guerre. @onevoiceanimal l’a secouru d’un cirque en France juin 2020. Selon @Prefet27, il est en bonne santé.
@Ecologie_Gouv, @barbarapompili, les #CirquesSansAnimaux, c’est quand ils seront tous morts? https://www.lion-de-cirque.fr/

Via le site du ministère

Cher Ministère de la Transition écologique et solidaire,

Jon ne vient pas du zoo d’un pays en guerre. One Voice l’a secouru d’un cirque en France, il y a quelques jours. Pour le Préfet de l’Eure, les animaux de ce cirque sont en bonne santé.

Les #CirquesSansAnimaux, c’est quand ils seront tous morts? https://www.lion-de-cirque.fr/

Respectueusement

Julia Mothé
Hr blog

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Commentaires 23

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Samira | vendredi 19 juin 2020

Bonjour
Que peut-on faire pour faire bouger les choses pour lui ?
Je suis vraiment peinée de voir l'état dans lequel il était, c'est honteux et horrible. Merci pour ce que vous avez fait pour lui, c'est vraiment une bonne action, un beau métier. Il n'a rien à faire au cirque ou dans une cage il devrait être parmi les siens, tout comme le reste des animaux privés de leur nature sauvage.

Bon courage et merci pour ce que vous faites, Bravo!

Bjorkmaniak | mercredi 17 juin 2020

J’ai honte : à la fois je lis ce reportage, à la fois je ne réussis à regarder de telles vidéos ou lire les phrases dans leurs intégralités. Sans mettre le problème sous le tapis, je me cache un œil car cette souffrance est terrifiante et on ne peut comprendre l’inhumanité.
J’espère que ce lion, s’il ne peut retrouver un état naturel, réussira à « vivre » sans souffrance. J’espère que vous nous tiendrez au courant.

Sak67 | mercredi 17 juin 2020

Je suis choquée! J'en pleure pour ce pauvre lion, prenez bien soin de lui ❤ et qu'il reparte en Afrique, terre de ses ancêtres.... Merci, merci beaucoup de l'avoir sauvé!

sophie l | dimanche 14 juin 2020

Je suis heureuse de vous connaitre et aider pa ma modeste contribution car votre amour, votre professionnalisme et votre détermination produisent leurs effets.
Je n' ai pas pu regarder la vidéo de JON, le roi lion avili, jusqu'au bout entre les larmes et la colère...
Que des circassiens soient " aveugles" face aux sévices qu'ils infligent ne m'étonne pas...
Mais nos préfets! nos DSV! Comment peuvent-ils tolérer l' intolérable? J'ai mal à ma France .

STOP aux animaux, dont sauvages, dont grands fauves, dans les cirques. STOP!