Sauvetage de Jon, lion martyr d’un cirque en France
Mutilé, affamé, enfermé, transporté, dominé… Pendant toute sa vie, Jon n’aura connu que cela. Nous l’avons sauvé du cirque qui l’exploitait. Les mensonges répétés des services vétérinaires sont de plus en plus flagrants. Jon est sorti de l’enfer, nous ne le laisserons jamais y retourner. Mais combien d’autres y sont encore ?
La peau sur les os
Jon vient d’être sauvé, sa garde nous a été confiée par la Procureure d’Évreux et les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) de l’Eure que nous remercions de cette collaboration ayant débuté il y a 2 ans. Son état est pire encore que celui de lions captifs de zoos dévastés dans des pays en guerre. Pourtant, il vient bien d’un cirque en France !
Que fait la préfecture ?
Nous suivons leur calvaire depuis deux ans, et tout ce temps la préfecture, responsable du bien-être des animaux et de leur suivi régulier, n’a pas bougé. À la presse, présente sans que nous l’ayons prévenue, la préfecture de l’Eure aurait dit le jour de la saisie que les animaux étaient en « bonne santé générale ».
Il reste quatre lionnes, anciennes camarades de bagne de Jon : Hannah, Patty, Céleste et Marli, aux mains du dresseur. Nous les avions, elles aussi, filmées dès 2018 jusqu’en mars dernier. Nous déposons plainte en leur nom !
Premiers pas dans un futur confortable
À l’arrivée chez notre partenaire, le refuge Tonga terre d’accueil, Jon, engourdi par le trajet, entre enfin dans son enclos. Le sol est mou sous ses pattes, quelle douceur ! Son regard, étonné mais encore craintif, fend le cœur.
Une auge d’eau est à sa disposition. Mais il ne connaît pas cet objet, et le renverse. Ses pattes « grattent » et semblent vouloir déplacer l’objet, sans succès. Aucun bruit de griffe n’est audible. Soudain nous comprenons : il a été dégriffé !
C’est alors qu’il baisse la tête et prend l’auge dans sa gueule : des crissements stridents s’en échappent tant il mord fort. Ces sons reflètent son martyre. Il n’a plus de canines : toutes ses dents ont été meulées jusqu’à la pulpe. Ce furent ses premiers gestes en sortant de la cage de transport : chercher à se soulager de cette douleur lancinante.
«Depuis 45 que je m’occupe de fauves, ce vendredi soir, à l’arrivée de Jon, j’ai éprouvé une immense peine et une grande honte de découvrir l’état de santé de ce lion. Comment des hommes qui prétendent aimer les animaux ne font rien pour leur assurer le minimum de bien-être ? Pourquoi les autorités n’interviennent pas avant devant un tel état de malnutrition ? J’éprouve une grande honte pour les hommes qui sont responsables de ces animaux.»Pierre Thivillon , président de Tonga Terre d’accueil
Dégriffé, édenté, affamé…
Voilà ce qu’il a subi en plus de la faim : des mutilations définitives. Qu’elles aient été effectuées pour mieux le dominer ne fait aucun doute. À son arrivée, c’est un lion sans dents, sans griffes, sans forces, qui demeure prostré dans un coin, comme s’il avait renoncé à vivre.
La vérité est loin du boniment des dresseurs justifiant la captivité par une meilleure qualité de vie supposée dans les camions, loin des braconniers chasseurs de trophées en Afrique ! Jon est à l’article de la mort, et souffre en permanence !
Les équipes de Natuurhulpcentrum, nos partenaires belges venus nous aider pour les premiers soins, sont encore sous le choc. Jon présente des plaies ouvertes à la queue et de multiples cicatrices, la peau de son ventre pend, ses côtes sont apparentes… Qui sait quels autres sévices il a endurés ?
«Je travaille depuis seize ans sur la question des animaux sauvages dans les cirques. J’ai été choqué de voir l’état dans lequel se trouve Jon. Il est extrêmement maigre. Le temps aidera à déterminer si cette maigreur résulte d’une alimentation inappropriée ou d’un problème de santé sous-jacent. Je suis ravi de le savoir aujourd’hui en lieu sûr, où ses problèmes de santé pourront être évalués et traités correctement. Nous sommes impatients de travailler avec One Voice et d’autres partenaires sur l’élaboration d’un plan destiné à le placer en temps opportun dans un établissement de soins à vie. L’état de Jon est la preuve, une fois de plus, que les cirques ne sont pas un endroit pour les animaux sauvages.»Dr. Chris Draper, biologiste, spécialiste du bien-être des animaux sauvages en captivité, Born Free
Une renaissance progressive
Les premiers jours au refuge, l’auge en métal a été remplacée par un bac fixe installé pour que Jon s’hydrate. Comme il souffre terriblement et n’a plus de dents, il est nourri de petits morceaux. Une réalimentation très progressive, en somme, car une quantité « normale » pourrait le tuer.
Il joue à présent avec joie avec la balle et les branches qui sont mises à sa disposition pour enrichir son quotidien, par une équipe aux petits soins. Il a également découvert avec curiosité son enclos extérieur ouvert sur le ciel, et senti les rayons du soleil pour la première fois sur son pauvre pelage. Sans préjuger de la suite, car il y aura de nombreuses vérifications médicales à faire, on peut déjà dire que son état s’améliore à vue d’œil. Une place l’attend en Afrique, dans le sanctuaire de notre partenaire Born Free, qu’il découvrira une fois remis sur pied.
Une audience est prévue ultérieurement, car la saisie de Jon ne préjuge malheureusement en rien de l’issue du procès. Nous nous battrons jusqu’au bout pour qu’il reste loin de l’enfer qu’il a vécu.
«Quel contraste entre le scintillement et le glamour d’une piste de cirque et l’atmosphère délétère qui règne en dehors de la scène ! Au cours des quarante années durant lesquelles nous nous sommes efforcés de procurer une vie nouvelle et meilleure aux animaux, nous avons affronté beaucoup de misère. Mais rien ne peut se comparer à Jon, le lion maigre que nous avons aidé à sauver en France. Presque pas de dents, des lésions sur tout le corps et bien sûr, aucune alimentation appropriée depuis longtemps… Quelle tristesse ! Mais après son sauvetage, en voyant Jon dans son nouvel enclos temporaire à Tonga Terre d’accueil, nous avons de l’espoir. Parce qu’il se montre curieux de ce qui l’entoure, nous pensons qu’il va toujours bien mentalement. Cela prendra du temps, mais grâce à notre coopération à tous, Jon redeviendra un jour le roi de la jungle !»Sil Janssen, président et fondateur de l’ASBL Natuurhulpcentrum
Écrivons au Ministère de la Transition écologique et solidaire !
Via Twitter
Jon ne vient pas du zoo d’un pays en guerre. @onevoiceanimal l’a secouru d’un cirque en France juin 2020. Selon @Prefet27, il est en bonne santé.
@Ecologie_Gouv, @barbarapompili, les #CirquesSansAnimaux, c’est quand ils seront tous morts? https://www.lion-de-cirque.fr/
Via le site du ministère
Cher Ministère de la Transition écologique et solidaire,
Jon ne vient pas du zoo d’un pays en guerre. One Voice l’a secouru d’un cirque en France, il y a quelques jours. Pour le Préfet de l’Eure, les animaux de ce cirque sont en bonne santé.
Les #CirquesSansAnimaux, c’est quand ils seront tous morts? https://www.lion-de-cirque.fr/
Respectueusement
Suite à la diffusion des images du sauvetage du lion Jon, la préfecture de l’Eure a publié un communiqué de presse. On y apprend, entre autres choses, qu’une inspection a été réalisée le 27 avril 2020 dernier par les inspecteurs vétérinaires du préfet, lesquels n’ont pas remarqué l’état déplorable des animaux et notamment de Jon, et pire, ont conclu à leur « apparente bonne santé »…