le lundi 07 novembre 2022 | 6

Nage forcée : d’autres approches sont possibles

Nage forcée : d’autres approches sont possibles

Mis à jour le 27 septembre 2023

Le ministère de la Recherche a approuvé une procédure de chocs électriques et de nage forcée cette année en France, alors que des entreprises dans le monde entier abandonnent ce test largement décrié et que les lobbies peinent à le défendre. Les animaux ne devraient pas souffrir pour nous, d’autant que des méthodes de substitution et des solutions non expérimentales existent pour aider les personnes qui souffrent.

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Les utilisations récentes du test de nage forcée ne cherchent pas à mimer la dépression humaine (ce que ce test fait très mal), mais à prédire l’efficacité de molécules sur l’état dépressif. Malgré des données récentes tout à fait mauvaises en termes de proportion de résultats positifs pour cette prédiction, on ne peut donc pas dire que le test de nage forcée ne serve strictement à rien s’il est réalisé de manière rigoureuse en contrôlant toutes les variables qui peuvent influencer le résultat. Mais le fait qu’un test utilisant des animaux puisse être utile ne veut pas dire qu’il est justifié.

De plus, comme l’a fait remarquer récemment le NC3R (centre britannique dédié notamment aux alternatives à l’expérimentation animale), des molécules efficaces et des voies novatrices ont pu être manquées à cause d’une confiance trop grande dans les résultats de ce test.

Par ailleurs, d’autres tests existent, beaucoup moins stressants pour les animaux, notamment en mesurant leurs capacités de mémoire pour évaluer l’effet de différentes molécules. Mais il s’agit encore de faire naître des animaux, de les enfermer et de les utiliser pour nos intérêts, ce qui est inacceptable.

Les méthodes de substitution

Si l’on s’en tient au « Remplacement » tel qu’il est défini par la réglementation française, dans l’idée de viser les mêmes objectifs à court terme et de trouver les mêmes résultats expérimentaux sans animaux, les solutions sont effectivement peu nombreuses, mais elles existent et peuvent être développées.

Les recherches sur cultures de cellules dans ce domaine ne permettent pas d’estimer l’effet comportemental des médicaments, mais sont intéressantes pour évaluer des effets biologiques qui peuvent être largement prédictifs concernant l’efficacité des antidépresseurs. C’est ce qu’a souligné récemment le NC3R, en remarquant la prédictivité déjà établie dans ce domaine et le développement prometteur des dosages de BDNF (« facteurs neurotrophiques dérivés du cerveau ») dans le sang humain et dans les cultures de cellules neuronales.

Du côté des ordinateurs, la « psychiatrie computationnelle » se développe depuis quelques années, qui permettra vite, à n’en pas douter, d’étudier bien des aspects des maladies psychiatriques sans faire souffrir qui que ce soit.

Mais il y aurait peut-être de meilleures voies à emprunter : favoriser la prévention et mettre en place les conditions favorables à des psychothérapies efficaces.

La prévention et les traitements non médicamenteux

En ce qui concerne la prévention, il faudrait donc privilégier le financement du travail sur les facteurs externes de dépression et de stress chronique, afin de réduire le nombre de personnes concernées par des dépressions induites par des conditions de travail indignes ou par l’exposition à un environnement social, politique et économique délétère. Les subventions ne sont pas extensibles à volonté. L’argent qui finance les tests de nage forcée et souffrances infligées à des animaux est de l’argent qui ne sera pas utilisé pour travailler à la prévention de la dépression[1].

Par ailleurs, dans un compte rendu d’un documentaire français très récent, Franck Ramus (chercheur en sciences cognitives) souligne le lien entre la consommation élevée de psychotropes en France et la domination des cursus universitaires de psychologie par des approches basées sur des croyances plutôt que sur des preuves, ce qui avait déjà été mis en évidence lors d’un colloque organisé en 2013 sur ce sujet. Le public se trouve donc exposé à une majorité de psychologues et psychiatres qui utilisent des outils inadaptés pour le soigner. Au lieu de financer l’utilisation d’animaux pour mettre au point encore plus de médicaments, on pourrait mieux employer cet argent pour engager la réforme urgente de l’enseignement des psychothérapies et mettre en place des campagnes d’information du public visant à l’orienter vers des thérapies efficaces.

Les animaux ne doivent pas souffrir pour nous

Les rats, ces créatures merveilleuses pleines d’empathie, qui rient, qui jouent, qui réfléchissent, qui ressentent des émotions aussi complexes que des regrets, n’ont pas à souffrir pour nous.

Et ce qu’on peut dire avec certitude aujourd’hui, c’est que les 600 rats dont l’utilisation a été approuvée par le ministère de la Recherche pour des chocs électriques répétés et des tests de nage forcée vont souffrir. Cela se passe en 2022, en France.

Avec nous, sollicitez le ministère de la Recherche pour refuser ces tests.

Sur la cruauté

Cliquez sur le texte pour tweeter : Stop aux chocs électriques et à la nage forcée pour les animaux ! Les pouvoirs publics ne devraient pas autoriser ces expériences cruelles @sup_recherche #StopNageForcée #EndAnimalTesting #ExpérimentationAnimale https://ctt.ec/_h2fq+ via @onevoiceanimal

Cliquez sur le texte pour tweeter : .@sup_recherche, la France doit s’engager, comme les laboratoires à l’étranger, à mettre fin aux tests cruels de la nage forcée sur les souris et les rats ! #StopNageForcée #EndAnimalTesting #ExpérimentationAnimale https://ctt.ec/UPW92+ via @onevoiceanimal

Sur les alternatives

Cliquez sur le texte pour tweeter : Rendre des rats dépressifs à coups de chocs électriques ne donnera pas des thérapies plus efficaces. Stop à l’#ExpérimentationAnimale, @sup_recherche ! #StopNageForcée #EndAnimalTesting https://ctt.ec/iV6Un+ via @onevoiceanimal

Cliquez sur le texte pour tweeter : Au lieu de torturer des rats pour produire toujours plus de médicaments, formez les psychologues et les psychiatres aux outils du 21e siècle ! @sup_recherche #StopNageForcée #EndAnimalTesting #ExpérimentationAnimale https://ctt.ec/omBL7+ via @onevoiceanimal

Cliquez sur le texte pour tweeter : Stop aux chocs électriques et à la nage forcée ! Financez plutôt le développement des méthodes in vitro ! @sup_recherche #StopNageForcée #EndAnimalTesting #ExpérimentationAnimale https://ctt.ec/c1dLo+ via @onevoiceanimal

[1] La réattribution des fonds n’est pas particulièrement simple et doit se faire sur le plan politique pour les financements publics, et par la sensibilisation des fondations et autres organismes pour les subventions privées. Mais cette redistribution paraît grandement nécessaire quand on voit les souffrances qui sont générées par la répartition actuelle des financements.

Cet article est le quatrième d'une série de cinq sur la nage forcée :

  1. Chocs électriques et nage forcée en France en 2022
  2. Nage forcée : les images
  3. Nage forcée : les entreprises qui avancent et l’industrie qui résiste
  4. Nage forcée : d’autres approches sont possibles
  5. Nage forcée : un combat de longue haleine
Nicolas Marty
Hr blog

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Commentaires 6

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Yvabra | mardi 15 novembre 2022

Pratiques tout à fait inadmissibles !Les animaux ne doivent pas être torturés !

Andrée | mardi 15 novembre 2022

L'homme est le premier prédateur quant on dit ça on a tout dit.

jade | mardi 15 novembre 2022

ARRETEZ SVP CETTE PRATIQUE IMMONDE ET INUTILE ... PLEIN DE PAYS L'ONT DEJA ABANDONNEE....

DD | mardi 15 novembre 2022

Après avoir déjà fait disparaître un bon nombre d'espèces animales, la torture est toujours autorisée dans les élevages intensifs et dans la "recherche". C'est lamentable.