le vendredi 18 novembre 2016 | 72

Le label One Voice prend de la fibre

Le label One Voice prend de la fibre

Mis à jour le 26 février 2018

L'huile de coco est une source de beurre végétal en vogue. Cela serait anecdotique si n'y était pas associée l'exploitation sans âme de macaques pour récolter les noix de coco… Un critère de choix éthique supplémentaire que One Voice a décidé d'intégrer à ses labels.

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L'huile de coco est une source de beurre végétal en vogue. Cela serait anecdotique si n'y était pas associée l'exploitation sans âme de macaques pour récolter les noix de coco… Un critère de choix éthique supplémentaire que One Voice a décidé d'intégrer à ses labels.

La fausse bonne idée
C'est dans la province thaïlandaise de Surat Thani qu'a été créée la première école de dressage de macaques, basée sur une tradition millénaire d'utilisation des singes pour l'arboriculture. La filière est en plein boom. Le cocotier et ses différents sous-produits (huiles, lait, crème, fruit, sève, fibres, feuilles et bois) ont le vent en poupe chez les différents pays producteurs : Indonésie, Philippines, Inde ou Thaïlande, premiers fournisseurs de l'Union européenne. Et ce d'autant plus que les consommateurs se détournent désormais de l'huile de palme, conscients de son lien avec la déforestation…

Une ressource commode
La récolte des noix de coco est un travail ardu, dangereux, s'effectuant à plusieurs mètres de hauteur. Les plantations thaïlandaises ayant essuyé, il y a quelques années, une vilaine colonisation d'insectes dévoreurs de bourgeons, le salaire des cueilleurs, à peine 70 bahts pour cent noix (2,20 euros), ne s'en est pas trouvé amélioré. Aussi, le recours à des singes, vingt fois plus efficaces en rendement et bien sûr non rémunérés, a vite été identifié comme une ressource rentable (également dans l'État du Kérala en Inde, où les vocations de cueilleurs se font rares parmi les jeunes).

Les singes utilisés sont des macaques à queue de cochon ( Macaca nemestrina). D'où viennent-ils ? Selon un gestionnaire :
« Parfois, les singes sont descendants de berok (singes déjà formés) ; parfois, ils sont pris dans la forêt avec des filets ou des pièges. Souvent, les mères allaitantes doivent être abattues pour capturer les juvéniles. »

L'intelligence aiguë de ces primates leur permet d'intégrer en quelques semaines une « formation » pour différencier les noix mûres et affiner la technique de rotation permettant de les détacher de l'arbre. Un singe est capable de cueillir plusieurs centaines de noix de coco par jour – jusqu'à 1 600 pour les mâles et 600 pour les femelles – quand un humain ne pourra en récolter que 80 environ. Ce talent, qui pourtant exige beaucoup d'efforts de la part de l'animal, est exploité à l'excès. Si la noix de coco est bien accrochée et que le macaque s'arrête de travailler, l'humain le rappelle très vite à l'ordre pour qu'il reprenne sa besogne. Des coups secs imprimés à la laisse, vite ponctués par un cri du primate, signifient que l'ordre n'est pas sans douleur. Une fois regroupées toutes les noix tombées, le « maître » et son ouvrier passent à un autre palmier, et ainsi de suite.

Travail d'esclave
Au cours de leur formation et ensuite (entendre ad vitam æternam), les singes sont constamment captifs : attachés ou mis en cage, avec peu ou pas de possibilité de socialisation. Au lieu de pouvoir suivre leurs instincts naturels et vivre toutes les interactions sociales propres à leur espèce (l'accouplement, l'éducation des jeunes, le fait de se déplacer librement et prendre du repos à leur guise), ces singes sont transformés en machines vivantes, passent leur vie dans un labeur perpétuel pour la commodité de l'humain, voire son divertissement lorsque ces travaux forcés sont présentés comme une amusante curiosité aux touristes.

Outre la cueillette, les singes participent à la récupération des noix tombées dans les buissons épais, ramassent et transportent les outils, chargent les centaines de noix de coco sur les camions... Leur vie se résume à de longues heures de travail intense, l'enchaînement constant et le manque d'autonomie. En un mot, de l'esclavage.

Un label plus exigeant
Une telle exploitation d'êtres sentients est incompatible avec la labellisation One Voice, laquelle doit garantir que la vie et l'intégrité de tous ceux qui partagent la planète sont préservées. L'association a donc choisi d'intégrer dans ses critères de labellisation éthique l'absence de travail animal dans la confection d'un produit ou de ses ingrédients, s'ajoutant à ceux d'absence de produit animal ou d'expérimentation. La charte des labels One Voice sera désormais modifiée en ce sens.

Plusieurs fournisseurs concernés par la noix de coco ont été consultés sur cet aspect de leur production. Bien que confrontés à des filières d'approvisionnement diverses, ils semblent adhérer et rejoindre notre préoccupation, et avancent des techniques de récolte à main humaine. Pour chaque label One Voice attribué, une attestation en ce sens sera demandée et vérifiée lors d'un audit indépendant. Ceci contribuera plus encore à la construction d'une société non-violente, pour tous les êtres vivants et la planète.


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Commentaires 72

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Vol2nuit | dimanche 20 novembre 2016

J'étais très satisfaite de l'huile de coco que j'utilise actuellement pour cuisiner…bien loin de me douter de ce que cela engendre!!!!
Merci de faire vite le nécessaire pour stopper cet esclavage et nous informer des marques refusant ces pratiques.
Néanmoins, je tiens à livrer mon témoignage: je suis allée un mois en Inde du sud (dont le Kerala) et j'ai pû constater que le travail pour les humains et pour les femmes est aux antipodes de ce que nous vivons…. je ne sais si les Keralais se rendent compte de ce qu'ils font vu leur niveau de vie et leur condition: cela passe par une éducation et une prise de conscience!
j'ai bien peur que nous en soyons loin!
Merci pour votre action et ne baissons surtout pas les bras.
En attendant, je n'utiliserai plus d'huile de coco

sylvianne | dimanche 20 novembre 2016

Je n'en peux plus de constater les mille visages de l'exploitation et de la souffrance animale. Merci de nous informer. Grâce à vous nous ne sommes plus complices par ignorance. Dès aujourd’hui je boycotte la noix de coco sous toutes ses formes et j'informe autour de moi.
J'attends le label One Voice sur les produits pour en acheter de nouveau

lucie | samedi 19 novembre 2016

L'homme est tellement cupide, rien ne l'arrête quand il y a du profit!
Merci à ONE VOICE, j'adhère complètement à votre charte!

Isaline | samedi 19 novembre 2016

Alors là je tombe des nues!! je n'aurais jamais imaginé cela!
je me fournis chez Aroma Zone et je sais pas trop d'ou vient l'huile de coco mais je vais me renseigner et s'il le faut je n'en achéterai plus si elle n'a pas ce label.
C'est vraiment d'une tristesse.