Justice est rendue pour les renards, une décision qui fera date

Justice est rendue pour les renards, une décision qui fera date

Chasse
30.11.2018
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Mercredi 28 novembre a eu lieu l'audience pour le référé suspension de l'arrêté préfectoral de Meurthe-et-Moselle, autorisant des tirs de nuit sur 500 renards sur les trois derniers mois de 2018. La décision du tribunal en faveur des renards est exemplaire.

Mercredi 28 novembre a eu lieu l’audience pour le référé suspension de l’arrêté préfectoral de Meurthe-et-Moselle, autorisant des tirs de nuit sur 500 renards sur les trois derniers mois de 2018. Et la décision du tribunal est en faveur des renards! Un exemple à suivre. Même si une centaine d’entre eux ont, malgré ce verdict, déjà été massacrés de nuit en Meurthe-et-Moselle cet automne, fort heureusement, pas les cinq cents voulus par la fédération locale des chasseurs qui avait quasiment guidé la main du préfet pour ce texte.

Le temps était compté

One Voice a agi très vite pour présenter les arguments techniques et juridiques au juge. Le temps était compté, l’arrêté en place, les renards étaient tués chaque nuit… Le juge a estimé que le sujet était suffisamment motivé juridiquement pour accorder une audience avant la fin de la validité de l’arrêté, c’était déjà un grand pas.

Nous y étions pour défendre les renards, restaurer leur réputation et combattre les arguments fallacieux des chasseurs. De l’aveu même du représentant de la préfecture, l’arrêté a été publié à leur demande, et motivé selon leur argumentaire. En Meurthe-et-Moselle comme souvent, les fédérations de chasseurs ont un poids politique fort, et font quasiment ce qu’ils veulent de la nature, avec l’assentiment des pouvoirs publics. Cet état de fait est devenu insupportable pour la population de mieux en mieux informée de la réalité, à savoir l’état alarmant de la biodiversité toujours plus mise à mal. En témoigne la présence à nos côtés de plusieurs citoyens, venus assister à l’audience de leur propre initiative, ce qui n’est pas fréquent. Comme un rappel subliminal aux 90% des avis donnés lors de la consultation publique qui étaient opposés à cet arrêté.  

Les renards roux sont des individus importants pour la biodiversité!

Nous avons rappelé au représentant de la préfecture et au juge que les renards, avant même de constituer une espèce, sont une multitude d’individus vivants, qui ont, chacun une envie de vivre, par et pour eux-mêmes. Leur utilité pour la biodiversité a également été soulignée par notre avocate pour ceux qui aujourd’hui encore refusent de prendre leur sensibilité, et leur valeur intrinsèque en considération.

Les animaux de nos campagnes font partie du patrimoine commun de la nation. À ce titre, les renards doivent être protégés. Or ils sont traqués, tantôt comme le gibier, tantôt comme membres d’une espèce susceptible d’occasionner des dégâts, ce qui les rend vulnérables aux tirs, aux pièges tuants et au déterrage… toute l’année, par moins de 2% de notre population nationale. Plus d’un demi-million d’entre eux sont massacrés annuellement, plus de 6000 rien qu’en Meurthe-et-Moselle. Pourtant, les renards sont aussi et surtout susceptibles d’occasionner des bienfaits ! La régulation naturelle de la population de campagnols dans les champs permet à la fois que la maladie de Lyme évite de se propager, et que les champs soient arrosés de pesticides chimiques. Un rôle très important dans la biodiversité.
 

Une audience d’exception à Nancy

Lors de l’audience, la défense de la préfecture a enchainé approximations, absurdités et même erreurs, incapable de savoir combien de renards avaient d’ores et déjà été abattus de nuit depuis début octobre, arguant que plus on tue de renards plus c’est un signe que leur population augmente, et comptant deux mois au lieu de trois pour la validité de l’arrêté…  

La collusion du monde cynégétique avec les représentants de l’Etat est préoccupante. Leurs arguments sont qu’il n’y aurait pas suffisamment de lièvres ni de perdrix à tuer pour leur loisir mortifère… une question de concurrence en somme. Mais ni la fédération de chasseurs locale ni la préfecture n’ont pu prouver l’augmentation de la population de renards roux, ni d’ailleurs qu’ils étaient en cause dans la diminution de la population des perdrix (qui n’ont même pas été évoquées à l’audience) et de lièvres qu’ils cherchent à « réguler » à coups de cartouches au plomb. Il faudrait peut-être plutôt aller chercher du côté du recul des territoires naturels en France qui est à l’œuvre depuis des années pour les espaces urbanisés ou pour l’agriculture intensive… De surcroit, il est à présent prouvé scientifiquement que la population de renards s’autorégule.  

Cet arrêté est le dernier d’une longue série, les départements alentours dans le Nord et l’Est du pays ayant décidé de ne pas y recourir, après avoir perdu ou renoncé contre One Voice et ses partenaires toutes les fois précédentes ! Lors de cette procédure, notre avocate représentait aussi les associations ASPAS, Flore 54 et GEML qui ont également attaqué cet arrêté.

Cette victoire fera date!

Nous ne pouvons que nous réjouir qu’une fois encore la justice rétablisse le préjudice fait aux renards, et fasse respecter ce que la population attend de ses pouvoirs publics. Nous continuons notre combat pour eux partout en France, et nous appuierons sur cette décision de justice, exemplaire grâce à notre référé car, elle a lieu avant la fin de l’arrêté, ce qui est exceptionnel.

Pour nous apporter tout votre soutien dans ce combat au niveau national, signez notre pétition pour les renards roux (avec Anymal et l’ASPAS). Ils doivent disparaitre de la liste révoltante des « nuisibles ».

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