À Tenerife, Loro Parque ne recule devant rien pour tirer profit de Morgan
One Voice et la spécialiste des orques Ingrid Visser sont allées voir Morgan, toujours captive à Loro Parque.
En mai dernier, nous sommes allés, en compagnie de la biologiste spécialiste des orques Ingrid Visser, voir Morgan et ses compagnons de captivité, Keto, Tekoa et Adan, à Tenerife. Dans les bassins de Loro Parque, elle est exploitée sans répit pour attirer toujours plus de visiteurs. Nous nous battons depuis près de quinze ans pour son transfert dans un sanctuaire marin.
Morgan a été capturée au large des Pays-Bas en 2010, seule et amaigrie, lorsqu’elle n’était qu’une enfant. Mais alors que le programme autorisant sa saisie posait comme conditions sa remise en forme puis sa libération en mer du Nord, où sa famille l’attendait, celle-ci n’a jamais eu lieu. À la place, elle a été envoyée dans le delphinarium espagnol Loro Parque sous des latitudes tropicales, au large de l’Afrique, pour enrichir l’industrie de la captivité.
Quelques années après son arrivée dans les Canaries, Morgan a donné naissance à son premier bébé. « Un accident » selon le parc, qui a échoué à empêcher le décès de la petite Ula moins de trois ans plus tard. Aujourd’hui, Loro Parque ne voit pourtant aucun problème à garder l’orque de 16 ans et Keto, le père d’Ula, dans le même bassin… Il cherche certainement à ce qu’une nouvelle grossesse se produise, permettant ainsi de venir l’enrichir un peu plus sur le dos d’un nouveau captif.
Une orque utilisée comme attraction lucrative
Pour le public, Morgan est mise au centre du spectacle. Elle doit enchaîner les bonds hors de l’eau, éclaboussant les gradins pour… manger. Sur son écran géant, le delphinarium raconte, tout en la déformant, l’histoire émouvante de son « sauvetage ». Pour justifier sa captivité et continuer à faire du profit sur son dos, il ne fait l’impasse sur aucun mensonge.
Relater les agressions entre orques et sur les dresseurs est soigneusement évité. Pourtant, le père de Tekoa est Tilikum, le tristement célèbre héros du documentaire Blackfish ayant permis d’ouvrir les yeux de nombreuses personnes sur la réalité de ces lieux de détention.
Loro Parque va jusqu’à présenter l’image d’une famille d’orques épanouies, en lieu et place d’un groupe d’individus déséquilibrés par l’ennui et, notamment, le manque d’espace. Les accouplements violents de Keto sur la seule femelle du groupe sont romancés, et les terribles affrontements entre Adan et Tekoa, dont le corps est couvert de morsures, passés sous silence. Pourtant, en plus de la petite Ula née avec une déformation de la nageoire, deux autres orques sont mortes ces deux dernières années : Skyla et Kohana.
Morgan, qui souffre de problèmes de dents et de troubles comportementaux, est aujourd’hui la seule orque née libre à être détenue dans un parc européen. Son exploitation doit prendre fin !
Aux côtés de la biologiste marine néo-zélandaise Ingrid Visser et de la Free Morgan Foundation, nous nous battons depuis le début pour qu’elle soit libérée des bassins en béton où elle est enfermée. Ensemble, nous demandons son transfert dans un sanctuaire où elle pourra enfin vivre libre de ses choix, loin de la violence des spectacles forcés. Et peut-être retrouver sa famille, localisée le long des côtes norvégiennes.