Atrocité et abondance des projets d'expérimentation animale en France : la banalité du quotidien
À partir d’aujourd’hui, nous vous présenterons des projets sélectionnés en raison du nombre d’animaux utilisés ou de la sévérité des tests que ces derniers subissent. Tous ont été validés par le ministère de la Recherche. Nous appelons à une véritable prise de conscience qui permettra un changement des pratiques. Pour cela, nous avons besoin de votre aide !
Chaque jour en France, une multitude d’animaux sont soumis à des expériences. Ces projets peuvent être liés à la recherche (fondamentale et appliquée), ou aux tests réglementaires et toxicologiques.
La transition vers une science sans animaux est massivement soutenue par les Français (sondage Ipsos/One Voice d’avril 2023), par près de 150 scientifiques européens issus de 19 États membres, par les élus européens en 2010 et 2023, et par des parlementaires français[1].
Ainsi, entre le 10 avril et le 10 mai 2024, les projets suivants ont été publiés dans la base de données répertoriant les projets autorisés au niveau européen :
Concernant les singes :
- Prélèvement sanguin et prélèvement de liquide céphalo-rachidien : 400 singes utilisés, dont 80 vont subir des procédures sans réveil (autrement dit un abattage en fin de projet).
- Soumission à une chirurgie d’implantation d’un émetteur de télémétrie, à des prélèvements sanguins, à l’administration de médicaments et placement pendant plus de 6 jours dans des cages à métabolisme : 72 singes seront utilisés.
- Prélèvement, chirurgie, traitement par gavage, stimulation cérébrale, etc. : 60 singes
seront euthanasiés à la suite de ces tests et actes chirurgicaux invasifs qui ne leur permettent pas de survivre à d’autres expériences.
- Soumission de 1 à 3 neuro-chirurgies consistant à implanter des électrodes au niveau crânien, de multiples prélèvements et injections : 12 singes seront utilisés dont 4 euthanasiés
- Injection dans le cerveau puis de plusieurs chirurgies qui consistent à implanter des électrodes permettant de délivrer différentes intensités de courant électrique dans le cerveau. Ils subiront aussi l’administration du syndrome parkinsonien à travers des injections quotidiennes intramusculaires : 6 singes utilisées et qui subiront des douleurs d’un degré de gravité sévère jusqu’à l’euthanasie.
Concernant les chiens :
- Prélèvement sanguin et prélèvement de liquide céphalo-rachidien : 200 chiens seront utilisés, dont 40 subiront des procédures sans réveil.
Concernant les lapins :
- Prélèvements de tissus sur 3 000 lapereaux qui seront ensuite abattus au moment du sevrage.
Concernant les poissons :
Infections expérimentales d’une gravité sévère : 13 680 poissons seront euthanasiés.
Concernant les rongeurs :
- Douleur à la suite d’une lésion de la moelle épinière d’une gravité sévère : 554 souriceaux seront euthanasiés.
- Prélèvement de tissu sur l’oreille ou la queue : 158 000 souris et 1 000 rats, certains euthanasiés et d’autres « réutilisés », le nombre n’est pas précisé.
- Biopsie et prélèvement sanguin : 79 950 souris, dont certaines seront euthanasiées et d’autres réutilisées.
- Administration de différents composés par gavage ou autre moyen, les souris subiront du stress et des douleurs et seront hébergées dans des cages à métabolisme : 50 600 d’entre elles seront mises à mort à l’issue des procédures.
- Greffe de tumeurs impliquant des douleurs importantes, l’impossibilité de se déplacer, etc. : 30 000 souris seront utilisées et euthanasiées, 2 000 d’entre elles subiront des expériences d’une gravité sévère et les 28 000 restantes d’une gravité qualifiée de modérée.
- Insertion d’un implant tumoral : 27 500 souris seront tuées à la fin des opérations afin de récupérer et analyser leurs tissus.
- Greffe de cellules tumorales : 20 500 souris seront euthanasiées, soit au cours de l’étude, soit à sa fin.
- Injection, prélèvement sanguin et prélèvement de moelle osseuse, à la suite de quoi les 19 959 souris seront euthanasiées.
- Injections intracérébrales générant des douleurs et des troubles neurologiques : parmi les 13 500 rongeurs utilisés, 6400 subiront des expérimentations d’une gravité sévère, les autres d’une gravité modérée. Tous seront tués à la fin de l’étude.
- L’hyperexcitabilité auditive est testée par des expositions sonores pouvant générer des crises d’épilepsie réflexes. Des chirurgies ainsi que des injections douloureuses sont attendues : 15 385 souris seront utilisées puis euthanasiées à la fin des procédures car ces animaux « ne peuvent être ni réutilisés, ni replacés, ni adoptés, étant des organismes génétiquement modifiés ». Nous avons d’ailleurs déjà demandé au juge l’interdiction d’un projet similaire.
- Administration de colite générant des douleurs intenses et d’une gravité sévère : 10 000 souris et rats utilisés, tous seront euthanasiés.
- Couper l’extrémité de la queue : 8 500 souris seront ensuite euthanasiées. « Les animaux ne comportant pas la mutation d’intérêt ou trop âgés (pour être utilisés pour l’accouplement ou inclus dans un protocole de recherche) ou n’ayant plus donné de portées depuis 2 mois seront euthanasiés, même s’ils ne présentent pas de signes de mal-être ».
- Chirurgie et implantation pour les adultes et injection cérébrale et injection de substance qui induit la neurodégénérescence des souriceaux avec de fortes douleurs et un stress comportemental et alimentaire : 6 050 souris seront mises à mort et 3 540 d’entres elles subiront des procédures d’une gravité sévère.
- Chirurgie lourde qui a pour conséquence une hypothermie de l’animal et des troubles moteurs qui empêchent les animaux de se déplacer : 5 402 souris seront mises à mort, dont 2 520 subiront des douleurs d’une gravité sévère.
- Infection par des bactéries qui a pour conséquence des douleurs d’une gravité sévère : 5 160 souris seront euthanasiées.
- Chirurgie lourde afin d’altérer les fonctions cérébrales avec risque de douleurs d’une gravité sévère pour certains individus : 3 374 rats seront mis à mort.
- Hypoxie pendant plusieurs jours impliquant des douleurs d’une gravité sévère : 2 475 souris seront euthanasiées.
- Administration de produits qui induisent des convulsions allant jusqu’à la mort : 1 100 souris seront utilisées et 1000 d’entre elles subiront des douleurs de gravité sévère.
- Provoquer un AVC qui inflige donc des douleurs intenses et d’une gravité sévère : 1 000 souris seront euthanasiées.
- Injections d’amphétamine et d’anesthésiques qui induisent des douleurs d’une gravité sévère : 360 souris seront mises à mort.
- Lésion de la moelle épinière qui inflige une paralysie pendant plusieurs semaines induisant des douleurs d’une gravité sévère : 25 rats seront euthanasiés.
Nous plaidons pour que les laboratoires privilégient systématiquement, et comme la loi l’exige, les méthodes alternatives quand elles existent. Nous encourageons également les professionnels à se former aux méthodes des tests sans animaux. En outre, nous exhortons nos représentants politiques à voter en faveur d’un financement beaucoup plus important de la recherche sur les méthodes de remplacement. Bien que la majorité d’entre eux soit d’accord sur ce principe, il est désormais impératif d’avoir une volonté politique réelle pour progresser. L’immobilisme représente un obstacle significatif, et il est nécessaire d’adopter une approche novatrice et d’investir davantage dans ce domaine.
La quantité d’animaux encore victimes de l’expérimentation animale est colossale, et leur nombre ne diminue pas, qu’il s’agisse des singes, des chiens et de toutes les autres espèces, malgré le passage de la loi qui préconise une réduction.
Pour mettre fin à ces méthodes qui ont largement fait leur temps, demandez avec nous la fin de l’expérimentation animale et, vous aussi, écrivez à la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche :
[1] – Décret n° 2013-118 du 1er février 2013 relatif à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques.
– Arrêté du 1er février 2013 fixant les conditions d’agrément, d’aménagement et de fonctionnement des établissements utilisateurs, éleveurs ou fournisseurs d’animaux utilisés à des fins scientifiques et leurs contrôles.
– Arrêté du 1er février 2013 relatif à l’évaluation éthique et à l’autorisation des projets impliquant l’utilisation d’animaux dans des procédures expérimentales.
– Arrêté du 1er février 2013 fixant les conditions de fourniture de certaines espèces animales utilisées à des fins scientifiques aux établissements utilisateurs agréés.
– Arrêté du 1er février 2013 relatif à l’acquisition et à la validation des compétences des personnels des établissements utilisateurs, éleveurs et fournisseurs d’animaux utilisés à des fins scientifiques.