Sur YouTube, les « sauveteurs » d’animaux sont parfois des tueurs !
YouTube héberge des chaînes de « Fake animal rescue ». Nous nous insurgeons contre ces vidéos de faux sauvetages d’animaux qui les mettent en réalité en péril.
Nous avons été informés de l’existence de plusieurs chaînes de « Fake animal rescue » sur YouTube. Instrumentalisant l’empathie et la sensibilité du public, elles mettent en scène de faux sauvetages d’animaux. Ceux-ci sont volontairement mis en danger dans des vidéos complètement scénarisées.
Image : capture d’écran YouTube – KM Animal
Un chiot ensanglanté au niveau du cou souffre le martyre en silence. Gisant sur la terre battue, entre les pilotis d’une maison asiatique, il se laisse mourir à petit feu. Son regard, à fendre l’âme, exprime toute sa détresse. Mais, miracle, deux jeunes garçons vont lui venir en aide ! L’un d’entre eux se faufile jusqu’à lui, le saisit et lui prodigue des soins sur une table pour stopper l’hémorragie.
Sortez les violons !
La scène a été filmée. Les images, sur fond de musique avec trémolos, ont de quoi émouvoir les internautes. La vidéo est en effet consultable sur YouTube. Largement relayée sur les réseaux sociaux, elle a déjà été visionnée plus de 155 000 fois depuis sa mise en ligne, le 3 avril 2018. Qui pourrait rester insensible devant ce sauvetage d’un animal adorable par des enfants ? Tous les ingrédients sont là pour faire chavirer les cœurs et prouver que oui, notre monde peut ressembler parfois à celui des Bisounours.
Faux sauvetage, vraie blessure
Hélas. Il est probable qu’il s’agisse là d’une sordide mise en scène. À bien y regarder, la vidéo semble avoir été montée à l’envers et les « soins » apportés au chiot avoir précédé sa blessure : il ne porte pas l’ombre d’une cicatrice sur les images finales… Une blessure qui ressemble d’ailleurs beaucoup plus à une coupure au couteau qu’à la morsure d’un autre chien, comme les auteurs du film veulent le faire croire. En réalité, tout porte à penser que le pauvre chiot a été écorché volontairement avec une arme blanche pour les besoins du récit. Et qu’il s’est ensuite vidé de son sang sans que personne s’en soucie. Bienvenue dans la vraie vie…
L’empathie monétisée
Si, bien sûr et heureusement, des personnes dans le monde entier peuvent porter secours à des animaux en perdition, de nombreux individus, beaucoup moins bien intentionnés, surfent sur la vague des bons sentiments pour en faire leurs choux gras. Ainsi voit-on fleurir pléthore de chaînes sur YouTube, regorgeant de séquences de sauvetages toutes plus touchantes les unes que les autres… mais qui ne s’avèrent être que des histoires créées de toutes pièces. Leur but ? Récolter un maximum d’audience et les recettes publicitaires qui vont avec. En anglais, ce genre de vidéos, devenues virales en raison de l’ignorance du public, portent un nom : « Fake rescue videos ». Des YouTubeurs américains, tels que « Some ordinary gamers » (2,3 millions d’abonnés) ou Nick Crowleys (573 000 abonnés) ont alerté l’opinion sur cette pratique et dénoncé certains comptes spécialistes. Mais les escrocs sont retors, changeant de nom comme de chemise. Et continuent d’inonder la plate-forme de leurs sombres réalisations en faisant passer pour des héros des tortionnaires d’animaux.
Aucune tolérance pour la maltraitance !
Ici, un chat aplati entre des pneus de voiture ; là, un autre pris au piège dans la boue ; ailleurs encore, un lapin attaqué par des serpents, un chien ligoté dans un filet de pêche ou la tête coincée sous un portail… Les scénaristes cruels rivalisent d’imagination avant de jouer aux Bons Samaritains devant la caméra. Il est quasi certain que la majorité de leurs victimes sont mortes à la suite de ces tournages et que celles qui y ont survécu ont été réutilisées pour subir de nouveaux sévices. Quand YouTube mettra-t-il enfin un terme à ces violences inouïes ? La monétisation sur la plate-forme ne devrait être rendue possible qu’après avoir vérifié que le contenu des vidéos est non seulement légal, mais également éthique. Nous venons d’adresser un courrier au directeur général de Google France pour l’interpeller à ce sujet et nous attendons de sa part une réponse claire !