Succès majeur aux États-Unis : il n’est plus nécessaire de pratiquer des tests sur les animaux pour développer des médicaments
Une nouvelle loi américaine autorise la validation des médicaments sans expérimentation animale. Une première. À quand dans l’UE ?
Pour la première fois depuis plus de quatre-vingts ans, une modification de la loi américaine permet de tester de nouveaux médicaments sans recourir aux animaux, via des méthodes modernes basées sur les humains. One Voice, avec son partenaire allemand au sein de la coalition européenne ECEAE, Doctors Against Animal Experiments, se réjouit de cette prodigieuse avancée et appelle l’UE, ainsi que l’Allemagne et la France bien entendu, à suivre cet exemple en élaborant et en mettant en œuvre une stratégie de développement de médicaments adaptés aux humains et sans expérimentation animale.
La nouvelle loi, signée par Joe Biden fin décembre 2022, permet à la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis d’approuver de nouveaux médicaments sans exiger de données issues de tests sur les animaux. Auparavant, les sociétés pharmaceutiques étaient tenues par la loi de tester l’innocuité et l’efficacité de leurs candidats-médicaments dans plusieurs essais sur les animaux en utilisant au moins deux espèces, avant d’être autorisées à les vérifier lors d’essais cliniques sur des sujets humains et des patients.
«De très nombreuses données démontrent clairement l’échec du système obsolète qu’est l’expérimentation animale. En moyenne, 92 % des candidats-médicaments réussissant tous les tests sur les animaux sont ensuite abandonnés lors des essais cliniques sur les humains, principalement parce qu’ils ne fonctionnent pas ou provoquent des effets secondaires.»Dre Dilyana Filipova, scientifique chez Doctors Against Animal Experiments
L’expérimentation animale n’est donc plus la seule option pour valider un médicament aux États-Unis
Grâce à la nouvelle loi, des techniques modernes et pertinentes pour notre espèce, telles que les mini-organes humains (« organoïdes »), les organes sur puce ou les méthodes informatiques, peuvent désormais aussi être utilisées à des fins réglementaires aux États-Unis à la place de l’expérimentation animale. De nombreux procédés éthiques se sont déjà avérés plus précis et plus fiables que les tests sur animaux. Une étude récente a ainsi démontré la toxicité de plusieurs composés sur le foie à l’aide de puces de foie humain, alors que des expériences antérieures sur des animaux avaient classé à tort ces mêmes composés comme inoffensifs.
«De tels exemples soulignent toute l’importance de ce changement législatif, non seulement pour sauver d’innombrables animaux de tests abominables et d’une mort atroce, mais aussi pour assurer une meilleure sécurité aux patients.»Dre Dilyana Filipova
Une ouverture à l’éthique mais pas un changement de paradigme pour autant
L’expérimentation animale, cependant, n’est pas interdite par la nouvelle loi et reste autorisée comme possible méthode de test. Néanmoins, le fait que les entreprises pharmaceutiques ne soient plus tenues par la loi de mener ces tests sur les animaux et soient libres de recourir à des procédés précis, pertinents pour l’humanité et sans animaux, représente un progrès énorme.
Alors que les États-Unis inaugurent cette législation moderne et tournée vers l’avenir, certains tests sur les animaux dans l’UE, et donc aussi en France, sont toujours requis par la loi pour l’approbation des médicaments. En Allemagne, la proportion d’expérimentations animales réglementaires est d’environ 17 % Cette proportion atteint 31% en France.
L’Union européenne rattrapera-t-elle son retard?
One Voice, comme son partenaire allemand, demande à la Commission européenne d’établir et de mettre en œuvre immédiatement une stratégie d’élimination progressive de l’expérimentation animale, système défectueux s’il en est, comme l’exigent plus d’un million de personnes ayant signé l’initiative citoyenne européenne (ICE) Save Cruelty Free Cosmetics.
«L’Europe doit prendre dès que possible les États-Unis pour modèle et ne plus exiger de tests sur les animaux pour les médicaments. Si nous voulons développer de meilleures thérapies et ne pas prendre de retard sur le marché mondial des médicaments, nous devons nous appuyer sur les méthodes les plus modernes, efficaces et fiables basées sur les humains, et non sur l’expérimentation animale qui a prouvé son inefficacité.»Dre Filipova.
Plus d’informations et sources :
- Wadman, M. : “FDA no longer needs to require animal tests before human drug trials”,Science, 2023 ; doi : 10.1126/science.adg6264.
- H.R.2617 – Consolidated Appropriations Act, 2023. Sec. 3209. Animal Testing Alternatives.
- Ewart, L. et al., “Qualifying a human Liver-Chip for predictive toxicology: Performance assessment and economic implications”, bioRxiv 2021 ; doi : 10.1101/2021.12.14.472674:2021.12.14.472674
- https://www.experimentation-animale.com/