Saisie des chiens chez l’éleveur-chasseur récidiviste de Dordogne parti en Haute-Vienne
Environ soixante-dix chiens, des oies, lapins, chèvres, sont détenus dans ce qu’on ne peut que qualifier de dépotoir. En d’autres termes, un corps de ferme transformé en enfer pour animaux d’une saleté et d’une puanteur innommables. Voilà où, en ce 4 mars 2024 au matin, se sont déployés une compagnie de gendarmes adjointe de la brigade cynophile, des agents de la DDPP de Haute-Vienne et le maire de la commune de rattachement du nouveau domicile de Richard Mandral. Interlocutrice privilégiée des autorités, One Voice était sur place avec ses partenaires pour sauver tous les chiens et tenter de mettre un point final aux activités de cet éleveur-chasseur.
Aux côtés des services vétérinaires préfectoraux de la Haute-Vienne depuis le mois de janvier – et après de nombreuses images d’enquête et procédures en justice en Dordogne depuis 2018 -, nous avons remué ciel et terre pour obtenir un maximum de places dans nos refuges partenaires venus de partout en France. Nous avons ainsi pu récupérer la majorité d’entre eux. D’autres structures avaient répondu présentes à la sollicitation de l’administration dans le cadre de la procédure en justice, et ont pu repartir avec les autres. Merci à elles pour leur assistance. Dans l’après-midi, les chiens étaient en route vers la chaleur d’un foyer aimant. Ils pourront dans un premier temps bénéficier des soins nécessaires prodigués par des professionnels.
Fuir et recommencer..…
Comme il s’était déjà adapté après sa condamnation pour son appartenance au réseau de la dog connexion dans les années 1980 quand les chiens de chasse, en plus de ce qu’ils subissent déjà, étaient envoyés dans les labos, depuis l’été 2021, après son autre condamnation, notre sauvetage de seize de ses chiens et nos multiples investigations, le récidiviste a quitté la Dordogne. Il a déplacé ses activités de reproduction de chiens de chasse incontrôlées dans un village situé à moins de 100 kilomètres de là, dans un autre département et même une autre région. Quoi de mieux pour fuir les autorités, les conflits de voisinage et les visites de nos enquêteurs ? Et reproduire l’opération à l’identique, voire élargir ses méfaits à d’autres espèces ?…
Début janvier 2024, nous savions que la situation avait – évidemment – empiré en Haute-Vienne. Nous avons alerté les autorités et offert notre soutien logistique. Il fallait agir et vite. Mais sans place en refuge, rien n’était possible.
..… un mode de vie typique pour ce chasseur-éleveur
Sur place, les chiens ne sont pas les seuls à patauger hagards dans la boue et les déjections. Des lapins sont enfermés, des poules, des oies, des canards et dindons joignent leurs cris aux jappements. Au milieu des collines givrées, dans un clapier de ce lieu maudit, un lapin se blottit contre le corps sans vie de son compagnon. Enfermés dans un van à l’entrée de la propriété, une chèvre et son chevreau contemplent le second petit n’ayant pas survécu à la mise bas qui aurait eu lieu, selon les dires du propriétaire, dans la nuit…
Pour les chiens dits “de chasse”, rien ne nous arrête!
Mis en doute par le milieu de la chasse malgré les vidéos et certificats vétérinaires qui attestaient de la gravité de la situation, et malgré une justice qui a refusé de frapper fort dès 2019 car il ne s’agissait que de chiens dits « de chasse », nous n’avons rien cédé.
Parmi notre équipe et nos soutiens, personne n’a oublié ces tristes griffons, porcelaines et teckels, dont certains erraient sans but et d’autres avaient creusé des sillons autour du piquet où ils étaient attachés, quand les plus faibles mouraient sans même être remarqués et mangés par leurs congénères dans un dernier élan de survie. La vision nous hante encore de ces chiennes aux mamelles difformes à la suite des grossesses à répétition qui avaient tant de mal à se déplacer, de ces chiens aux énormes et douloureuses tumeurs non soignées.
De la peur dans tant de regards… Où sont les chasseurs qui lui en achètent et disent pourtant aimer leurs chiens? Ils détournent les yeux.
Ce récidiviste, qui a passé sa vie entière (près de huit décennies) à maltraiter des chiens et exploiter des chiennes, doit être mis hors d’état de nuire une bonne fois pour toutes ! Nous nous battrons aussi sans relâche pour les autres animaux, et serons partie prenante de la procédure en Haute-Vienne contre Richard Mandral (nous nous constituerons donc partie civile). Ces animaux ne doivent en aucun cas retourner chez lui, et il est invraisemblable qu’il puisse à nouveau détenir quelque animal que ce soit, et continuer ses activités d’exploitation et de reproduction. Les chiens utilisés par les humains pour la chasse doivent recevoir autant de soins et de prévenance que les autres, et leurs tortionnaires recevoir des sanctions adaptées à leurs méfaits. Chasseur ne doit plus rimer avec impunité.