« Rien à branler de se faire choper » : loup empoisonné dans la Drôme, audience le 10 septembre à Valence
En mars 2022, dans la Drôme, un loup est sciemment empoisonné, appâté par la dépouille d’un agneau rempli de pesticides. Son cadavre est ensuite déplacé et enterré pour mieux le dissimuler. Ironie du sort, les mis en cause comptent parmi eux… un référent du réseau Loup/Lynx local du réseau piloté par la préfecture et l’Office français de la biodiversité ! Les investigations ont permis de démontrer l’existence un réseau familial et amical particulièrement organisé, avec l’ambition affichée de tuer des loups par empoisonnement. Nous nous sommes évidemment constitués partie civile et serons donc présents au procès afin d’obtenir justice pour ce loup.
Les cinq prévenus, qui devaient initialement comparaître le 12 décembre 2023 devant le tribunal judiciaire de Valence pour « destruction et transport illicites d’espèces protégées » et « usage inapproprié de produits phytopharmaceutiques », seront finalement jugés demain, le 10 septembre 2024, soit quasiment deux ans et demi après les faits. Nous attendons des juges qu’ils sanctionnent sévèrement les auteurs qui ont usé de moyens abjects et parfaitement illégaux pour tuer les animaux qui les dérangent.
« Je vais le nettoyer, ce fils de pute » (sic)
À l’époque, c’est une collaboration minutieuse qui s’est organisée à Crupies, dans la Drôme, pour tuer des loups. Les aveux et écoutes téléphoniques des prévenus ne font aucun doute sur leurs intentions. Il y a d’abord celui qui a sciemment infiltré le réseau Loup/Lynx afin d’obtenir des informations « pour trouver les tanières et tuer les louveteaux au printemps ». Il reconnaît même s’être posté de nuit, à plusieurs reprises, avec sa carabine munie d’un silencieux et d’une lunette à visée thermique, en toute illégalité, pour – en parlant des loups – « niquer ce bâtard » (sic). Il ajoute dans un langage fleuri : « Je vais le nettoyer, ce fils de pute » (sic) ou encore « Je vais la nettoyer, la montagne » (sic), n’en ayant « rien à branler de se faire choper » (sic). Des tentatives d’abattages qui échoueront seulement en raison du fait que les loups ne se sont pas présentés sur les lieux où le piège les attendait.
Des pesticides interdits depuis 2008
Il y a celui qui a fourni le poison en connaissant parfaitement l’usage qui en serait fait ; ceux qui se sont organisés pour préparer l’appât, et ceux qui ont transporté et enterré le corps du loup empoisonné afin de dissimuler les preuves.
Le tout en communiquant par « messages codés », de crainte que leurs conversations téléphoniques ne soient interceptées. Leurs échanges font d’ailleurs ressortir qu’ils entendaient bien continuer leur braconnage s’ils n’avaient pas été arrêtés…
Selon les faits qui leur sont reprochés, les prévenus les plus incriminés pourront encourir jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende pour « destruction d’espèce protégée ». Certains d’entre eux étant titulaires d’un permis de chasse, nous demandons également à ce que ce dernier leur soit retiré. Au tribunal judiciaire de Valence ce 10 septembre à 15 h 30, nous porterons la voix de ce loup empoisonné, décédé après une agonie douloureuse comme en témoignent les traces de « pédalage » retrouvées à proximité de son corps, signe qu’il a été pris de longs spasmes et convulsions avant de mourir.
Le jugement a été mis en délibéré au 24 octobre 13h30.