Richard M. ou le cauchemar des chiens de chasse
Retour en Dordogne auprès des chiens maltraités pour la chasse. La préfecture a réagi après la diffusion de nos premières images puis plus rien. Immobilisme ou soutien à ce chasseur?
À la suite de la diffusion de nos images d’investigation et dépôt de plainte sur l’affaire des chiens de chasse maltraités en Dordogne, la préfecture locale a réagi… par un écrit pas par des actes. Aussi sommes-nous retournés sur place… pour un surcroît d’horreur et d’indignation.
Le 3 septembre, à la suite de la diffusion de nos images et alors que nous n’avions toujours aucune nouvelle de notre plainte, la préfecture de Dordogne émettait un communiqué qui se voulait rassurant. Le site, dont nous dénoncions l’ignominie des conditions de détention de chiens de chasse, était sous contrôle… Selon le préfet, ni chenil, ni élevage, ni refuge, juste une meute, mais relevant tout de même d’installations classées pour la protection de l’environnement. Ce site au statut décidément particulier était annoncé comme bien connu, et ayant fait l’objet d’une visite récente de la DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Personnes), le 5 juillet. Conclusion : « Des animaux suivis quotidiennement, disposant d’abris, de nourriture et d’eau en suffisance, et en bonne condition ». Quelques bémols tout de même sur les conditions d’hébergement et le nombre de chiens autorisés, qui sous deux mois devrait être réduit à 45 par une mise en demeure… sans la moindre date de début!
De retour sur les lieux
Le 11 septembre, las de n’avoir toujours aucune nouvelle du procureur et très inquiets pour les chiens, nous sommes retournés filmer le site. Le constat fut effrayant: toujours autant de chiens, disséminés dans une foule d’enclos, de réduits, de niches bricolées, de véhicules à l’abandon. Nous avons vu le locataire des lieux distribuer des carcasses animales entassées dans une brouette métallique : la nourriture est jetée aux chiens, qu’ils soient à l’attache ou libres en enclos, à même le sol, souvent dans la terre poussiéreuse. Aucune caresse n’accompagne la distribution, l’homme marmonne, avec force gestes. Vision de folie sauvage plus que de bien-être…
Des images rapprochées nous donnent, hélas, plus encore de détails : il fait chaud en plein soleil, les chiens halètent, la plupart sont à l’attache permanente. Les cercles de terre battue autour de leur minuscule abri le prouvent. Nombre d’entre eux, même des chiots, n’ont plus d’eau, ou celle-ci croupit au fond des seaux non renversés. Les chiens vivent sur des sols et dans des niches ne respectant aucunement la législation. Vers l’aire où sont stockées les réserves de nourriture, nous filmons des carcasses putréfiées, d’autres rongées par les asticots, des morceaux « frais » laissés à l’air libre couverts de mouches, et d’autres brouettes où macèrent des solides innommables dans une fange sanglante. Une odeur de mort.
Chaussez vos lunettes, M. le Préfet !
Retour aux enclos : une femelle aux tétines pendantes vient chiper une carcasse à un chien à l’attache, pendant que d’autres veulent la saillir. Ici, c’est un pauvre chien qui n’y voit plus : un seul bout d’œil, rongé de conjonctivite, lance un regard perdu au-dessus d’une excroissance grise pendant de sa paupière. Des escarres, le poil sale, il n’en peut plus. D’autres ne cessent de se gratter, la misère sanitaire de ces chiens s’entassant sur une terre nue ne peut en rien être couverte par votre communiqué de presse, Monsieur le Préfet ! Chaussez donc vos lunettes car la réalité n’est pas celle de vos communiqués.
Le cœur se serre encore plus quand nous filmons des chiennes nous regardant à travers des grilles installées dans de vieux véhicules transformés en nurseries, et qui pourtant semblent à l’abandon. Toute cette misère est insupportable, le pire étant qu’elle soit étouffée par des communications rassurantes, des postures technocratiques qui, pardon, ne résistent pas aux images de la vraie vie. Nous allons déposer un complément de plainte, nourri de tous les défauts vis-à-vis de la législation relevés dans ces dernières vidéos, et de toutes ces images de chiens livrés à la honte d’une exploitation sans âme. Pour que cela ne soit plus !
Immobilisme ou soutien ?
Résumons: à la suite de notre visite au mois de mars et de notre plainte concomitante (certains chiens étaient condamnés au cannibalisme tant ils mouraient de faim) aucune nouvelle du procureur, ni des autorités… A la révélation de nos images en septembre, la préfecture s’empresse de publier son communiqué censé rassurer le public sur l’action des autorités ayant eu lieu deux mois auparavant… mais sans réelle prise en compte de la protection due à ces chiens. En effet, aucune mesure concrète n’est exigée puisque la « mise en demeure » indiquée pour des éléments minimes est évoquée au futur, sans date de démarrage.
Moins de dix jours après ce communiqué, six mois après notre premier passage, nous sommes retournés sur place: rien n’a changé, on en a froid dans le dos. À ce jour, nous n’avons toujours aucune nouvelle quant à l’avancement de notre plainte, malgré nos demandes. Pourtant il y a urgence pour ces pauvres chiens! Alors vous nous permettrez une question: s’agit-il d’immobilisme ou de soutien, face à ce chasseur?
Aidez-nous à les défendre ! Venez au deuxième rassemblement #LaChasseUnProblèmeMortel le 5 octobre prochain à Paris, place de la République, avec One Voice et près de 50 partenaires, et signez la pétition pour réformer la chasse en France!