Quatre daims sèment la panique à la préfecture de l’Ardèche
Quatre daims se sont échappés d'une propriété privée. Un arrêté préfectoral ordonne leur abattage. One Voice attaque en justice l'arrêté et propose de placer les daims dans le parc d'une association partenaire.
En Ardèche, quatre daims seraient sortis d’une propriété privée en décembre 2017, et se promènent dans un bois attenant. Les chasseurs voulaient les tuer, mais sans autorisation, impossible. Qu’à cela ne tienne, ils en ont fait la demande au préfet, qui a exaucé leur vœu.
Quand se posent des questions avec les animaux sauvages de nos campagnes, les tuer est souvent la réponse à laquelle les autorités recourent systématiquement. Les fédérations de chasseurs, très minoritaires dans la population, semblent avoir tout pouvoir, alors que cela devrait être le contraire… Pourtant, des solutions bienveillantes alternatives, attendues par la population existent, et elles sont nombreuses.
Pour la Préfecture de l’Ardèche, les quatre daims ne doivent pas rester en liberté dans la nature car ils représenteraient « un danger pour la sécurité de tout un chacun et les cultures, de par leurs déplacements et leur alimentation« . Le préfet a donc ordonné leur abattage par des lieutenants de louveterie, en publiant un arrêté le 27 février 2018 pour les « détruire » afin d’éviter leur « prolifération« .
Mais en quoi ces quatre êtres sensibles gênent-ils? Sont-ils dangereux? Malades? Ont-ils attaqué qui que ce soit? Non. Leur existence elle-même poserait un problème, parce qu’ils marchent, mangent et qu’ils sont libres. C’est tout.
Or ces daims sont protégés par leur statut d’animaux sauvages captifs et apprivoisés, et le préfet doit apporter la preuve de ce qu’il avance quand aux dégâts que ces daims pourraient occasionner.
Car en France, aucune législation ne protège les animaux sauvages libres qui n’aspirent qu’à vivre en paix à nos côtés. Ils peuvent donc faire l’objet d’arrêtés de « destruction ». Mais ceux maintenus captifs et exploités par et pour les humains ont droit à un semblant de protection, et c’était le cas pour ces daims.
Nous avions déposé un recours pour faire suspendre en urgence et annuler cet arrêté. L’audience a eu lieu le 16 mars, le juge a decidé le maintien de l’arrêté.
Parallèlement, nous avons écrit au préfet pour proposer de prendre en charge le transfert de ces animaux vers l’Association de protection de la faune sauvage (APFS) à Sedan, un sanctuaire partenaire qui a accepté de les accueillir à titre définitif dans son parc de 14 hectares.
Notre époque vit la sixième extinction massive d’animaux sur la planète, notre pays s’urbanise de plus en plus, et le peu d’animaux encore sauvages de notre territoire est sans cesse plus menacé. Ca suffit! D’autres solutions que l’anéantissement de tous les animaux doivent pouvoir être entendues et mises en œuvre.
« On donne des leçons à des pays lointains pour qu’ils protègent leurs éléphants. Et on n’est pas capables, chez nous, de protéger quatre daims. »
– Muriel Arnal