Protection des renards : One Voice en campagne pour réhabiliter le statut d’un animal odieusement traqué
Le 8 novembre, à 15 heures, boulevard St-Germain, les Parisiens pourront voir un couple de renards (un homme et une femme body-paintés) venir déposer au ministère de la Transition écologique et solidaire les éléments d’un dossier de sauvegarde, porté par One Voice en urgence.…
Le 8 novembre, à 15 heures, boulevard St-Germain, les Parisiens pourront voir un couple de renards (un homme et une femme body-paintés) venir déposer au ministère de la Transition écologique et solidaire les éléments d’un dossier de sauvegarde, porté par One Voice en urgence…
C’est une nouvelle campagne portée par l’association One Voice et qui vise à réhabiliter le renard dans nos campagnes. Parce que l’animal est indispensable à l’équilibre des écosystèmes, parce qu’il n’est pas nuisible, mais sensible, One Voice souhaite qu’il soit en urgence retiré de la liste des « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » et, à terme, soit protégé par la loi.
Un massacre massif et continu
Selon les chiffres officiels, on estime à au moins 430 000 le nombre de renards tués chaque année en France. Aux tableaux de chasses recensés, s’ajoutent les tirs non répertoriés, quelque 70 000 individus piégés et ceux tués de diverses autres façons (chasses à courre, chasses sous terre, accidents…). One Voice dénonce un carnage qui n’a de cesse car le renard roux figure, aux termes de la législation, sur la liste 2 des « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » dans 91 départements. Cette terminologie, adoptée en 2016 par le Code de l’environnement, désigne les animaux jusque-là étiquetés « nuisibles ». Elle revient à autoriser son extermination toute l’année et par les différents moyens cités. Selon l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), le renard est le mammifère le plus détruit sur notre territoire « avec une intensité moyenne de prélèvement avoisinant 0,5 individu/Km2 ».
Muriel Arnal, présidente de One Voice, dénonce la désinformation manifeste dont sont victimes ces animaux :
« Les renards font les frais d’une mauvaise image sciemment entretenue par le lobby des chasseurs, qui souhaite pouvoir en faire une cible à l’année et éliminer par tous moyens un prédateur naturel de petits gibiers. Non, les renards ne sont pas en surnombre car ils adaptent leurs populations aux ressources disponibles ».
Muriel Arnal s’indigne par ailleurs d’un non-sens écologique : « Alors que les chasseurs abattent les renards massivement, et par plaisir, les agriculteurs doivent utiliser des produits chimiques dangereux, telle la Bromadiolone, anticoagulant très toxique, pour protéger leurs récoltes des proliférations cycliques de campagnols… quand ce devrait être le rôle des renards ! »
La campagne de One Voice sur ce thème de la protection des renards s’appuie sur un tout dernier rapport d’enquête, une fiche sentience détaillant les aspects sociaux, l’intelligence de ces mammifères, un tract grand public et une pétition en ligne sur son site Internet (www.one-voice.fr). La journée d’action du 8 novembre vise à rappeler aux autorités que le renard n’est pas une menace mais un auxiliaire écologique par la prédation qu’il exerce sur les rongeurs, les cadavres d’autres animaux, contribuant à limiter les dégâts des campagnols dans les cultures et à réduire le nombre de porteurs de la maladie de Lyme, véhiculée par les tiques.
One Voice rappelle également, outre son rôle écologique, combien ce canidé est un animal attachant, doté d’extraordinaires capacités d’adaptation, d’apprentissage et de mémoire, développant une organisation sociale et des modes de communication élaborés, signes d’une intelligence vive, mais trop souvent ignorée.
FAITS ET CHIFFRES
Echinococcose alvéolaire : un non-sens sanitaire
Aujourd’hui, alors que la rage est officiellement éradiquée, les chasseurs brandissent aux préfets le spectre d’une autre zoonose, l’echinococcose alvéolaire. Or plusieurs études démontrent que l’impact de cette maladie, réduit chez l‘humain, est renforcé par les abattages de renards alors que d’autres méthodes sont préconisées par les autorités sanitaires.
Causée par les ténias du genre Echinococcus, cette zoonose peut être véhiculée par plusieurs animaux, dont le renard, qui ont pour proies les campagnols. Une étude menée pendant quatre ans autour de Nancy a démontré qu’un protocole d’abattage n’avait aucune efficacité pour diminuer la population de renards et que cette mesure provoquait même « une augmentation de la prévalence de E. multilocularis de 40% à 55% tout en restant stable dans une zone témoin voisine (585 Km2) ». Conclusion : « Nous préconisons donc que les gestionnaires envisagent des méthodes alternatives telles que l’appât anthelminthique, qui s’est avérée efficace ailleurs, pour lutter contre l’échinococcose alvéolaire ». Ainsi, l’emploi d’antiparasitaire à titre préventif ou en traitement présenterait de bien meilleurs avantages. Un point de vue appuyé par l’Organisation Mondiale de la Santé : « La vermifugation régulière des carnivores domestiques qui entrent en contact avec des rongeurs sauvages devrait aider à réduire le risque d’infection chez l’homme. (…) L’abattage des renards et des chiens errants semble très inefficace. La durabilité et l’efficacité de telles campagnes par rapport à leur coût sont controversées ».
Piégeage, des techniques cruelles et sans contrôle
Les pièges officiels autorisés pour la capture des ex « nuisibles » peuvent relever de 5 catégories différentes. Concernant les renards, les plus répandus sont les pièges par contention, les pièges létaux, les collets munis d’un arrêtoir et les pièges à lacet. La loi indique que les pièges doivent être régulièrement visités pour éviter que l’animal pris au piège connaisse une longue et cruelle agonie avant d’être achevé. Combien de piègeurs respectent ces consignes dont nul ne contrôle l’application ?