Propagande sur l’expérimentation animale à Maurice : « un singe ou votre enfant ? »
Les éleveurs de primates mauriciens attisent peur et égoïsme dans une propagande honteuse en faveur de l’expérimentation animale.
Les éleveurs de primates mauriciens pour les laboratoires ont diffusé cette semaine une propagande honteuse dans le journal Le Défi Plus. Dans ce faux « Formulaire de Consentement aux Traitements Médicaux », le public a donc le choix entre reconnaître « l’importance » et le caractère de « sacrifice nécessaire » des expériences sur les animaux, ou renoncer aux « traitements médicaux reconnus », « traitements de pointe capables de sauver des millions de vies à travers le monde » qui ont impliqué des expériences sur des primates. Quant aux singes et à ce qu’ils vont endurer ici, qui s’en soucie ? Certainement pas la Cyno Breeders Association. Analyse critique de One Voice.
Avec l’arrêt du transport des primates par Air France et les révélations accablantes sur les pratiques des laboratoires, à Maurice comme chez nous, l’industrie de l’expérimentation animale a senti le vent tourner. Depuis plus d’un siècle, quand elle s’estime suffisamment menacée pour renoncer à toute discussion éthique rationnelle, elle se rabat sur la peur : « un chien ou votre enfant ? ».
150 ans d’appel à l’égoïsme
À lire de telles énormités, on voit que sa défense n’a pas beaucoup changé. Dès 1884, sa tactique « invariable » était dénoncée en ces termes par Paul Viguier*:
«on lance (…), sous formes d’appréciations impartiales, des affirmations de découvertes médicales, mises à l’actif de la vivisection, et qui sont de nature à chatouiller l’égoïsme féroce de “tout le monde” qui est malade, ou qui se sent capable de le devenir. — De là à conclure que les tortures de quarante mille chiens ne sont rien au regard du soulagement d’un seul malade, il n’y a qu’un pas : et ce pas, on laisse au public apeuré le soin de le franchir. — Au besoin, s’il hésite, on l’y aide.»Paul Viguier, 1884
Aujourd’hui, le public n’en est plus à hésiter : l’enquête d’opinion détaillée publiée par Ipsos et One Voice au printemps 2023 révèle qu’en France, près de huit adultes sur dix sont opposés à l’expérimentation animale. Et la situation est la même dans le monde entier. C’est ainsi que l’appel à la peur prend le relais…
La peur n’est jamais bonne conseillère
Alors, un singe ou votre enfant ? La question n’est pas nouvelle, et elle a déjà reçu une réponse pertinente il y a plus de cent ans **:
«Pour sauver mon enfant, je serais sans doute prêt à viviséquer l’honorable personne qui a demandé si j’accepterais la vivisection d’un chien pour cela, mais ce ne serait certainement pas considéré comme une preuve que j’ai la morale de mon côté en le faisant.»G. G. Greenwood, 1913
Même pour les personnes qui ne refusent pas catégoriquement ces pratiques, si un débat éthique doit avoir lieu, encore faudrait-il le faire de manière rationnelle, sans se laisser influencer par la peur, qui motive trop souvent des discriminations et des injustices fondamentales.
Le combat n’est pas fini
La bonne nouvelle ? Si les éleveurs mauriciens en sont là, c’est que l’expérimentation sur les primates est en voie de disparition. Voilà une disparition qui ne fera pas pleurer grand-monde ! Mais le combat n’est pas fini. Cette propagande, qui fait appel à l’égoïsme de chaque personne, est dangereuse.
Pour nous aider à en finir avec ces horreurs, vous pouvez signer nos pétitions pour la fermeture de NeuroSpin et pour l’arrêt de l’importation et de l’utilisation des macaques.
* Cité par François-Victor Foveau de Courmelles dans La Vivisection : erreurs et abus (1912), p. 36.
** Cité par A.W.H. Bates dans Anti-Vivisection and the Profession of Medicine in Britain: A Social History (2017), p. 148.