Pour les corneilles et les corbeaux, One Voice intente un référé dans le Jura. Audience le 4 mai à Besançon
One Voice attaque l’arrêté préfectoral du 24 mars 2022 permettant de tuer des corneilles noires et des corbeaux freux dans le Jura. Audience le 4 mai à Besançon.
Le 24 mars dernier, le préfet du Jura a décidé de prendre – comme chaque année – un arrêté permettant de piéger et tuer les corneilles noires et les corbeaux freux et ce, jusqu’au 31 juillet. L’autorisation est donnée à la FREDON 39 (Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles du Jura) en partenariat avec les chasseurs locaux. L’audience pour le faire suspendre en urgence aura lieu le 4 mai prochain à 15h au tribunal administratif de Besançon.
Edit du 14 mai 2022:
Le 4 mai 2022 le juge des référés a rejeté notre requête de suspension de l’arrêté. Nous attendons désormais la date d’audience pour le recours en annulation que nous avons également déposé.
Mais qu’a donc la France à vouloir tuer tous ses oiseaux, partout, tout le temps ? Par pendaison ou écrasement, par collage, par prise dans des filets, par tirs… Y compris des oiseaux protégés comme les cormorans
ou les grands tétras, les tourterelles… pendant leur migration, tels les oies cendrées, les canards ou les palombes… Ou bien à les élever pour le plaisir de leur tirer dessus, comme les faisans
et les perdrix… Et considérer une partie d’entre eux comme des nuisibles, tels les pigeons, les corneilles noires et corbeaux freux ?
Les oiseaux, premières victimes de la sixième extinction de masse actuelle
Les derniers descendants des dinosaures n’ont malheureusement pas la vie facile… L’environnement est de moins en moins accueillant. En ville, la nourriture peut être abondante, mais le bruit et la lumière permanents sont des nuisances qui freinent les reproductions. À la campagne, les pesticides ont fini de les affamer.
La sixième extinction de masse en cours n’épargne pas les oiseaux, bien au contraire. Ils subissent de plein fouet la dénaturation de la planète par les humains. Dans le Jura, la préfecture considère les corvidés comme des animaux nuisibles à exterminer… Quand bien même les animaux entraveraient certaines activités humaines, la réponse à nos problèmes ne devrait pas conduire à les tuer !
Les corneilles noires et les corbeaux freux, des êtres exceptionnels traqués dans le Jura
Les corvidés sont des individus très intelligents et ont même des cultures propres. Pourtant, depuis des années, le préfet organise leur traque dans 239 communes de son département. Ils peuvent être piégés de la date de signature de l’arrêté jusqu’au 31 juillet, et peuvent être tués par balle de la fermeture de la clôture de la saison de chasse jusqu’à la même date.
Nous contestons cet arrêté en urgence sur différents points.
Entre autres parce que ces oiseaux ne portent pas préjudice à la santé des végétaux, à la santé publique ou à la protection de l’environnement – seules justifications autorisées par le droit -, mais par la nécessité alléguée de lutter contre les dégâts aux cultures (dont la préfecture n’apporte même pas de preuve !)… Ce qui n’est donc pas autorisé.
Mais aussi parce que chaque année, et ce depuis des années, le préfet prend des arrêtés identiques, ordonnant donc que ces oiseaux noirs soient massacrés de manière illimitée en dehors de la saison de chasse. Il ne s’agit donc plus d’une mesure exceptionnelle mais d’une véritable délégation de pouvoir donnée aux chasseurs.
Enfin, l’arrêté n’a pas été soumis à la consultation du public alors que ses effets ont une incidence sur l’environnement.
Il y a urgence !
Depuis fin février, les corbeaux et les corneilles sont traqués sans merci par les chasseurs dans les montagnes jurassiennes. Le jour de l’audience, cela fera donc plus de deux mois qu’il en meurt toutes les semaines, sans compter que l’autorisation délivrée par la préfecture ne limite pas leur nombre sur la moitié du département où les chasseurs ont suivi la formation « corvidés » délivrée par la FREDON (dont nous réfutons la légitimité à plusieurs niveaux).
Cerise sur le gâteau, la période de reproduction est donc ouverte à la chasse… élément que nous demandons de réformer depuis plus de quatre ans, par le biais de notre pétition pour une réforme radicale de la chasse.
Nous ne laisserons pas la préfecture du Jura laisser les chasseurs dicter leur loi et continuer à massacrer les oiseaux ainsi sans rien faire ! L’audience pour faire suspendre en urgence l’arrêté préfectoral aura lieu le 4 mai au tribunal administratif de Besançon.