Pour Hannah, Céleste, Patty, Marli, la fin du supplice
Elles ont une quinzaine d’années. Comme Jon, elles sont nées dans un camion et n’ont jamais connu autre chose que le sol métallique et les barreaux des cages, sans protection contre le froid de l’hiver et la chaleur de l’été. Hannah, Céleste, Patty et Marli, les quatre lionnes que nous avons sauvées, portent les stigmates physiques et psychiques de l’enfer qu’elles ont vécu au cirque.
Leur détresse est criante. Les longues années de calvaire ont laissé des marques profondes sur Hannah, Céleste, Patty et Marli. Leurs pauvres corps meurtris témoignent de la souffrance que les quatre lionnes ont endurée depuis leur venue au monde : la captivité, la faim, les blessures, les portées à répétition pour le lucratif trafic de lionceaux et, bien sûr, le dressage. Nos enquêteurs – qui ont visité et filmé beaucoup de spectacles et de ménageries de cirque – ont été frappés par l’extrême violence du numéro qu’elles devaient exécuter avant leur saisie. Sous la menace du fouet, terrorisées, elles peinaient à se déplacer. Même seulement à tenir debout…
Sauvetage bouleversant
Et pour cause… Lorsque nous les avons sauvées le 7 juillet dernier et en les approchant au plus près, nous avons encore pu mieux mesurer l’état déplorable dans lequel elles se trouvaient. Nous avions chargé notre partenaire Natuurhulpcentrum d’assurer leur transfert du cirque au refuge de Tonga Terre d’Accueil, à qui nous avons confié leur suivi quotidien, tandis que nous en assurons la garde et la prise en charge jusqu’au procès du cirque. Ce sont quatre lionnes efflanquées, couvertes de plaies laissées par les coups, édentées, titubantes et hagardes qui sont arrivées dans l’espace de convalescence. Hannah est sortie la première de la caisse de transport avec calme, nous observant de ses grands yeux. Nous avons immédiatement constaté ses difficultés à marcher avec un arrière-train instable. Puis, tour à tour, Céleste, Patty et Marli ont suivi. Pas toutes au même rythme, mais selon leur niveau d’anxiété. Marli s’est montrée particulièrement stressée. Il lui a fallu une heure et demie avant de se résoudre à rejoindre la tanière, tout son être tremblant, ravagé par les traumatismes passés, autant physiques que moraux.
Goûter la vie
En découvrant leur nouveau lieu de vie, les lionnes semblaient éberluées. Quel bonheur de les voir s’essayer à faire leurs griffes sur de grosses souches d’arbre, apprécier le confort d’un terrain sain et moelleux sous leurs pattes, s’y prélasser sur le dos en toute sérénité, manger à leur faim… Quelle émotion d’observer Patty, la plus maigre des quatre, déformée sur la pointe de sa hanche gauche, lourdement handicapée au niveau de l’arrière-train et chutant fréquemment, se saisir de la grosse balle avec laquelle Jon aime aussi tant jouer. Dès qu’elle l’a vue, elle n’a plus voulu la lâcher. Scène bouleversante d’un animal, après quinze ans de privations, s’accrochant à ce jouet comme à un trésor inestimable… Mais quelle colère aussi de se dire que ces lionnes âgées, n’avaient jamais connu jusque-là qu’une cage vide, au sol sale et froid, dans le camion du dresseur.
Panser les blessures
Le chemin sera long avant que Hannah, Céleste, Patty et Marli se remettent des souffrances inouïes qu’elles ont subies. Le rapport vétérinaire du 9 juillet, établi pour le moment uniquement à partir d’observations visuelles, est déjà extrêmement préoccupant. Qu’en sera-t-il lorsque les félines seront examinées plus à fond, dès que leur état leur permettra de supporter une anesthésie ? Nous redoutons le pire. On sent qu’elles sont âgées et fatiguées par leur vie de supplices. Pour l’heure, nous sommes heureux de leur offrir ce temps de convalescence et de reconstruction avec l’espoir qu’il leur soit salvateur. Elles vont à présent être soignées, reprendre des forces et du poids. Dès le lendemain de leur arrivée au refuge, les sas de leurs tanières ont été ouverts et elles ont pu explorer l’espace extérieur. Marcher sur l’herbe, s’allonger au soleil, échanger des câlins leur est extrêmement profitable. Se retrouver ensemble les rassure et les aide à garder confiance en l’avenir. Bientôt, quand leur bilan de santé complet aura été effectué, elles seront à nouveau réunies avec Jon qui peut déjà les voir à distance et échanger avec elles. Puisse la porte de la délivrance rester grande ouverte devant elles et les conduire à la résilience.