One Voice demande l’interdiction d’une expérience très douloureuse sur plus de 27 000 animaux
One Voice saisit le tribunal de Paris contre un projet d’expérimentation animale à douleur sévère déclenchant des crises d’épilepsie chez des rongeurs
Le 14 décembre, le juge des référés du tribunal administratif de Paris, saisi par One Voice, statuera sur la demande de suspension d’une autorisation de projet d’expérimentation animale. Le projet visé a été autorisé le 10 juillet 2022 par le ministère de la Recherche, et prévoit de faire subir à plus de 27 000 rongeurs des expériences « sévères » qui vont provoquer artificiellement de vraies crises d’épilepsie par le biais de chocs sonores, d’injections ou de chocs électriques dans les yeux ou le cerveau, pour certains à plusieurs reprises.
Quand on sait combien ces petits mammifères sont sociables et inventifs, on ne peut qu’avoir le cœur chaviré à l’idée de ce qu’ils endurent dans les laboratoires. Celui-ci ne fait pas exception. Ce sont 8700 souris, 17730 rats et 1000 gerbilles à qui les chercheurs et chercheuses vont infliger des crises d’épilepsie. Comment ?
Après avoir vu son crâne troué et son cerveau rempli d’électrodes et de divers produits, chacun de ces individus va devoir endurer des chocs électriques ou l’exposition à des sons stressants à très haut volume jusqu’à générer une perte de conscience et des convulsions. Aux États-Unis, dans un protocole similaire, les rongeurs étaient enfermés dans une boîte trois minutes entières avec une alarme de sécurité domestique réglée sur 110-120 dB – ce qui est énorme, surtout pour une souris. Des méthodes aussi variées qu’horrifiantes.
One Voice demande l’annulation du projet
Nous avons découvert ce projet après sa publication sur la base de données ALURES, qui regroupe les résumés des projets d’expérimentation animale approuvés au sein de l’Union européenne depuis 2021.
Le 9 septembre, nous avons demandé au ministère de la Recherche de nous communiquer les documents nécessaires pour mieux cerner le projet. Deux mois plus tard, il nous a simplement envoyé l’acte d’autorisation et le feuillet comportant la mention « favorable » de la part du comité d’éthique. L’association a donc déposé un référé-suspension et un recours en annulation auprès du tribunal administratif de Paris.
Un projet illégal…
La réglementation est claire sur le sujet : la réutilisation des animaux ayant subi une première procédure sévère est censée être interdite. Qui plus est, le comité qui l’a évalué s’est prononcé contre la « réutilisation » (l’un des « trois R » dans l’expérimentation animale).
De plus, le résumé du projet que nous avons obtenu ne mentionne, en matière d’efforts faits pour réduire les souffrances des animaux utilisés, que l’administration d’un gel anesthésiant sur les yeux des rongeurs et d’antidouleurs post-opératoires. C’est le strict minimum requis par la réglementation, et cela aboutit tout de même à un classement en tant que procédures « sévères » – niveau de souffrance le plus élevé dans le cadre de la réglementation de l’Union européenne.
… dont il est possible de se passer !
Toujours d’après le résumé du projet, le but de ces tests est de vérifier la toxicité et l’efficacité de nouvelles substances pharmacologiques. Mais quand on connaît le bilan médiocre des tests de toxicité sur les animaux pour prédire la réponse humaine à des médicaments, il y a de quoi douter de l’intérêt de ce nouveau projet.
Le laboratoire affirme de manière péremptoire que malgré l’existence de cultures de neurones ou la possibilité de travailler sur des tranches de cerveaux de personnes épileptiques décédées, l’efficacité des substances « doit » être démontrée sur des animaux. Nul besoin d’argumenter, apparemment. Pour One Voice pourtant, le « remplacement » des animaux par d’autres méthodes serait l’idéal, idéal également visé par la réglementation européenne qui a mis en place ces 3R.
En outre, le laboratoire présente la réutilisation des mêmes animaux pour plusieurs crises d’épilepsie comme une méthode de « réduction » du nombre d’animaux utilisés. Ou comment réduire artificiellement les chiffres en infligeant des souffrances à répétition aux mêmes individus… C’est là qu’on en revient au point de départ : c’est interdit.
L’audience se tiendra le 14 décembre à 15 h au tribunal administratif
de Paris.
Pour aller plus loin et découvrir les différents types de recherche et niveaux de souffrance des animaux dans les laboratoires français, vous pouvez consulter notre site dédié aux analyses des données ministérielles, publié récemment.
Attention le contenu des images ci-dessous est difficile.
Les images du visuel en tête d’article n’appartiennent pas à One Voice et sont issues de Stereotaxic implantation of EEG electrodes in the rat.