Notre-Dame-des-Landes : le petit royaume du campagnol amphibie

Notre-Dame-des-Landes : le petit royaume du campagnol amphibie

Animaux sauvages
26.06.2016
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Le campagnol amphibie trottine le long des marais, son espèce est sur le point de s’éteindre. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes pourrait annihiler son ultime territoire.

Le campagnol amphibie trottine gaiement le long des berges des marais. C’est un petit rongeur tout rond aux yeux vifs. Et son espèce est sur le point de s’éteindre. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes pourrait annihiler son ultime territoire.

Ce que le campagnol amphibie aime par-dessus tout, c’est nager sous l’eau trouble des marécages, grignoter des roseaux, picorer du cresson ou attraper une libellule. Il se sent merveilleusement chez lui dans ces étangs tranquilles cachés dans les bocages, auquel son corps s’est adapté au fil de l’évolution. Il ne veut être nulle part ailleurs.

À ce titre, plus encore que les agriculteurs qui luttent vaillamment contre l’aéroport, le campagnol est le premier en droit de réclamer l’abandon de ce projet funeste. On parle de le déplacer dans un autre marais créé de toutes pièces, de « compenser » à 200 % l’espace naturel que l’on aura détruit.

Et puis quoi ? Attrapera-t-on tous les campagnols à l’épuisette ? Et ceux qui vivent à leurs côtés, le triton de Blasius, la musaraigne d’eau ? Eux aussi, saisis à l’épuisette pour être transvasés dans un étang lointain aux rives en béton ? Et les joncs ? Les fleurs ? Les arbres ? Les oiseaux ? Les chauves-souris ?…

Dans un conte pour enfants, le petit campagnol serait furieux. Il grimperait sur une estrade, déploierait les couleurs des zadistes et crierait dans un mégaphone aux oreilles des politiciens :
« Je ne veux pas être un réfugié ! Laissez-moi vivre en paix dans mon pays ! »

Bien sûr, c’est un tout petit pays que celui du campagnol amphibie. Mais c’est le sien et il y tient. Pourquoi ne tiendrions-nous pas compte de sa revendication ?

Autant cet aéroport inutile et destructeur insulte les engagements de la France à la COP21, autant le royaume du campagnol amphibie est précieux, car non reproductible. Partout dans le monde, les zones humides sont détruites, entraînant avec elles la flore et la faune rares qui y prospèrent. Quant au campagnol
Arvicola sapidus, sa population est désormais considérée comme « vulnérable » par l’UICN et « quasi-menacée » pour ce qui concerne la France.
Bien qu’il ne cause jamais de dommages aux cultures, le campagnol amphibie s’est vu chassé, mangé, empoisonné, détruit ou repoussé par les travaux d’aménagement des berges. Les visons d’Amérique échappés de leurs élevages ont envahi son espace vital et les pesticides agricoles sont sur le point de l’achever.

Et on lui préférerait des pistes en béton, des avions de ligne crachant leur dioxyde de carbone, des kilomètres d’autoroutes surchargées de voitures ?…

Changeons de paradigme avant qu’il soit trop tard. Cessons de dévaster ce monde que nous partageons avec d’autres Terriens. La survie du campagnol amphibie est infiniment plus importante que celle d’une mauvaise idée datant de 1963, lorsque la notion même de changement climatique n’existait pas encore dans la conscience commune.

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