Nos enquêteurs ont vu Ula en état d’extrême cachexie

Nos enquêteurs ont vu Ula en état d’extrême cachexie

Delphinariums
01.07.2021
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En ce mois de mai, et alors que les dernières nouvelles d’Ula publiées en avril par le Loro Parque étaient mauvaises, nos enquêteurs se sont rendus au delphinarium de Tenerife. Nous devions aller voir nous-mêmes ce qu’il en était. Après cette visite des bassins espagnols, nous ne sommes pas du tout confiants sur l’avenir d’Ula.

Le Dr Gallego, vétérinaire spécialiste des cétacés, a analysé le comportement et l’aspect physique d’Ula et de sa mère Morgan à notre demande. Il ressort de son expertise qu’Ula est dans un état de cachexie extrême. À deux ans et demi, elle devrait prendre du poids rapidement et en permanence. Au lieu de cela, la petite orque née avec une difformité à la nageoire gauche a subi un épisode de maladie digestive grave qui a fait craindre pour sa vie jusqu’à la direction du parc.

Un passé déjà jalonné de difficultés

Séparée dès la naissance
de sa mère, Ula n’a pas pu être allaitée par Morgan. Et depuis cette phase d’urgence critique du printemps, elle est isolée du reste des orques. Nos enquêteurs ont pu voir que pendant le spectacle, elle était déplacée du bassin médical à un autre, sans doute pour ne pas perturber les numéros. En effet, quand elle ne reste pas immobile dans le bassin du delphinarium, elle jette un regard dans l’autre bassin. Les adultes, eux, passent du temps devant l’entrée de son bassin, comme pour garder contact avec elle.

Une santé fragile

D’après nos sources dans le delphinarium, elle a commencé à maigrir sans perdre l’appétit, puis ne s’est plus alimentée. Une sonde gastrique garnie de purée de poisson très diluée a dû être employée car elle vomissait tout ce qu’elle avalait autrement. Elle accepte à nouveau de manger de petits poissons toutes les deux heures depuis peu, ce qui rend les soigneurs optimistes. Mais cela ne suffit absolument pas pour qu’elle reprenne assez de forces et de poids.

Pour le vétérinaire spécialiste des mammifères marins, Ula « ne semble pas être en rémission totale ». Certes, elle va mieux, mais son état est tout de même encore catastrophique : on peut voir ses côtes saillir, ce qui n’arriverait jamais chez une orque en bonne santé. De la même manière, on distingue la séparation entre sa tête et le reste de son corps, donnant à la première la forme d’une cacahuète, signe d’une grave perte de graisse sous-cutanée, ce qui est tout à fait alarmant. Par ailleurs, sa nageoire dorsale commence à s’affaisser, ce qui dénote un manque de graisse et de muscle, et donc d’exercice. Tout cela a une répercussion certaine sur sa flottabilité : elle a plus de mal à retourner à la surface pour respirer.

Un avenir précaire

Ula demeure dans un état critique même si le retour de son appétit est une bonne nouvelle. Dans tous les cas, elle comme Morgan ne devraient pas être enfermées dans ces bassins. Il n’aurait d’ailleurs jamais dû être possible, vu la réglementation sur les delphinariums, qu’une orque non née en captivité telle que Morgan donne naissance à un bébé en bassin. Un avenir meilleur existe pour les orques des delphinariums : les sanctuaires marins. Nous sommes d’ailleurs en train de travailler à une solution de ce type pour les orques françaises avec les plus grands spécialistes de la question. Morgan et Ula pourraient peut-être en bénéficier… si la petite survit d’ici-là.

* Correction le 17 novembre: retrait de la mention du propriétaire du delphinarium.

Mise à jour 10.08.2021
Nous venons d’apprendre qu’Ula était morte il y a quelques heures à peine au Loro Parque.

Elle ne flottera plus dans les bassins, ne sera plus exploitée, ne souffrira plus… A moins de trois ans, elle laisse derrière elle Morgan, sa maman. Nuisibles pour les animaux et pour ceux qui s’y rendent, ces lieux doivent disparaître!

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