Non, la tuberculose bovine ne se propage pas plus quand on laisse la vie sauve aux blaireaux
Les éleveurs et chasseurs clament à tort que l’annulation du déterrage des blaireaux permet la propagation de la tuberculose bovine. Voici les faits.
S’il est exact que les blaireaux figurent parmi les animaux sauvages susceptibles d’être hôtes de la tuberculose bovine, au même titre d’ailleurs que les sangliers ou les cerfs par exemple, il s’agit bien d’une maladie qui provient des troupeaux de bovins. Donc, quand les éleveurs et chasseurs clament dans les médias que laisser la vie sauve aux blaireaux serait source de propagation de cette maladie, et que l’annulation de l’arrêté que nous avons attaqué y participe, on ne peut que leur opposer les faits. On ne peut leur laisser dire n’importe quoi au public qui pourrait se laisser berner par leurs arguments trompeurs.
Le déterrage : une chasse à risque pour les chiens qui peuvent attraper la maladie
La vénerie sous terre est une pratique à risque s’agissant de la tuberculose bovine puisqu’elle met les chiens de chasse en contact avec les blaireaux et avec les galeries où peut se trouver de l’urine de blaireau, ce qui augmente les risques de propagation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’arrêté ministériel du 7 décembre 2016 dispose que dans les zones à risque, le préfet peut interdire la pratique de la vénerie sous terre pour toutes les espèces dont la chasse est autorisée en raison du risque de contamination pour les équipages de chiens. Le préfet le sait d’autant mieux qu’il l’a justement fait interdire sur une partie de ce département, précisément pour cette raison !
Il est donc totalement paradoxal et contre-productif de pratiquer le déterrage pour lutter contre la tuberculose bovine ! Nous l’avions d’ailleurs souligné dans le recours que nous avons gagné, contre l’arrêté du préfet du Lot-et-Garonne…
Diviser pour mieux régner : quand les chasseurs font le jeu de la tuberculose bovine…
Tuer des blaireaux reste malheureusement autorisé de septembre à mi-janvier, notamment par la chasse à tir. Or plusieurs études scientifiques ont démontré que l’abattage indifférencié de blaireaux conduit à une augmentation de l’incidence de la tuberculose chez les bovins et des risques de diffusion vers des territoires limitrophes en raison des mécanismes de dispersion et de réorganisation sociale et territoriale des individus survivants.
L’ANSES a produit deux rapports sur la question en 2011 et 2019 dans lesquels elle estime que l’abattage ne se justifie pas comme mesure préventive dans les populations de blaireaux encore indemnes de la tuberculose. Cela semble d’ailleurs logique : on n’abat pas des individus en bonne santé, pour éviter qu’une maladie se transmette !
L’annulation de l’arrêté que nous avons contesté ne favorise en rien la propagation de la maladie !
Les déterreurs pleurnichent en réalité sur l’annulation de leur loisir favori de l’été pour des raisons tout à fait fallacieuses. D’une part, ils rejettent la faute de l’abattage de troupeaux de bovins – destinés à l’abattoir par les éleveurs, faut-il le rappeler ? – sur les blaireaux et sur nous, leurs défenseurs, alors que ce sont ces élevages qui sont la source de la transmission de la maladie aux animaux sauvages.
D’autre part, la chasse ne sert pas à lutter contre la diffusion de la tuberculose bovine. Des arrêtés spécifiques de destruction administrative sont pris pour cela dans le cadre du dispositif Sylvatub. L’annulation de l’arrêté que nous avons obtenue ne change rien sur ce point.
De même, en cas de dégâts imputables à des blaireaux et dûment constatés sur les cultures, il est possible de mettre en place des solutions alternatives (répulsifs, comblement du terrier pour que les blaireaux « déménagent », selon les cas de figure). Et le préfet a – malheureusement – la possibilité toute l’année et chaque fois qu’il l’estime nécessaire, d’ordonner des « destructions » administratives de blaireaux. Là encore, l’annulation de l’arrêté du préfet du Lot-et-Garonne que nous avions contesté ne change rien.
Donc des abattages de blaireaux restent largement possibles (ce que nous déplorons)… L’argumentaire mensonger des chasseurs-éleveurs ne tient pas une minute. Nous avons obtenu l’annulation d’un arrêté parce que le préfet n’avait pas fait procéder à une consultation publique au préalable. Mais il permettait aussi la pratique d’un loisir qui en tout état de cause n’était ni corrélé à l’existence de dégâts ni à un risque sanitaire.