Non à la mort silencieuse!
One Voice conteste l’arrêté ministériel autorisant en France le recours à des dispositifs modérateurs de son sur les armes des chasseurs.
Ce lundi 4 février, One Voice revient en audience au Conseil d’État, pour faire annuler le texte rétablissant l’usage des silencieux sur les armes de chasse. Un énième cadeau gratuit aux chasseurs, contre la biodiversité et la sécurité de nos forêts.
Non, nous n’avons pas oublié. Un arrêté datant de 1986, qui encadrait divers procédés de chasse et aux dits « nuisibles », prohibait différents dispositifs techniques facilitant leur capture ou leur destruction. Par un arrêté pris le 02 janvier 2018, le ministère de la Transition écologique et solidaire a, presque en catimini, du moins sans consultation préalable des citoyens, supprimé sans remplacement cette disposition, autorisant de fait l’utilisation de tout « modérateur de sons » sur les armes à feu pour la chasse de tous les animaux.
Confort acoustique ?
Ce lobbying des chasseurs, bien sûr avalisé par le Conseil national de la chasse et de la faune sauvage et donc bien entendu par le ministère, n’a ici pas fait dans la nuance : à force de tirer comme des sourds, ils le deviennent (ce qui nuit, outre à leurs oreilles, à une bonne communication lors des battues). Les protections auditives (casques, bouchons d’oreilles) sont efficaces pour atténuer les détonations, mais contraignantes.
Les « silencieux », plus techno, légaux dans d’autres pays d’Europe, offriraient un meilleur confort acoustique aux tireurs, mais aussi moins de nuisances aux riverains à proximité de zones de chasse et même (sic !) « une meilleure préservation de la faune présente dans les environs, le dérangement sonore étant moindre ». En somme une chasse plus soft, presque paisible…
Une dérive insécuritaire
Pour nous, cette argumentation confine au ridicule : depuis l’arrêté de 1986, à vocation clairement protectrice de la faune sauvage, les tableaux de chasse s’empilent, bien ventrus, et « l’art cynégétique » perdure dans toute sa tradition.
Cette suppression d’une disposition protectrice, non seulement dénature l’esprit des textes en place, mais ouvre la porte à des conséquences tragiques, largement sous-estimées : des chasses plus silencieuses seront plus mortifères pour les animaux vivant en groupe, cela ne peut qu’encourager le braconnage (des tirs silencieux seront indétectables aux oreilles des gardes chasse) et cela ne va pas non plus diminuer les statistiques sur les accidents de chasse (15 morts et 200 blessés par an) car les promeneurs, joggeurs, VTTistes de nos forêts sont précisément avertis d’une battue par le bruit au départ des tirs… Face au stress des piétons urbains, les constructeurs de voitures électriques préparent des dispositifs d’avertissement sonore. Dans nos forêts, la mort va redevenir silencieuse, omniprésente. Inacceptable !
Une bataille de décibels
On voit ici tout le pernicieux d’un ajustement règlementaire négocié dans les ors d’un salon ministériel. Malgré des conséquences significatives sur l’environnement, la sécurité et l’ordre public, le ministère n’a mené aucune consultation du public avant de signer l’arrêté du 2 janvier 2018. Sa publication a pourtant entraîné de nombreuses réactions de la société civile, massivement inquiète de ces dérives techniques (n’oublions pas l’existence des balles subsoniques, bien moins bruyantes), qui ne font que renforcer le caractère destructeur de la chasse sous couvert d’arguments litigieux. Les risques sont ici bien supérieurs aux bénéfices attendus par une minorité, certes active, mais qui depuis plus de 30 ans s’en passait fort bien. Si les Français craignent la chasse, ce n’est pas en la rendant moins sonore qu’ils seront rassurés !
La Fédération nationale des chasseurs va certainement entraîner la haute juridiction sur un terrain technique, arguant que même équipés de modérateurs de sons à plusieurs centaines d’euros, les tirs seront audibles par les cibles de tout poil. Il serait temps, en effet, de présenter une vraie étude, susceptible de motiver les décisions ministérielles : il existe sur le marché (et cela va s’amplifier) des fusils équipés d’un modérateur de son intégral pouvant réduire le bruit des gaz de combustion à 45 décibels à une distance de cent mètres, l’équivalent d’une brise de vent dans des feuillus. Identifiable, localisable dîtes-vous ?
Cette atteinte aux équilibres environnementaux et aux animaux, conduite pour quelques Rambos suréquipés, nous est insupportable. Nous espérons que la justice administrative entendra cette fois, par notre voix, celle de citoyens en colère. Signez notre pétition visant à réformer la chasse !