Népal : terre de sacrifices
Népal : la culture de ce pays est riche en traditions dont des rites violents exercés à l’encontre des animaux.
La culture népalaise est riche en traditions. Parmi elles, des rites violents perdurent malgré la désapprobation d’une grande partie de la population hindoue urbaine.
Traditions et superstitions cruelles
Gadhimai est la déesse de la puissance. Tous les cinq ans, depuis 300 ans, plus de 2 millions de personnes viennent assister en son nom au sacrifice de milliers d’animaux – 250 000 y ont péri en 2009, dont près de 20 000 buffles décapités à coups de sabre. Grâce à une mobilisation en France et au Népal, fruit d’un partenariat entre One Voice et l’AWNN, leur nombre a chuté à 3256 en 2014 et les autorités du Temple ont annoncé qu’à partir de 2019 Gadhimai ne serait plus célébrée dans le sang. C’est une immense victoire qui offre l’espoir de mettre un terme aux autres traditions cruelles qui perdurent au Népal. Lors de la fête de Khokana par exemple, il n’y a certes qu’une victime, mais le rite est d’une violence extrême. Un chevreau de cinq à six mois est jeté dans un bassin et dépecé vivant par des jeunes hommes, à mains nues et avec leurs dents…
Les superstitions occasionnent également de la souffrance animale. Pour porter chance à son équipe, qui participait au championnat d’Asie du Sud en 2013, la Fédération népalaise de football (ANFA) a sacrifié cinq animaux…
Divertissement à grande échelle
Si Gadhimai ne sera bientôt qu’un mauvais souvenir, tout au long de l’année des rituels similaires ont encore lieu dans les temples et sur certaines places publiques. Ce qui a été réalisé est un travail de fond, car au-delà des décisions prises par les autorités religieuses, il est important de faire évoluer les consciences de ceux qui participent aux sacrifices. Tous les clans, toutes les ethnies sont impliqués, avec parfois la contribution de l’État et de l’armée. Une fois par an, la célébration de Dashain entraîne, à travers le pays, la mort de centaines de milliers de chèvres, bœufs, canards, poulets… dont une partie est tuée par les militaires. Certains rites imposent de boire le sang directement de la jugulaire de l’animal égorgé (danses de Navadurga). Et la barbarie envers les animaux ne s’arrête pas aux seuls rites religieux. Ils sont aussi maltraités pour le divertissement : polo à dos d’éléphant, charmeurs de serpents, montreurs d’ours, etc.
Des conséquences à longue portée
Ces sacrifices en masse font courir des risques importants de pandémie aux populations. Mais plus grave encore est la banalisation de la cruauté qui en est la conséquence. De nombreuses études,
mises en avant dans le Lien, indiquent qu’ils généralisent l’insensibilité face à la souffrance des êtres vivants, notamment chez les enfants, et qu’ils banalisent la violence des humains y compris envers leurs semblables. Les textes sacrés hindous ne prescrivent pas les sacrifices. Pas plus que le bouddhisme qui enseigne la compassion envers les animaux. Seuls les intérêts financiers de ceux qui exploitent les croyances et superstitions ancestrales permettent de perpétuer de telles traditions. Des traditions qui, bien souvent, ruinent les plus nécessiteux. L’absence de lois de protection des animaux au Népal contribue également à la persistance d’une brutalité d’un autre temps dans une société qui, pourtant, vise à devenir plus démocratique, égalitaire et moderne.