Marchés aux

Marchés aux "bestiaux" : l'antichambre de l'enfer

Elevage et alimentation
24.05.2016
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Les enquêteurs de One Voice ont ramené de terribles images des pratiques en vigueur sur les marchés aux « bestiaux ». La brutalité y est de mise et cause beaucoup de souffrances…

Les enquêteurs de One Voice ont ramené de terribles images des pratiques en vigueur sur les marchés aux « bestiaux ». La brutalité y est de mise et cause beaucoup de souffrances…

Les enquêteurs de One Voice ont ramené de terribles images des pratiques en vigueur sur les marchés aux « bestiaux ». La brutalité y est de mise et cause beaucoup de souffrances…

Quelque part en France, un marché aux « bestiaux »…
Des hommes empoignent par la queue et les oreilles le veau qui crie de douleur et le balancent hors du camion. Sous une pluie de coups de pieds, on le traîne et on le charge dans un autre véhicule. Plus loin, un mouton est saisi à la gorge par un homme en colère, qui le jette violemment contre le pont métallique. Ailleurs, un taureau refuse d’embarquer pour son long voyage vers l’Espagne. On le frappe avec une matraque électrique sur la tête, les flancs, l’anus et les testicules. Certains coups sont donnés avec l’extrémité du bâton, provoquant de vives souffrances. Partout, des bêlements, des meuglements, une cacophonie infernale s’élèvent de ces vaches laitières épuisées, de ces moutons, de ces chèvres et de ces veaux offerts à la vente puis embarqués pour leur dernier voyage.

Telles sont les terribles images de violence que les enquêteurs de One Voice ont ramenées de leurs enquêtes sur plusieurs « marchés aux bestiaux » français.

Leur témoignage nous révèle aussi que les moments les plus pénibles pour les animaux n’adviennent pas seulement lors des chargements et déchargements, menés avec brutalité. Le transport est également un cauchemar pour eux, quand on sait qu’il peut durer des jours, depuis la France jusqu’à l’abattoir espagnol ou allemand.

Sur un marché, les enquêteurs ont noté que neuf véhicules sur dix n’étaient pas adaptés au déplacement d’animaux. Des veaux patientaient dans une vieille fourgonnette. Des moutons s’entassaient à l’arrière de véhicules utilitaires de toutes tailles, dépourvus de système de ventilation et de la moindre litière. Certains étaient enfermés dans des remorques, et l’on a même pu décompter neuf moutons dans un break privé ! Le transport du « bétail » est soumis en France à une règlementation stricte, mais aucun compte n’en est tenu.

Des chiffres et des faits
Tous les ans, plus de 2 millions d’animaux sont vendus sur les marchés aux « bestiaux » en France. Ces marchés se tiennent une fois par semaine dans des dizaines de villes et villages. Généralement, le marché ouvre ses portes à minuit pour l’installation des animaux. Des centaines de camions, certains avec remorque ou à double étage, amènent alors les « têtes de bétail » de toutes les exploitations environnantes. Ceux-ci sont amenés dans des box d’attente. Les transactions commencent le lendemain à l’aube. Pour les animaux, c’est là l’ultime étape avant l’abattoir. Pour ceux qui les manipulent, ils sont déjà des morts vivants, dont les blessures à vif resteront sans témoins.

Même si ces marchés marquent un certain essoufflement dû à la crise du lait, la France n’en exporte pas moins chaque année plus d’un million de chevaux, de moutons et de porcs en Italie. Avec environ 60.000 têtes de bovins de boucherie annuellement exportées vers le Liban, la France est devenue le deuxième exportateur européen dans cette région derrière l’Allemagne. L’Espagne est quant à elle le deuxième acheteur de bovins vivants originaires de France, ce qui représente environ 400.000 animaux par an partant pour l’engraissage et la mort, principalement les veaux de 15 jours et les jeunes femelles. Les exportateurs français sont surtout appréciés pour leurs « broutards », ces tout jeunes bovins ou ovins allaités par leur mère au pâturage. Ils sont abattus vers 9 ou 12 mois pour fournir une chair rosée, après avoir eux aussi traversé l’enfer des marchés matinaux. Sur les étals des bouchers, il ne reste nulle trace de leurs souffrances. Pourtant, elle se perpétue, de marché en marché, année après année, sans que quiconque s’en soucie.

Comment réagir ?
Pour mettre fin à cette cruauté et à tant d’autres commises chaque jour sur les animaux, One Voice a mis en place la Cellule Zoé, un outil spécialisé dans la sensibilisation, la prévention et la lutte contre la maltraitance animale, qui agit en collaboration avec les services de police et les administrations concernées.

Mais nous pouvons aussi agir en tant que consommateurs. En renonçant à notre consommation de viande, ainsi qu’à celle des produits laitiers étroitement liée au commerce des veaux, nous pouvons modifier les lois du marché et mettre fin à ces supplices.

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