Les hérissons

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02.07.2017
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Le hérisson (Erinaceus europaeus) n’est pas un intellectuel, mais c’est un animal paisible et très indépendant à l’ouïe fine et à l’odorat très développé.

Le hérisson (Erinaceus europaeus) n’est pas un intellectuel, mais c’est un animal paisible et très indépendant (1). Il est nocturne et ses capacités visuelles sont limitées. Son monde est flou, sans détails ni couleurs. En revanche, son ouïe est fine et quand il lève le museau, le hérisson capte des parfums subtils qui nous échappent tout à fait. Il peut repérer l’odeur d’un ver de terre à trois centimètres sous l’humus et l’odeur de l’humain à dix mètres.

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Les hérissons

Fiche sentience sur les hérissons / le hérisson

De l’apprivoisement du hérisson

Malgré leurs petits hémisphères cérébraux, les hérissons font preuve d’une certaine flexibilité dans leurs comportements individuels. Diverses tentatives ont été menées pour dresser et apprivoiser des hérissons et l’on a pu identifier chez certains individus une capacité à apprendre. Ainsi, les hérissons parvenaient à distinguer des formes symboliques. Dans certains cas, ils pouvaient même répondre à leurs noms lorsqu’ils étaient appelés par leurs soignants. Il existe manifestement des variations entre les hérissons quand il s’agit d’apprendre et d’être apprivoisés, certains y parvenant plus vite que d’autres. Toute une industrie du hérisson élevé en cage existe aux USA, qui produisent également des jouets spécifiques. Malgré plusieurs générations de naissances sous contrôle humain et des croisements sélectionnés pour obtenir les hérissons les plus esthétiques (blanc, pie, chamois, noir, etc.), l’animal socialise peu avec les humains et n’est certainement pas un animal de compagnie.(2)

Le monde social du hérisson

Le hérisson est un grand solitaire, que la présence des autres insupporte. Il ne s’agit pourtant pas pour lui de défendre un territoire, qui chevauche le plus souvent celui de ses congénères, mais d’un besoin de tranquillité propre à cette espèce. Tout est mis en œuvre pour éviter la violence et les rencontres, sauf lors des parades amoureuses avec une femelle, ou lorsque deux hérissons tombent nez à nez par hasard. Cela dit, les hérissons se nourrissent souvent tous ensemble autour d’un bol de nourriture dans le jardin.

Une étude a montré que sur 3460 interactions entre hérissons, dix-sept seulement étaient de type non sexuel. Celles-ci comprenaient uniquement quatre cas de combats physiques (coups de tête, morsures), quatre cas d’interactions avec «reniflement et marche flanc contre flanc» dans lesquels tous les individus étaient des mâles, les échanges étant brefs et sans aucune blessure. Neuf rencontres silencieuses ont été observées, où les individus sont passés à une distance proche l’un de l’autre. Selon les scientifiques, «Ils ont fait une pause, humé l’air un moment et changé de direction».

Chez des hérissons en captivité, on a pu observer un système de hiérarchie se développer autour d’un grand mâle mais cela n’a jamais été observé à l’état sauvage.

Seule la reproduction est l’occasion d’interactions sociales. Les hérissons se livrent à des parades amoureuses ritualisées sur des terrains ouverts, précédées d’affrontements entre les mâles convoitant la même femelle. Le rituel démarre par un face-à-face des deux animaux, qui se reniflent le museau mutuellement tout en urinant. L’accouplement dure plusieurs minutes puis la femelle et le mâle se séparent.(3)

Le petit monde du hérisson

Le hérisson vit dans un tout petit monde, constitué de son territoire de chasse, de son territoire de résidence et de ses nids. Il dispose d’une excellente mémoire géographique qui le guide dans ses déplacements. On connaît le cas d’un hérisson aveugle qui retrouvait sa route dans le jardin : il s’en souvenait dans les moindres détails. Mais, placé devant de nouveaux obstacles, le même hérisson était perdu.

Chaque nuit, sur les cinquante hectares qu’il occupe (la femelle occupant un territoire de dix hectares), le hérisson mâle peut se promener dans un rayon de trois kilomètres sans se presser. Il interrompt fréquemment son parcours pour renifler en l’air. Le hérisson dort beaucoup : 75% de son temps est consacré à la sieste.

La communication

Le hérisson a la curieuse habitude de recouvrir sa peau et ses piquants de salive. Si la signification n’est pas encore très claire, il est possible que cette pratique lui permette de laisser des marques olfactives sur son trajet à l’intention de ses congénères.

Il peut aussi s’enduire de salive écumeuse, peut-être pour décourager un prédateur qui voit une proie malade. La communication acoustique est relativement développée chez le hérisson. On dénombre aujourd’hui 8 types de vocalisations qui semblent être utilisées en complément de la communication chimique.

Parmi ces vocalises, on trouve le clappement de langue, principalement produit lors des déplacements et pendant les activités qui les précèdent. A l’instar de certains insectivores, il semblerait que ces clappements soient utilisés comme système d’écholocation.(4)

L’école du hérisson

Au mois de juin, après quatre semaines de gestation, la hérissonne accouche de deux à sept bébés au fond d’un nid douillet, dans un endroit bien abrité sous un buisson touffu. Les jeunes font leur première sortie à trois semaines, accompagnant leur mère lors de promenades nocturnes et la suivant en file indienne pour apprendre à reconnaître les invertébrés comestibles. Pendant une ou deux semaines, ils retourneront tous les matins au nid pour s’y nourrir du lait maternel, car la mère ne les allaite jamais à l’extérieur. À deux mois, les jeunes sont déjà indépendants et instruits de tout ce qu’il leur faut savoir.

Stratégies de défense

La principale stratégie de défense du hérisson est d’ordre instinctif et réflexe : se rouler en boule. Mais il est à même de moduler volontairement ce mouvement. Il peut aussi manifester d’autres comportements défensifs avant d’y avoir recours. C’est ainsi que dans une première réponse au danger, l’animal se contente de hérisser ses piquants. Il peut aussi choisir la fuite vers un endroit sûr pour échapper à la menace s’il dispose du temps nécessaire. Si le danger survient brusquement, comme une voiture sur une route, le hérisson restera sur place sans bouger, ce qui causera sa perte. 

La contraction du muscle orbiculaire tend la peau du dos autour du corps de l’animal et l’enserre comme dans un sac, repliant vers l’intérieur la tête, les pattes et la queue. Le mouvement peut se produire à très grande vitesse, la flexion de la tête survenant dans les 0,01 secondes. Le hérisson devient alors une boule de piquants compacte. Une seule petite ouverture subsiste au niveau du ventre, mais aucun prédateur n’oserait aller la chercher dans cette forêt de piquants. Pour renforcer encore sa défense, le hérisson contracte les petits muscles présents à l’extrémité inférieure de chacun de ses piquants. Ceux-ci alors se hérissent en tous sens, et l’animal se met à ressembler à une pelote d’échardes. Quand le danger s’éloigne, il se déroule d’un coup et court vers l’abri le plus proche. 

Les hérissons peuvent aussi tenter d’impressionner leur agresseur avec des cris de colère et des sifflements, voire même avec une sorte de crissement fort, « comme un cochon ». Il est rare qu’un hérisson morde pour se défendre, sauf s’il s’agit d’une femelle qui défend ses petits.(3)

RÉFÉRENCES:

1. Cortical Organization in Insectivora: The Parallel Evolution of the Sensory Periphery and the Brain. Catania, K. C.
http://www.karger.com/Article/Abstract/6666

2.
http://hedgehogclub.com/care.html

3.
http://wildpro.twycrosszoo.org/S/0MInsectivor/Erinaceidae/Erinaceus/Erinaceus_europaeus/14WEHBehSocial.htm  
4
. ATTIE, C., 1990. Emissions sonores chez le Hérisson européen, Erinaceus europaeus, et signification comportementale. Mammalia. Volume 54, Issue 1, Pages 3–12

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