L'exemplarité d'Ajaccio et de Bastia pour les animaux des cirques

L'exemplarité d'Ajaccio et de Bastia pour les animaux des cirques

Cirques
24.03.2018
Corse
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Les 19 et 20 mars dernier, nous avons été invités par les militants de « La Corse dit stop aux cirques avec animaux », à rencontrer les mairies de Bastia et Ajaccio, pour discuter de la manière la plus efficace de renforcer les mesures qu’ils ont mises en place pour interdire l’installation de cirques avec animaux sur leur territoire.

Bastia était la première escale de notre voyage de travail en Corse, le jour de la fête de la Saint Joseph, l’une des plus importantes pour la Ville. La mairie était donc fermée pour honorer la procession du saint patron bastiais, et Pierre Savelli, le maire, a malgré tout ménagé un moment pour nous saluer. Son chef de cabinet, Jean-Yves Bonifay, a ouvert la mairie tout spécialement pour notre entrevue.

Nous avons pu lui apporter de nombreux éléments d’ordres juridiques, une expertise sur l’arrêté pris par la ville en 2017.

En effet, le syndicat des cirques des familles attaque systématiquement en justice les décisions des mairies d’interdire les cirques avec animaux, cherchant à exploiter toutes les failles potentielles. Il faut dire que circulent sur internet des modèles qui, malheureusement pour les mairies, sont loin d’être fiables.

Et dans tous les cas, ce que nous avons appris, c’est qu’en Corse aussi, les circassiens n’hésitent pas à enfreindre la loi en s’installant sans autorisation, voire à menacer les militants, y compris avec des armes de poing.

Le dernier en date a obtenu l’autorisation de s’installer, à la condition expresse qu’aucun des animaux ne soient en scène, M. Bonifay ajoute: « Il y aurait des oiseaux et des chats. Etant donné que nous avons aussi interdit les animaux domestiques, nous serons vigilants. » Car l’arrêté du maire de Bastia spécifie que l’interdiction vaut pour les animaux sauvages mais aussi domestiques, et touche non seulement les éléphants et fauves mais aussi les lamas, les chiens…

Pour le maire de Bastia et son chef de cabinet, le débat est fort dans la société, et demande une réponse forte des représentants du peuple.

Le lendemain à Ajaccio, le même accueil chaleureux de Laurent Marcangeli nous est réservé. Le maire de la cité impériale nous reçoit dans son bureau, sous un portrait de Joséphine, l’épouse de Napoléon.

La décision – à l’unanimité – du Conseil municipal, interdisant aux cirques avec animaux de s’installer sur la commune est attaquée par les circassiens, avec le soutien de la préfecture. Au delà de considérations indispensables pour le bien-être des Ajacciens, comme la sécurité du public lors de manifestations, Laurent Marcangeli se révèle extrêmement engagé dans le soutien de la cause animale, et à l’écoute de ses administrés. « Depuis le début dans cette affaire, j’agis en conviction. Je sais que c’est un débat de société fort, très fort aujourd’hui, et légitime, qui agite le débat public, et que beaucoup de communes ont la même position que moi.« 

« Je ne veux pas priver les enfants d’Ajaccio de spectacles! En revanche, je n’ai pas envie d’emmener mes enfants voir certains spectacles, ce n’est pas un environnement naturel, cela n’éduque pas l’enfant à la réalité de ces êtres. »

L’élu a déjà de longues années d’expériences derrière lui, et multiplie les projets en faveur des animaux. S’étant opposé à l’installation d’un aquarium itinérant avec un requin dans sa ville, il envisage la mise en place un refuge pour les chats, pour lutter contre l’errance de manière durable, et soutenir le tissu associatif local en difficulté sur cette thématique. Il prend à bras le corps les problématiques liées aux modes de vie urbains qui engloberaient les animaux. Lors de notre échange, aucun animal n’a été oublié.

Ces deux personnalités politiques corses sont attachées au patrimoine naturel exceptionnel de leur île, et oeuvrent – en précurseurs – à mettre les actions municipales en accord avec leurs convictions pour la défense des animaux, dans l’intérêt général, et à la demande populaire. Une leçon de démocratie pour l’Etat.

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