La création de l'European Link Coalition : un changement de cap majeur pour les recherches sur le Lien

La création de l'European Link Coalition : un changement de cap majeur pour les recherches sur le Lien

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29.01.2019
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Dans certains pays de l'Europe, les animaux domestiques se multiplient dans les rues sans contrôle. Ils sont alors considérés comme des nuisibles. L'étude "Making the Link" vient changer la donne.

Il a été démontré qu’en Europe de l’Ouest et aux États-Unis, les animaux de compagnie sont généralement considérés comme des membres de la famille. Il existe cependant en Europe des pays où les animaux domestiques se multiplient sans contrôle dans les rues, si bien qu’ils ont fini par être considérés comme des nuisibles et traités comme tels.

L’étude « Making the Link » (21), la première jamais menée dans ces pays, explore les Liens entre la maltraitance endémique sur les animaux et la maltraitance sur les humains. L’étude de certains facteurs a révélé que la dégradation du statut de l’animal dans la société a suscité un « transfert de l’agressivité », la maltraitance des animaux étant aussi corrélée à la violence et à la maltraitance envers les personnes et les biens. Une diminution de l’empathie a aussi été observée chez les auteurs de maltraitance. 

L’empathie est la capacité à pénétrer l’univers émotionnel d’autrui. Il a été montré que son absence prédit une réaction insensible face à une exposition à la violence et à la maltraitance. Ceci évoque un Cycle de Maltraitance apprise du fait de l’exposition à la violence et de l’expérience de la violence, exercée et redoublée à l’encontre d’animaux sans abri, au statut dégradé et d’accès facile, et lorsque le problème n’est pas réglé, transmise à la génération suivante.

L’European Link Coalition

Des organisations de divers pays d’Europe se sont maintenant rassemblées pour former l’European Link Coalition (22). Un forum s’est ainsi constitué, au sein duquel chaque pays peut partager des informations sur les derniers développements en matière d’application du Lien, et les autres pays peuvent tirer des leçons de ces expériences. Compte tenu de la riche diversité des cultures en Europe, la possibilité d’une unification des programmes stratégiques en est accrue. 

Les nations se sont rassemblées pour créer la coalition « European Link » et comme une nouvelle prise de conscience se fait jour au sein de la population et des autorités en Europe, la maltraitance des animaux cesse d’être un problème isolé. Elle devient révélatrice d’un malaise plus profond affectant la société, et l’étude de cette association permet de briser les Cycles de Maltraitance ; les abus sur les individus sont davantage révélés et la maltraitance des animaux, par association, devient une chose socialement détestable.

«L’histoire de la Coalition « European Link » est un peu comme un fleuve, elle commence par un ruisseau tranquille, qui devient de plus en plus fort au fur et à mesure du regroupement des pays, jusqu’à devenir un fleuve toujours plus large et puissant. Un océan de changements est dans l’attente…»

Et avant la coalition « European Link » ?

Alors que les initiatives précédentes en Europe, pendant une vingtaine d’années, tournaient autour de l’identification par des vétérinaires d’indicateurs associés à la violence et à la maltraitance humaines, le succès est resté limité dans ce domaine. Les raisons avancées sont la confidentialité et le souci, chez les vétérinaires, de leurs intérêts commerciaux. Comme le suggère Nathalie Norden, de VOOV en Suède :

Square 880fc838«Les vétérinaires et autres personnels des cliniques vétérinaires sont généralement très motivés pour participer, mais ils hésitent encore à agir. Ils ne savent pas très bien quelles blessures il s’agit de détecter, comment intervenir, ni quelles seront les conséquences pour les sujets exposés au risque, humains ou animaux. C’est l’objectif de notre projet : former le personnel des cliniques vétérinaires et mettre en œuvre un plan d’action pour l’ensemble de l’établissement (avant, pendant et après un cas suspect). Il est malheureusement vrai que les vétérinaires sont relativement moins enclins à signaler les cas suspects de maltraitance animale en raison de préoccupations d’ordre financier. Cette situation est très dépendante de la gestion de chaque centre de soins pour animaux et de leur attitude vis-à-vis du signalement de problèmes de bien-être animal ou de maltraitance des animaux en général. »Nathalie Norden

On voit apparaître aujourd’hui un changement de cap : maintenant, les premiers intervenants en cas de maltraitance animale procèdent à des recherches sur les éventuels cas associés de maltraitance sur des personnes humaines. 

Au Royaume-Uni, un accord entre la RSPCA* et la NSPCC* a permis de faire progresser la protection de l’enfance grâce au signalement d’éventuels cas associés. Auparavant, 86 % de ces cas d’enfants maltraités restaient ignorés des autorités. En faisant référence au Lien entre la maltraitance animale et la maltraitance envers les personnes, ces cas d’enfants avaient auparavant été « dissimulés ». Ce processus est actuellement en cours d’amélioration, et des attributions élargies permettent de déceler un éventuel « danger » associé à un cas de maltraitance animale. On peut ainsi espérer qu’un grand nombre de cas d’enfants et d’adultes vulnérables, jusqu’alors ignorés, pourront désormais être signalés et pris en charge.

*RSPCA : Royal Society for the Prevention of Cruety to Animals
*NSPCC : National Society for the Prevention of Cruelty to Children

Sources
21 Journal of Interpersonal Violence.
22 European Link Coalition

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