Les macaques importés d’Afrique et d’Asie au cœur des chiffres 2023 de l’expérimentation animale Les macaques importés d’Afrique et d’Asie au cœur des chiffres 2023 de l’expérimentation animale

Les macaques importés d’Afrique et d’Asie au cœur des chiffres 2023 de l’expérimentation animale

Expérimentation animale
17.04.2025
France
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Les chiffres 2023 de l’expérimentation animale viennent de tomber, et le constat est sombre pour les primates, en particulier les macaques. Alors que les autorités affirment vouloir restreindre leur usage, les données racontent une tout autre histoire : la majorité d’entre eux proviennent de pays hors Union européenne, souvent sans traçabilité. Plus inquiétant encore, le recours à des singes issus de parents capturés dans la nature ne cesse d’augmenter. Derrière les rapports rassurants, une pratique qui s’intensifie. One Voice analyse les chiffres officiels.

Les macaques à longue queue, en danger d’extinction, au centre des expérimentations

En 2023, 3 459 primates non humains ont été utilisés en France dans le cadre d’expérimentations animales. Parmi eux :

  • 3 077 macaques cynomolgus (macaques à longue queue)
  • 275 marmousets
  • 24 macaques rhésus
  • 36 prosimiens
  • 8 singes-écureuils
  • 39 babouins

La capture des singes, notamment des macaques à longue queue, contribue fortement à leur classification « en danger » par l’UICN. Ce sont ces mêmes espèces déjà menacées qui se retrouvent en première ligne dans les laboratoires occidentaux.

L’utilisation persistante des primates de première génération

Selon un rapport de la Commission européenne rendu en 2017, l’utilisation de primates de première génération nés en captivité (dits « F1 », issus de parents capturés dans la nature) devait être interdite à partir de novembre 2022. Pourtant, la pratique perdure… et s’intensifie.

Malgré les beaux discours et les rapports affichant de bonnes intentions, la réalité sur le terrain reste inchangée. L’utilisation de macaques « F1 » continue non seulement d’exister, mais elle augmente chaque année :

  • En 2021, 639 primates « F1 » ont été utilisés
  • En 2022, 946
  • En 2023, 958

Et ce n’est pas tout : parmi les 3 101 macaques (cynomolgus et rhésus) utilisés en 2023, 1 022 n’ont tout simplement aucune origine déclarée. Ce flou sur la traçabilité révèle les failles graves d’un système censé être strictement encadré.

Une dépendance massive aux importations extra-européennes

Seulement 29 macaques utilisés en France en 2023 proviennent d’élevages agréés au sein de l’UE — soit à peine 0,94 % du total. Les autres ?

  • 1 619 viennent d’Afrique (52 %)
  • 431 d’Asie (13 %)
  • Et pour 1 022 individus, aucune information n’est disponible sur leur origine géographique ni sur leur génération (captifs ou sauvages)

Un tiers des primates utilisés sont donc entourés d’un véritable brouillard administratif, en totale contradiction avec les promesses de transparence. Notre enquête menée à Maurice a déjà mis en évidence les zones d’ombre de ce commerce international.

Un centre national de primatologie: la mauvaise réponse

Face à cette dépendance, le CNRS envisage la création d’un centre national de primatologie pour produire « la moitié des singes nécessaires aux laboratoires français ». Mais ce projet suscite de vives inquiétudes.

Plutôt que de multiplier les élevages, ne faudrait-il pas faire respecter la réglementation existante, renforcer la traçabilité et surtout investir dans des alternatives éthiques et européennes déjà disponibles ? Ce projet semble faire fi des enjeux scientifiques, éthiques et légaux que soulève l’importation massive de primates. Nous organisons à ce titre un rassemblement unitaire avec nos partenaires le 26 avril prochain à Rousset dans les Bouches-du-Rhône.

Exigeons la fin de l’expérimentation sur les macaques !

Signez la pétition contre l’agrandissement du laboratoire de Rousset et exigez un moratoire immédiat sur l’utilisation des macaques dans les laboratoires.

Pour en savoir plus sur le sort des primates dans l’expérimentation, consultez notre rapport détaillé.

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