Les chiens de chasse souffrent aussi !
Les chiens de chasse sont aussi des victimes. Nous avons enquêté sur un site en Dordogne où certains vivent l’enfer au quotidien. One Voice porte plainte.
Non, les chiens de chasse ne sont pas toujours heureux ! Contrairement aux idées reçues, nombre d’entre eux ne reçoivent aucune considération et ne se défoulent les pattes que très rarement. Certains vivent même dans des conditions infernales. Retour d’enquête en Dordogne sur des cas de maltraitances avérés.
Quand on parle des dégâts de la chasse, on oublie souvent la cause des chiens. On les imagine heureux, satisfaisant leur instinct de prédation et leur besoin de se dépenser pour lesquels ils ont été sélectionnés. Mais pour certains, ces moments sont rares et leur quotidien n’a rien à voir avec l’imagerie d’Epinal. Il ressemble plutôt à un calvaire.
Un site sous surveillance depuis 2011
Depuis 2011, nos enquêteurs surveillent notamment de près un site très suspect en Dordogne. A l’époque, ils y avaient découvert des chiens vivants dans ce qui pourrait s’apparenter à un terrain vague, extrêmement ombragé, où différents matériaux et objets étaient entreposés… dont des tonneaux et carcasses de voitures faisant office de niches ! Ainsi, le propriétaire détenait ses animaux non à son domicile, mais dans son terrain de chasse, en pleine forêt, à l’abri des regards, sans aucune adresse précise. Nulle trace de nourriture à l’horizon, juste des gamelles d’eau croupie. Hormis quelques chiens évoluant dans en enclos, la plupart d’entre eux étaient attachés quasiment en permanence avec des chaînes autour du cou ! Le métal déteignait même sur leurs poils en raison du frottement permanent. Certains disposaient de niches en bois sommaires, mais dont on pouvait douter de l’étanchéité. En cas de pluie, seul un bâtiment bétonné était susceptible de servir d’abri digne de ce nom. Problème : il n’était conçu pour accueillir que deux chiens à la fois ! Pour les autres, qu’il neige ou qu’il vente, aucun refuge, aucune litière sèche… Juste la terre battue et boueuse ! Leurs conditions de séquestration étaient tellement insalubres que certains présentaient des pathologies inquiétantes. Face à ces constats alarmants, nous nous étions empressés d’effectuer un signalement auprès de la Direction départementale de la protection des populations de Dordogne. Les autorités s’étaient engagées à agir rapidement elles-mêmes.
Rien n’a changé !
Comment fermer les yeux sur ces cas de maltraitance animale évidents ?! Aussi rustiques soient les chiens de chasse, ils ont besoin, comme les autres, au minimum d’un toit, d’attentions et de mouvements ! Or, lors de notre dernière visite du site en septembre de cette année, les malheureux animaux enduraient toujours le même calvaire. Seule différence notable : leur effectif a grandement diminué. Aujourd’hui, ils ne sont plus qu’une vingtaine. Où sont donc passés les autres ? Nous espérons que ce ne sont pas les maladies qui les ont emportés ! Certes, ceux que nous avons vus semblaient cette fois dans un état physique « acceptable ». En revanche, leur détresse morale est toujours aussi flagrante. Repliés sur eux-mêmes, complètement délaissés, ils ont perdu l’habitude du contact avec les humains. A notre approche, certains le recherchaient encore, désespérément, comme un ultime appel à l’aide. Mais d’autres, définitivement apeurés, préféraient s’écarter. Nos enquêteurs ont même observé une pauvre femelle, les tétines très pendantes laissant supposer une portée récente. Les chiots ? Disparus. Nous supposons donc qu’elle est utilisée à des fins de reproduction. Mais quid de la déclaration d’activité d’élevage, en ce cas ?
Nous portons plainte
Toutes les voix méritent d’être entendues. Y compris celles des chiens de chasse, délaissés et remisés au « placard » – similaire ici à une déchetterie – entre deux sorties ! La relation des chasseurs aux animaux est parfois tellement pervertie qu’ils considèrent leurs coéquipiers à 4 pattes uniquement d’un point de vue utilitaire. Et encore… Car de certains objets, les fusils par exemple, ils prennent souvent plus de soins… C’en est trop ! Nous déposons plainte.